OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.

Informations générales
  • ES-0989
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.
  • IMMACULEE CONCEPTION
  • Ecrits Spirituels, p. 989-1001
  • CT 32; TD 47, P. 180-191.
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 COEUR DE MARIE
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 ENNEMIS DE DIEU
    1 HUMILITE DE LA SAINTE VIERGE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 IMMACULEE CONCEPTION
    1 JESUS-CHRIST
    1 JUIFS
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 MENSONGE
    1 MERE DE DIEU
    1 MEURTRE
    1 PASSIONS MAUVAISES
    1 PECHE
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PURETE DE MARIE
    1 RACE DE SATAN
    1 REINE DES APOTRES
    1 REVOLTE
    1 SATAN
    1 SAUVEUR
    2 ADAM
    2 CAIN
    2 EVE
    2 MOISE
    2 VOLTAIRE
  • Aux Collégiens de Nîmes
  • 1877
  • Nîmes
La lettre

Inimicitias ponam te et mulierrem, et semen tuum et semen illius: ipsa conteret caput tuum, et tu insidiaberis calcaneo ejus.

Etonnante sentence qui se réalise tous les jours. Le démon sous la forme du serpent vient tenter la première femme. Elle succombe et entraîne dans sa chute le père du genre humain. Et la postérité d’Adam est condamnée à la malédiction de ses oeuvres, au travail, à la mort. La femme aussi reçoit son châtiment. Satan déjà châtié reçoit un accroissement de tortures. Mais Dieu, dans le châtiment même, veut déposer un germe d’espérance, et voici ce qu’il dit: Inimicitias ponam inter te et mulierem, et semen tuum et semen illius; ipsa conteret caput tuum, et tu insidiaberis calcaneo ejus. Etudions les personnages qui ouvrent la lutte, les caractères des deux races, les résultats définitifs de cette guerre qui doit se prolonger à travers les siècles.

1. Satan et sa race

La première figure que je contemple, c’est le serpent. Satan a pris la forme de cet horrible animal. L’ange, le séraphin, Lucifer s’est abaissé à se couvrir du masque d’une bête. Le voilà cet ange déchu; que fait-il? Depuis qu’il a poussé le cri de révolte contre Dieu, de quoi est-il capable que de continuer sa rebellion? Et de même qu’il y a entraîné une partie des anges, de même il veut y entraîner l’espèce humaine. Celui qui a pu avoir un pareil avantage dans le ciel, pourquoi ne l’aurait-il pas sur la terre? C’est un orgueilleux et toutefois il est rampant. Le Seigneur l’oblige à cette vile condition, Super pectus tuum gradieris. O dégradation de la nature angélique! Doué des plus admirables qualités, elles ne lui servent plus que pour souffrir davantage et pour accomplir le mal avec plus d’étendue. Il ira donc cet astre tombé, ce Lucifer qui se levait le matin avec tant de splendeur et qui a entraîné dans sa chute la troisième partie du ciel; il ira et il rampera: Super pectus tuum gradieris. O situation humiliante! L’enfer ne lui a pas suffi; il en est sorti, il lui a fallu la terre, il cherche à en dévorer les habitants. Et le voilà cet ange, il mangera la terre tous les jours de sa vie: Terram comedes cunctis diebus vitae tuae. Qu’est-ce que manger la terre pour un ange? Ce ne sera pas assez, il est une fois de plus maudit. Il avait été maudit entre tous les anges. Il y avait encore de quoi être fier; même dans son orgueil il pouvait se vanter d’être ce qu’il y avait de plus grand, à cause de la grandeur même de sa chute. Cette consolation ne lui sera pas laissée. Il sera maudit parmi tous les animaux de la terre. Est-ce le serpent, est-ce Satan? La malédiction est sur le serpent, parce que le démon en a fait l’instrument de son piège. Mais qui peut douter que l’esprit de ténèbres ne reçoive ici un nouveau supplice. Il cherchera les choses viles et basses; il ira à tout mal; il le persuadera à tous; Maledictus inter omnia animantia terrae. Quelle destinée! Super pectus tuum gradieris. Selon saint Augustin, ceci est dit pour la confusion de l’orgueil. Le démon s’est révolté; il portera partout les traces de son orgueil. Et déjà c’est une preuve du mépris que Dieu en fait, il ne l’interroge pas. Sa condamnation est déjà portée depuis sa première chute; seulement sans être interrogé, le voilà atteint d’une nouvelle malédiction: Super pectus tuum gradieris. En effet, il n’a absolument aucune excuse. Condamné déjà, il le sera de nouveau à chaque crime, auquel il aura entraîné les hommes. Rien ne pourra l’empêcher de mal faire; mais après la manière dont il a aimé la condamnation du genre humain, il ira et sa souffrance s’accroîtra de celle de tous ceux qu’il aura fait tomber par ses séductions; car, dit saint Augustin, un de ses supplices est d’avoir eu en sa puissance ceux qui méprisent les préceptes divins, poena enim ejus est, ut in potestate habeat eos qui Dei praecepta contemnunt. Et pourquoi? Parce qu’ils doivent être châtiés et que leur châtiment se répercute sur celui qui en est la cause par ses séductions. Multipliez par chaque damné le supplice des démons qui les ont séduits; multipliez par chaque victime le supplice de ceux qui ont renouvelé sur leurs compagnons les séductions de Satan; allez et, si vous le pouvez, d’après la mesure de la justice de Dieu, rendez-vous compte du supplice qui attend au fond de l’enfer ces malheureux qui se font les pourvoyeurs de Satan et les séducteurs de leurs frères. Satan est désormais, sous la forme du serpent, l’ennemi de l’homme; mais quel est son but? Ne vous le dissimulez pas, la diminution de la gloire de Dieu, l’homicide de sa créature.

