- ES-0942
- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.
- RESURRECTION
- Ecrits Spirituels, p. 942-946.
- CT 93; TD 47, P. 369-372.
- 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
1 AUGUSTIN
1 DIEU LE PERE
1 EUCHARISTIE
1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
1 JESUS-CHRIST
1 MORT DE JESUS-CHRIST
1 PREDICATION
1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
1 SAUVEUR
1 THOMAS D'AQUIN
1 TRINITE
2 BOURDALOUE, LOUIS
2 JEAN, SAINT
2 PAUL, SAINT
Surrexit, non est hic.
Voilà, dit Bourdaloue, ce que l’on peut graver sur le tombeau de Jésus-Christ, la seule inscription qui convienne au tombeau d’un homme ressuscité. Car le tombeau de Jésus-Christ est le seul que la foi nous montre n’ayant rien à rendre au dernier jour. Examinons pourquoi ce prodige de la résurrection.
1° De la part de l’adorable Trinité la résurrection était due, à cause des humiliations par lesquelles il lui avait rendu gloire et réparation.
2° De la part de Jésus-Christ, la résurrection est la base de la prédication évangélique et de notre foi.
3° De notre part, c’est, avec le principe de la foi reçue, le gage de notre réconciliation, de notre espérance et de notre gloire.
La résurrection due à Jésus-Christ par la Trinité. Quand je me sers de cette expression, il faut établir, avec saint Thomas et saint Augustin, que sans doute Dieu eût pu sauver les hommes du péché par un autre moyen que la mort du Sauveur; mais du moment que Dieu a établi ce moyen, il est nécessaire que certaines conséquences s’ensuivent. Or, Jésus-Christ était innocent. La mort ne lui était pas due. Il était Dieu et homme; la divinité communiquait personnellement à son corps l’incorruptibilité. Cependant il a voulu mourir pour satisfaire à la justice divine, et pour lui rendre une gloire qu’aucune autre créature ne pouvait rendre, parce qu’aucune autre créature n’était personnellement comme lui unie à un Dieu.
Mais Dieu, qui est abondant en richesses, souffrira-t-il qu’une créature lui donne plus qu’il n’en aura reçu? Ceci ne se peut admettre… Jésus-Christ a donné sa vie à son Père, le Père rendra à son corps une vie mille fois plus sainte et plus belle. Que cette vie, Jésus-Christ l’ait eue dès le commencement de son incarnation, ce n’est pas ce dont je veux m’occuper; il l’a eue, manifestée, après sa mort, et c’est ce qu’il fallait surtout pour la consolation des chrétiens rachetés par sa mort. Or, si Jésus-Christ a offert à son Père une humiliation si grande, de si profondes souffrances, une gloire, la seule digne de la Trinité, puisqu’elle était offerte par un Dieu; voyez quelle puissance, quel bonheur, quelle gloire ne devait pas recevoir Jésus- Christ et comment, à cause de cela même, il devait ressusciter. Nonne oportuit haec Christum pati, et ita intrare in gloriam suam?
La résurrection, base de la prédication apostolique.
Saint Jean a soin de nous dire que la grâce et la vérité ont été faites, c’est-à-dire communiquées par Jésus-Christ: la grâce, nous venons de le voir, dans le pardon accordé aux hommes par la mort de Jésus-Christ; quant à la vérité, il est moral, logique, que celui qui exige la foi en donne des preuves, dit saint Ambroise. Jésus-Christ, l’auteur et le consommateur de notre foi, devait donner la preuve de la vérité de son enseignement. Cette preuve, c’est la résurrection. Si Jésus-Christ n’est pas ressuscité d’entre les morts, notre prédication est vaine, et notre foi est vaine aussi. Dans ce cas, mangeons et buvons, car nous mourons demain. Plus de morale, plus de loi évangélique, plus de prédication autorisée, plus de foi exigible. Mais si Jésus-Christ est ressuscité, il prouve: 1° qu’il est Dieu, puisqu’il se ressuscite par sa propre vertu; 2° qu’il est tout ce qu’il annonce, et que tout ce qu’il prêche ou fait prêcher par ses envoyés est la vérité. Par conséquent, nous devons le croire et belle est la base de notre foi. Il était nécessaire que Jésus-Christ mourût, afin de ressusciter et de prouver par là qu’il était le vrai prédicateur. Ego autem constitutus sum a Deo super Sion, montem sanctum ejus, praedicans praeceptum ejus.
De notre part, c’est la base de la foi reçue, le gage de notre réconciliation, de notre espérance, de notre gloire.
Je viens de le dire, Jésus a par sa résurrection apporté la foi aux hommes; il en est l’auteur, mais aussi le consommateur. En effet, que d’hommes entendent la parole de Dieu et ne la veulent pas comprendre! Jésus est l’auteur de la foi. Mais on ne reçoit ni lui ni la vérité qu’il apporte: pour combien d’hommes la foi n’est-elle pas lettre close? Mais pour ceux qui la veulent recevoir, de quelles richesses n’est-elle pas la source? Seulement, avec le don de Dieu, il faut la volonté de le recevoir.
Mais Jésus-Christ a disposé ainsi les choses que la résurrection est un fait, et que si la résurrection est niée, il n’est plus possible d’admettre un fait comme certain dans le passé de l’histoire. Ce n’est pas le lieu de démontrer cette proposition, mais elle est indubitable, de façon que, depuis dix-neuf siècles, l’Eglise a le droit de dire: Ou croyez à la résurrection, ou doutez de tout ce qui est raconté du passé des peuples.
C’est le gage de notre réconciliation. On offrait des victimes, même humaines; mais qu’étaient-elles qu’une grande impuissance, puisqu’il fallait les détruire et les renouveler. Jésus expire, mais pour montrer que son sacrifice est surabondant, il ne reste dans le tombeau que le temps nécessaire pour constater sa mort. Il meurt pour nos péchés, il ressuscite pour notre justification. La preuve que son oeuvre de pardon est couronnée de succès, c’est qu’il reprend la vie.
Gage de notre espérance. En effet, il nous invite à prendre part à sa résurrection. Si consurrexistis cum Christo, quae sursum sunt, quaerite, ubi Christus est in dextera Dei sedens; quae sursum sunt, sapite, non quae super terram. De là, le mépris de ce qui passe, le désir de ce qui est éternel. Monde nouveau, aspirations nouvelles. Nous ne sommes pas encore dans le ciel, nous ne sommes plus de la terre.
Gage de gloire. C’est le travail de Dieu. Je disais, il y a quelques jours, que ce travail s’opère ici-bas, surtout par l’Eucharistie, mais le résultat du travail en lui-même, qu’est-ce que c’est? Le travail, c’est l’effort perpétuel de la grâce qui nous transforme. Ecoutez l’Apôtre: Aeternum gloriae pondus operatur in nobis. Voilà cette gloire immense, que nous sommes incapables de porter. Comme un immense roc roulant des montagnes s’enfonce peu à peu dans une terre détrempée par la pluie, de même le principe de la gloire en nous. Voilà le travail. Le résultat, c’est que nous commençons à nous unir à la gloire de Dieu. La réalisation complète ne peut avoir lieu ici-bas, mais cela commence: Aeternum gloriae pondus. Nous sommes dans le commencement: Initium aliquod creaturae ejus.
Laissons-le faire, ce divin Sauveur, et il nous donnera la grâce et la gloire: Gratiam et gloriam dabit Dominus.