OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|DIRECTOIRE DES OBLATES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|DIRECTOIRE DES OBLATES
  • TROISIEME PARTIE: DES MOYENS DE SANCTIFICATION
    CHAPITRE XIV.
    DES RAPPORTS AVEC LE PROCHAIN.
  • Directoire des Oblates de l'Assomption, religieuses missionnaires. Paris, 1936, p. 93-95.
  • CY 59 (= chapitre XIII); CY 61 (= chapitre XIII).
Informations détaillées
  • 1 BAVARDAGES
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 FAMILLE
    1 PARLOIR
    1 SALUT DES AMES
    1 SUPERIEUR
  • 1867
La lettre

Ma vie ne doit pas se passer derrière une grille, et, puisque je suis appelée à avoir certaines relations, le quatrième voeu (1) m’oblige à les sanctifier autant qu’il dépend de moi. Quel est le saint qui a aimé Notre- Seigneur et qui n’a pas souhaité ardemment de lui attirer des âmes, soit par la prière, soit par l’austérité, soit par la parole? Le retentissement de ma parole est restreint sans doute; mais si dans les visites que je reçois je parlais un peu plus des matières qui ont trait au salut, que de dangers je conjurerais, que de conversations inutiles j’écarterais, que de temps perdu j’éviterais! Sans doute je puis parler d’autre chose que de piété, mais j’oublie peut-être trop que si la piété n’est pas l’âme de la conversation d’une religieuse, les personnes du monde en sont d’abord étonnées, puis satisfaites, car une conversation mondaine tenue dans un parloir justifie leurs conversations habituelles. Elles en tirent une sorte d’avantage, dont le résultat n’est certes pas l’estime de celle qui a autorisé par son langage un langage qui finit souvent par n’être rien moins que chrétien.

Au contraire, si dans mes rapports avec le prochain je n’ai en vue que le bien des âmes, le triomphe de Notre-Seigneur, combien de choses bonnes, utiles, je dirai sans en avoir l’air? Que de bons sentiments je communiquerai par ma seule tenue! Que de jugements peu charitables j’arrêterai rien que par mon silence!

Sans doute, je puis ne pas avoir le don de bien parler de Dieu, mais je puis avoir la vertu de me taire, et si je puis espérer que mon action sera utile, pourquoi le zèle dont je dois brûler pour Notre-Seigneur, pour son Eglise, ne me suggérerait-il pas le moyen d’édifier ceux que je suis obligée de voir?

C’est surtout aux membres de ma famille que je puis faire du bien, et puisqu’ils viennent me chercher, ne puis-je pas profiter de ma position pour leur parler, avec affection sans doute, mais aussi avec force, de leur salut? Dans tous les cas, je dois me bien persuader que leur tendresse les rend très exigeants sur ma vertu, et que les moindres imperfections qu’ils découvrent en moi sont pour eux une sorte de triomphe qui les dédommage de la peine qu’ils ont pu avoir de me laisser entrer en religion.

Les parloirs ne m’ont-ils pas souvent amolli le coeur par la longueur de certaines visites, par certains entretiens prolongés et inutiles à la fois? Ne m’y suis-je pas livrée à la curiosité, et mes questions n’ont-elles pas excédé les bornes de la discrétion religieuse? Le bien que je puis faire, le mal que je puis commettre dans ces relations avec le dehors me prouvent la nécessité de la prudence, et combien il importe qu’en ceci l’obéissance me guide par la bouche des Supérieurs. L’expérience montre tous les jours que pour vouloir trop bien faire on fait souvent très mal, et telle est la raison pour laquelle, tant que mes Supérieurs ne m’auront pas assurée que je puis aller de moi-même, je dois me faire guider et pour cela m’ouvrir à eux avec la plus entière franchise dans tous mes rapports avec le prochain, ainsi que du reste la Règle me le prescrit.

Notes et post-scriptum
1. Voir la note de la page 27.