La diminution de la gloire de Dieu, sa révolte le prouve suffisamment. Il détestait, par envie, Dieu dans la majesté du ciel; que sera-ce quand sa haine sera accrue de sa souffrance? Que ses tortures inexprimables doivent le pousser aux blasphèmes! Et que ses blasphèmes incessants doivent amener des tortures nouvelles! Mais c’est là son désespoir. Il veut ôter à Dieu sa gloire, et par son supplice même, le voilà réduit à confesser la justice divine et le pouvoir infini de ce Dieu, désormais son ennemi ou plutôt son juge éternel. Que sortira-t-il de cet état? Le voici: les projets les plus épouvantables de l’ange à jamais révolté. Et comme il ne peut les réaliser contre Dieu, autant qu’il dépendra de lui, il les réalisera contre ses créatures. Et c’est ainsi que dès le commencement de la création, il poursuivra le genre humain de sa rage et vérifiera la parole du Sauveur, quand il disait: Ille homicida erat ab initio. C’est par excellence le grand tueur d’hommes. Voyez, en effet, ces longues générations d’hommes courbées sous son joug. Par qui la mort est-elle entrée dans le monde? Par le péché. Et qui a donc été le grand instigateur du péché, sinon Satan? Voilà le grand meurtrier de la race d’Adam Ille homicida erat ab initio.

Mais ce n’est pas seulement un ange, fut-il le chef des anges, qui combattra la femme et sa race; c’est encore la race du serpent. Qu’est-ce donc que cette race? On peut dire que c’est d’abord la race des anges rebelles tombés avec Satan, ceux dont il est dit aux damnés qu’étant maudits, ils iront dans le feu éternel, qui a été préparé à Satan et à ses anges: Ite, maledicti, in ignem aeternum, qui paratus est diabolo et angelis ejus. Mais je veux parler d’une autre race et je veux, comme je l’ai dit, en étudier les caractères.

1° Race de révoltés comme Satan. Où ne sont-ils pas révoltés contre Dieu? Ils courrent, selon l’expression de l’Ecriture, après leurs désirs: désirs d’ambition, désirs de richesses, désirs d’impureté, désirs de révolte. Qu’en retireront-ils? Ce qu’en a retiré Satan, le châtiment. N’importe! ils se révolteront, ils diront à Dieu: Retirez-vous de nous; qui dixerunt Deo: Recede a nobis, et scientiam viarum tuarum nolumus. Non, ils ne veulent pas obéir; ils se flattent d’être en révolte perpétuelle. Et n’est-ce pas ce qui se voit partout? Quel est le mal du monde, sinon la révolte contre Dieu et le règne de l’homme? La philosophie, la politique, les moeurs, tout s’y est mis, et tous ont dit à Dieu: « Va-t-en, nous ne voulons connaître ni tes voies ni tes lois; » qui dixerunt Deo; recede a nobis, et scientiam viarum tuarum nolumus.

