OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.

Informations générales
  • ES-0754
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.
  • D'UN PLAN D'ETUDES
  • Ecrits Spirituels, p. 754-758.
  • CR 8; TD, 43, P. 250-253.
Informations détaillées
  • 1 ANCIEN TESTAMENT
    1 ETUDE DE L'EGLISE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 PROGRAMME SCOLAIRE
    1 THEOLOGIE
  • 9 octobre 1833
La lettre

Le plan d’études que je me propose est fondé, ce me semble, sur la nature même de l’esprit humain et limité selon les bornes de mon esprit en particulier. Il faudrait être un génie universel pour embrasser dans un plan d’études l’ensemble des connaissances dont l’homme est susceptible. Je sais ce que je puis. C’est pour cela que je m’arrête au terme que je ne saurais franchir.

Obligé de faire de la religion mon étude spéciale, c’est à l’approfondir que je dois mettre tous mes efforts. Les autres sciences ne doivent être par moi considérées que comme des auxiliaires, auxquels j’aurais recours selon qu’elles me seront plus ou moins utiles pour pénétrer les mystères de la théologie. Je ne prétends pas, non plus, entrer dans tous les détails de la science ecclésiastique: ils sont infinis. Vouloir les pénétrer serait folie. Je veux choisir ceux qui se rapportent le plus aux besoins du moment, et partant de cette idée que l’on a surtout aujourd’hui besoin de prouver les fondements de la foi, en même temps qu’il faut faire comprendre aux intelligences fatiguées de se conduire elles-mêmes, qu’une fois soumis à l’autorité de Dieu, leur esprit reprend sa force et son repos et se sent comme pénétré par une vie nouvelle.

L’avantage que je trouve à un plan d’études, c’est de pouvoir considérer toutes choses dans un vaste ensemble, rapporter tout à un même but et expliquer les problèmes par d’autres problèmes résolus déjà.

L’ordre que je me propose de suivre est tout historique. Il y a une raison à cela, c’est que partant de la foi et voulant connaître ce qu’elle impose, l’ordre historique me présente les développements successifs que Dieu lui- même, auteur de la foi, a donnés aux croyances, en même temps que je pourrai suivre les égarements de la raison humaine.

Dieu parle au commencement, et sa parole crée toute chose. Voilà le résumé du premier chapitre de la Genèse. A ce chapitre se rapportent les connaissances sur la géologie. Il est essentiel de démontrer que non seulement la géologie ne contredit pas la Genèse, mais qu’elle en confirme le récit. Depuis la création jusqu’au déluge s’écoule une période que la Bible seule peut nous faire connaître. C’est donc dans les Livres Saints qu’il faut uniquement l’étudier.

Les iniquités se répandent sur la terre. Dieu, pour punir les hommes, les submerge et ne se réserve qu’une seule famille pour repeupler le monde. Cette famille se divise en trois grandes branches. De la branche aînée sort un peuple, à qui Dieu confie le dépôt des traditions et dont il veut régler la société. Ce peuple est toujours sous la main de Dieu qui lui fait promettre par ses prophètes une régénération. Ce peuple conserve toujours la vérité dans son sein, mais il est entouré de nations qui, peu à peu, perdent les traditions primitives, enveloppant ce qu’elles en conservent sous des allégories plus ou moins grossières. Parmi ces nations s’élèvent des hommes qui, dévorés du désir de connaître la vérité et ne la découvrant pas sous le voile épais des mythes, interrogent leur raison, espérant qu’elle leur répondra. Mais la raison, impuissante à les guider, les fait tomber dans mille et mille erreurs.

Le tableau des croyances sans cesse affaiblies chez les peuples païens et des convulsions philosophiques des penseurs d’alors forme un contraste frappant avec le spectacle du peuple juif, toujours heureux quand il sert Dieu, toujours écrasé par ses ennemis quand il l’abandonne.

Telle doit être, pour ainsi dire, l’introduction aux grands combats que le christianisme va nous présenter. Jésus-Christ naît et fonde sa religion sur les croyances antiques plus développées, en même temps qu’il donne aux hommes, par l’établissement de son Eglise, le moyen de connaître la vérité, moyen connu auparavant mais qui ne se présentait pourtant pas avec des caractères aussi précis.

Ici deux grandes divisions se présentent. Le christianisme peut être considéré soit dans ses dogmes, soit dans son gouvernement. Par ses dogmes, il présente un système de vérités le plus vaste et le plus complet; par son gouvernement, il forme une société éternelle, dont Dieu est le roi et qui ne peut pas plus périr que celui qui la gouverne.

Considéré dans ses dogmes, le christianisme offre le spectacle de la lutte, sans cesse renouvelée, de l’erreur et de la vérité. Rien de plus beau que de voir les ennemis de la vérité s’unir pour l’étouffer, et, d’un autre côté, les chrétiens opposer sans cesse les armes de l’autorité aux novateurs et les terrasser toujours. L’étude de cette guerre continuelle montre comment la vérité sort toujours victorieuse et plus éclatante de ses luttes, comment les efforts des ténèbres pour tout envahir amènent une plus grande effusion de lumière. Les hérésies qui ont paru jusqu’au XVIe siècle doivent occuper, selon leur importance; mais arrivés à l’époque de la Réforme, il est nécessaire d’apporter une application plus grande, parce que nous touchons à une époque dont l’influence est immédiate sur notre temps. Il faut montrer comment Luther, en proclamant le dogme de la révolte contre le Pape, a proclamé le dogme de la souveraineté de la raison, et comment à l’aide de cette erreur les philosophes du XVIIIe siècle ont fait les ruines dont nous sommes entourés. L’étude des siècles précédents doit puissamment servir à expliquer le nôtre et même à découvrir ce qui se prépare dans l’avenir, autant que les besoins de la religion peuvent l’exiger.

Sous le point de vue social, l’Eglise, dans ses rapports avec les rois et les peuples, présente encore le plus haut intérêt. Les questions de la souveraineté, de la liberté, du droit de défense viennent prendre place. Etudiées dans les temps passés, ces questions trouvent une question-solution plus facile, lorsqu’il faut les résoudre selon notre position présente.

La marche que je propose a les plus grands avantages, car on y voit toutes les questions traitées selon l’ordre naturel: d’abord, Dieu manifestant sa puissance par la création, sa sagesse par la formation de l’homme et les préceptes qu’il lui donne, sa justice par le châtiment qu’il lui inflige, son amour par la réparation; l’homme sortant pur des mains de son auteur, souillé par la faute originelle, relevé par la promesse d’un rédempteur; la formation de la famille sous la loi naturelle, plus tard sous la loi écrite; la formation de la société juive, et, à côté, celle des autres sociétés.

Jésus-Christ, annoncé par les prophètes, paraît, et la grâce est donnée par lui. La question de la grâce se trouve ici placée naturellement. L’Esprit Saint envoyé aux apôtres enseigne toute la vérité, et la connaissance du Père, du Fils et de l’Esprit, nous conduit à méditer sur les profondeurs du mystère de la Trinité.

La lutte contre les païens entraîne la nécessité de prouver la divinité de la mission de Jésus-Christ, en même temps que les premières hérésies fournissent l’occasion d’établir le pouvoir de l’Eglise, pouvoir qui se précise de plus en plus, selon que les circonstances l’exigent. A partir de cette époque, les hérésies amènent naturellement diverses questions à examiner. L’étude des écrits des Pères qui leur ont répondu est le moyen le plus sûr de connaître la vérité dans ses développements. L’étude des divers systèmes de philosophie, qui s’élèvent à côté du christianisme, formera un cortège intéressant à la vérité.

Notes et post-scriptum