OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.

Informations générales
  • ES-0939
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.
  • LES CINQ PLAIES
  • Ecrits Spirituels, p. 939-942.
  • CT 92; TD 47, P. 365-368.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 JUIFS
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 SACRIFICE DE LA CROIX
    1 SAUVEUR
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    2 PAUL, SAINT
La lettre

Le Seigneur a mis en son Fils les iniquités de nous tous, et c’est pour cela qu’il le torture dans tout son être. O vos omnes qui transitis. Sa tête a été couronnée d’épines, son corps meurtri par la flagellation. Maintenant ce sont les clous qui percent ses pieds et ses mains, et l’âme unie au corps lui donne sa puissance très parfaite de souffrir. Et comme il n’y a pas d’âme plus parfaite que celle du Sauveur, il n’y en a pas qui puisse communiquer au corps une plus grande capacité de souffrance.

I. Expiation

Le voilà suspendu à la croix. Ses pieds sont un signe de vie; ils se portent partout où l’action a besoin de la présence du corps. Mais maintenant ils sont douloureusement immobiles. Où le péché ne vous a-t-il pas porté? A quels spectacles, à quelles réunions, vers quelles démarches? Vos pieds, serviteurs de votre volonté, ont péché et c’est pourquoi Jésus souffre dans les siens: foderunt manus meas et pedes meos.

Les mains aussi ont été des instruments de péché. La gourmandise, la vanité, le désir de plaire se servaient des mains. Celles de Jésus sont percées à cause de vous: foderunt manus meas et pedes meos.

Mais dans cette suspension horrible, le corps entier du Sauveur expie: Dinumeraverunt omnia ossa mea. Il expie, ce corps sacré, toutes les souillures de la chair. C’est ainsi que, les pieds percés, attaché à la croix, il est par excellence l’homme des douleurs et fouillant dans toutes nos infirmités pour les guérir. Voilà son expiation. Placé entre le ciel et la terre, il expie pour tous les pécheurs, et pour nous en particulier. Quels sont ceux de nos péchés les plus habituels qu’il expie d’une façon plus spéciale? A vous de le lui demander. Car quel péché n’est pas expié par ces plaies sacrées qui répandent le sang à flots?

Considérez cette victime, si cruellement enchaînée à l’autel, où elle doit satisfaire pour les péchés des hommes et voyez comment, vous aussi, vous devez en quelque sorte vous attacher à la croix et dire avec l’apôtre: Christo confixus sum cruci.

II. Preuve d’amour

En voilà, certes, le gage le plus étonnant. Qu’a dû faire Jésus-Christ de plus qu’il n’ait pas fait? Mourir? Il est mort. Mais avec quel cortège de tortures! Comme les supplices ont précédé, comme ils se poursuivent jusqu’au dernier soupir! Je ne veux pas convoquer ici les grands pécheurs, c’est inutile; je veux m’adresser à ce que je suppose le plus saint dans le peuple de Dieu. En dehors du péché originel, pourriez-vous bien affirmer que dans votre passé il n’y a jamais eu de faute mortelle? Voilà l’amour du père de l’enfant prodigue. Vous étiez mort, il vous reçoit à la vie; mais pour cela il meurt pour vous. Votre haine, manifestée par le péché mortel, semble un nouvel aiguillon à son amour. Où avez-vous péché? Dans votre intelligence? On vous a montré sa tête meurtrie par la couronne d’épines. Dans vos sens? Voyez ses pieds, ses mains percées, et le sang qui en coule s’unir, pour vous laver, à celui de la flagellation.

Quel amour et comment ne pas nous écrier: Sic nos amantem quis non redamaret, et prouver notre amour en acceptant la souffrance comme il lui plaît de l’envoyer!

III. Enseignement à l’imitation

Chacun sera puni par où il aura péché; c’est bien ce que le Sauveur nous enseigne. Il expie le détail de toutes nos fautes, mais il veut que nous marchions sur ses traces. Quand commencerons-nous à prendre un à un nos péchés, pour offrir à chacun une expiation spéciale? Ah! quelle science de la pénitence n’acquerrions-nous pas, si nous cherchions à nous commander pour apporter à chacun de nos péchés l’expiation qui lui est propre? Quel renversement d’une vie coupable!

Ce sont de petites choses, des fautes légères, dites-vous. Fort bien, faites des pénitences légères. Peut-être si vous suppléez au peu d’expiations que vous offrez par une contrition d’autant plus grande, se trouvera-t-il que vous éprouverez le sentiment d’offrir davantage, à mesure que la gravité de vos péchés vous apparaîtra plus clairement. Mais dans cette invitation de Jésus vous offrant ses plaies il y a le sentiment de celui qui est l’innocence même et qui souffre pour les autres. Quand votre esprit sera-t-il assez chrétien pour accepter de souffrir pour les pécheurs, et de participer à ce côté si fécond des plaies du divin Maître?

IV. Moyen d’union

A Rome, les basiliques majeures ont cinq portes, qui dans leur symbolisme représentent les cinq plaies du Sauveur. C’est par elles que l’on pénètre à l’intérieur du sanctuaire, qu’on arrive jusqu’aux confessions ou aux autels, en un mot qu’on va solliciter les grâces, que Dieu dispense plus abondamment en certains lieux plus favorisés. Oh! lorsque le Sauveur voulut d’une manière figurative apprendre aux Juifs qu’il mourrait et ressusciterait, il leur dit: « Détruisez ce temple, et dans trois jours je le réédifierai, » et l’évangéliste observe qu’il parlait du temple de son corps.

Quel temple plus admirable, en effet, que celui où la divinité habite corporellement dans sa plénitude, selon l’expression de saint Paul? Eh bien, les cinq plaies de la croix sont les portes mystérieuses, par lesquelles nous sommes invités à pénétrer dans ce temple divin, un moment détruit par les Juifs, mais en moins de trois jours glorieusement rétabli. Oui, la divinité y habite. Oui, derrière les voiles, les murs de ce corps, nous pouvons trouver Dieu. C’est là que l’union se fait, quand les plaies divines ont versé assez de sang pour purifier nos âmes, et que sur cette union, ici-bas union douloureuse mais là-haut union pleine de gloire, Jésus ressuscité veut conserver la marque de ses plaies. C’est sa gloire, ce sont les portes divines toujours ouvertes.

Allons aux plaies du Sauveur; que les clous de la croix percent nos pieds et nos mains; que notre côté ouvert permette à notre coeur de s’élancer dans celui du divin Maître, et l’union se consommera dans l’amour souffrant sur la terre et dans l’amour triomphant au ciel.

Notes et post-scriptum