D’où Dieu n’a-t-il pas été chassé sous le paganisme? D’où Dieu n’est-il pas chassé depuis trois cents ans surtout? D’abord on conserva les formes extérieures, mais depuis? Où est le respect social de Dieu? Vous êtes trop jeunes pour le voir. Eh bien, où est-il dans certaines familles? Où est-il chez plusieurs de vos camarades? On juge tout, on blâme tout, surtout les dogmes de la foi, surtout l’enseignement de l’Eglise, et de petits incrédules en herbe poussent leurs camarades à l’incrédulité. Eux aussi ne veulent ni de Dieu ni de ses commandements: Qui dixerunt Deo; recede a nobis, et scientiam viarum tuarum nolumus. Est-ce assez monstrueux? Il ne le paraît pas; car, malgré les mesures les plus sévères, ils poursuivent mêlant la corruption à l’impiété et s’efforçant ainsi d’être les meurtriers de l’innocence des corps, comme ils ont été les meurtriers de la pureté des âmes, et l’on peut leur appliquer cette parole de Notre-Seigneur aux Juifs: « Vous êtes bien les enfants du diable, votre père: vos ex patre diabolo estis. » Ah! s’il y en a parmi vous, ils n’ont plus qu’une chose à faire, effacer le sceau imprimé sur leur front par le baptême et mettre à la place le signe de Satan, puisqu’ils sont de sa race, vos ex patre diabolo estis.

Et cela s’est passé avec une certaine perversité depuis Caïn jusqu’aux enfants des hommes, ces géants qui furent engloutis par le déluge; cela se passa avec une certaine ignorance de corruption depuis le paganisme jusqu’à Moïse, depuis les prophètes jusqu’à Jésus-Christ. Et depuis Jésus-Christ, dans le monde chrétien, cela se voit encore chez les hérétiques et dans certains Etats. C’était toujours Satan et sa race, vos ex patre diabolo estis.

2° Mais de plus, comme son père, la race de Satan est une race assassine. Elle veut des cadavres, elle aime l’odeur du sang; et comme certains oiseaux funèbres viennent pousser leurs cris lugubres, attirés par l’odeur des cadavres, de même la race de Satan cherche les âmes mortes et se repaît de leur puanteur: laetantur in rebus pessimis, et exultant cum invenerint sepulcrum… Et pour obtenir des cadavres d’âmes, à quoi ne se portent-ils pas? Quelles machinations tortueuses comme les anneaux du serpent tentateur? Eux aussi, ils tentent par leurs provocations, leurs regards, leurs conversations, leurs scandales. Tantôt la conspiration contre les âmes baptisées est organisée en grand, tantôt ils attaquent une à une leurs victimes. Pourvu qu’ils en aient beaucoup, ils y mettront du temps; l’odeur de mort excite leur appétit. Ils ont leur propagande infernale et sont prêts à tout. Ne leur dites pas que c’est mal; c’est précisément le mal qu’ils veulent faire: du mal et beaucoup de mal, voilà leur joie. Faire le mal à l’autorité sociale dont ils ne veulent pas, du mal à l’autorité de la famille dont ils brisent les liens sacrés; faire du mal surtout à l’autorité religieuse, parce que derrière elle, c’est Dieu lui-même qu’ils espèrent frapper. Tout leur sert pour cette sacrilège conspiration, où se réunissent les efforts de l’enfer et de la terre des révoltés. Ah! si pour comble d’homicide ils pouvaient donner la mort à Dieu, comme un jour sur le Calvaire ils la donnèrent à son Fils incarné! Si, ne pouvant atteindre Dieu, ils pouvaient l’atteindre dans son culte de façon qu’on n’eût plus à s’en occuper! Ne pouvant le faire disparaître, si l’on pouvait refuser d’entrer en rapport avec lui! N’y a-t-il pas trois mille ans que le prophète, répétant le langage de ces hommes, disait: Quiescere faciamus dies festos Dei a terra, et non memoretur nomen ejus amplius. Nous agirons comme si Dieu n’était pas. Voyez si la civilisation moderne n’a pas assez supprimé de fêtes, n’a pas poussé, malgré des lois sans cesse blessées, à la violation du dimanche: Quiescere faciamus dies festos Dei a terra et non memoretur nomen ejus amplius. Où est Dieu dans les codes modernes? Le droit de Dieu est aboli. La science dit que Dieu est une hypothèse inutile pour expliquer les phénomènes de la terre, et non memoretur nomen ejus amplius.

Le serpent, après avoir chassé nos premiers parents du paradis de délices, semble sur le point de chasser Dieu de la terre. Tous les efforts de la race sont là. A la vérité, ils se sont servi de l’arme par excellence, car à tant d’autres caractères Satan en ajoute u~ troisième.

Et in veritate non stetit, dit de lui le Sauveur des hommes. Il commença par un mensonge, quand il dit: « Je monterai au ciel et je serai semblable au Très-Haut; In coelum conscendam, et similis ero Altissimo. Il poursuivit par un mensonge, quand il trompa nos premiers parents, quand il leur dit: « Vous serez comme des dieux, et eritis sicut dii. » Et depuis c’est toujours le mensonge. Et quant à sa race, on la reconnaît à ce cachet, le mensonge. Elle ment. Voltaire a dit à ses disciples: « Mentez, mentez, il en reste toujours quelque chose. » Et depuis le mensonge est à l’ordre du jour parmi les ennemis de Dieu: mensonge impudent, mensonge hypocrite, mensonge de l’idolâtre, mensonge des politiques, mensonge des diplomates, mensonge des ambitieux, mensonge des savants, mensonge des philosophes, mensonge des débauchés, mensonge des hypocrites. Toujours le mensonge. Pas plus que son père, la race de Satan ne peut rester dans la vérité; les pieds lui brûlent dans la voie de la franchise et de la loyauté. On dit d’elle ce que l’on dit de son père, le père du mensonge, In veritate non stetit.

Ainsi se poursuit ce triple caractère de l’horrible postérité du serpent parmi les hommes: la révolte, le meurtre, le mensonge. J’abrège et que de choses à dire encore de cette race sacrilège, satanique! Mais j’ai à vous montrer la grande ennemie de Satan et les combats de sa race.

2. L’Immaculée et sa race

Inimicitias ponam inter te et mulierem, avait dit Dieu à Satan. Quelle est cette femme? Est-ce Eve? Sans doute, mais Eve est la grande vaincue entraînant dans sa défaite le père des hommes. Eve peut avoir une profonde inimitié pour Satan, son vainqueur et le bourreau de ses fils et de ses filles. Quant à la lutte, fruit de ces inimitiés, je la cherche et ne la trouve pas. Satan donna un coup terrible à Eve dans le paradis terrestre, et il lui en porta un second plus terrible à son coeur maternel, quand Caïn ayant mis à mort Abel, Adam et Eve rencontrèrent sur leurs pas le premier homme tué qui était leur fils. Le démon semblait ne pas avoir voulu que la première victime périt de la mort naturelle, à laquelle Dieu nous avait condamnés. Il fallait qu’il y eut du sang, le sang du juste, mais qui se contentait de crier vengeance du fond de la terre qui l’avait bu, sans avoir aucune efficace. Il fallait une autre femme, un autre fils mis à mort, un autre sang répandu; il fallait la très pure Marie.

1° Et voyez l’admirable plan providentiel. La femme a été la première attaquée; une femme sera par une grâce incomparable la première préservée de toute souillure; elle sera l’unique élevée à ce privilège d’une beauté immaculée. Tota pulchra es, amica mea, et macula non est in te, « Vous êtes toute belle, ô ma bien aimée, s’écrie le céleste époux des vierges, et en vous on ne saurait trouver une tache. » Destruction absolue du péché, point de souillure, point d’ombre en Marie; tout est beauté, perfection, lumière. Et c’est dans cette beauté qu’elle s’avancera comme son Fils, specie tua et pulchritudine tua, intende, prospere procede, et regna. Ce sera la reine par excellence, ce sera la reine des vierges, adducentur regi virgines post eam. Et cette beauté, c’est son humilité: son humilité qui chasse l’orgueil, principe de toute souillure: quia respexit humilitatem ancillae suae; ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes. Satan a trouvé d’atroces et éternelles douleurs pour fruit et châtiment de son orgueil; Marie trouve dans son humilité des joies éternelles et ineffables, que dès ici-bas toutes les générations proclameront en la bénissant et en l’invoquant: Quia respexit…

L’humilité et la pureté sont deux soeurs qui marchent d’un pas égal. Quelquefois, après la chute, l’humilité marche seule dans l’humiliation; mais la pureté sans l’humilité prépare, comme on l’a dit, des démons dans des corps mortels, et cette pureté ne dure pas longtemps. Elle sera pure et humble; elle sera très obéissante: Ecce ancilla Domini. Satan avait cru indigne d’un ange de servir Dieu; Marie, la Reine des anges, n’aspirera qu’à le servir. Mère de Celui qui se fera obéissant jusqu’à la mort, elle veut l’introduire dans ses chastes entrailles par un acte suprême d’obéissance: Ecce ancilla Domini; fiat mihi secundum verbum tuum.

2° Satan ne rêve que la mort des hommes, ne pouvant tuer Dieu. Marie sera la véritable mère de la vie. Jésus est la résurrection et la vie, Marie en est la mère. Et Marie par l’acte d’amour le plus incomparable donnera son fils pour la vie du genre humain, sauvé dans la mort de son Fils. Quel merveilleux contraste! Satan apporte la haine au monde, Marie apporte l’amour et l’amour le plus efficace. Ah! oui, je comprends l’inimitié de la femme par excellence contre Satan. Que peut la haine de l’ennemi du genre humain contre un amour si grand? N’est-elle pas la mère du plus beau de tous les amours, puisque non seulement elle l’a, mais elle le communique; Ego Mater pulchrae dilectionis, et qu’elle ramène dans le coeur de ses enfants, l’espérance: Et timoris, et agnitionis, et sanctae spei. La voilà, la véritable mère, avec un amour comme parmi les créatures une mère seule est capable de l’avoir pour ses enfants. Marie aime Dieu, elle aime son Fils, elle aime tous les hommes. Elle craint pour eux, elle aime à les reconnaître et à se faire connaître d’eux et à leur rendre l’espérance du ciel: Ego mater. Oui, elle est bien mère et elle aime bien, vraie et divine mère, et son amour sauverait tous les hommes, s’ils consentaient à être sauvés.

3° Marie, mère du Verbe éternel, de la Vérité infinie qui s’est fait homme, Marie aime la Vérité comme son Fils et comme son Dieu venant prendre son séjour dans ses chastes entrailles. Marie aime la Vérité comme aucune créature ne peut l’aimer, et c’est en quoi elle poursuit le père du mensonge, et telle est la raison profonde de ces paroles que lui adresse l’Eglise: Gaude, Maria Virgo, cunctas hoereses sola interemisti in universo mundo. Telle est la cause de l’amour des apôtres de la vérité pour elle. L’Eglise l’appelle la Reine des apôtres. Elle les instruisait dans le Cénacle, les encourageait dans leurs travaux; elle soutient les missionnaires: Regina apostolorum. Où est la source de la sagesse et de toutes les vérités, dont la Sagesse donne l’amour et l’intelligence? Dans ce trône divin qui est le coeur de Marie: Sedes sapientiae. Cherchez un amour plus grand que celui de Marie pour son fils, et son fils est la Vérité; Ego sum Veritas, a-t-il dit de lui-même; faites-vous, si vous le pouvez, une idée de l’amour de Marie pour la Vérité qui est son Fils Jésus.

Que dirai-je maintenant de la lutte entre la race du serpent et la race de la femme? La voyez-vous cette femme, reine des anges, des patriarches, des prophètes, des apôtres, des martyrs, des confesseurs, des vierges; cette reine dont la postérité se compose de tous les saints. Qui racontera l’obéissance des saints, leur charité, leur pureté: o quam pulchra est casta generatio cum claritate! Ramassez, si vous le pouvez, l’idée de toutes les perfections humaines agrandies par le secours de Dieu; cherchez toute invention de développement moral; après Jésus et Marie, vous trouverez tout ce que vous pourrez exiger de plus admirable dans quelque membre de la race de Marie; elle l’a touché de son regard, de son souffle, de sa bénédiction, de son amour. Je ne me sens pas le courage de raconter les merveilles de cette belle, pure et glorieuse race, o quam pulchra est casta generatio cum claritate! Le monde ne la comprend pas, mais Marie l’encourage, et elle marche appuyée sur Marie, sa mère, et elle va dans l’obéissance, l’amour et la vérité, poursuivant son oeuvre ici-bas, condamnation vivante de la race du serpent; et c’est pourquoi Satan la poursuit d’une haine si profonde. C’est pourquoi il la détruirait par la révolte, le meurtre, le mensonge, par tous les moyens dignes de l’enfer. Mais il n’en viendra pas à bout; le pied de la femme est là pour lui écraser la tête, et, malgré toutes ses embûches, il faut que le serpent ait la tête brisée: Ipsa conteret caput tuum.

3. Conclusions pratiques

Mes enfants, quand je vous considère avec l’affection que la sainte Vierge m’a donnée pour vous, je me demande avec angoisse: « Sont-ils bien tous les vrais fils de la femme, mère de Dieu? Par elle sont-ils dignes d’être les frères de Jésus? Comblés de grâces incomparables qui n’ont pas été accordées à d’autres, donnent-ils tous les résultats qu’on est en droit d’attendre de la race de Marie? N’ont-ils pas, eux aussi, cet esprit d’indépendance et de révolte qui a précipité les anges rebelles du ciel? N’ont-ils pas cet esprit d’orgueil curieux, qui, dans le désir de savoir le bien mais surtout le mal, a chassé nos premiers parents du paradis terrestre? Ne disent-ils pas, comme le roi des enfers: je n’obéirai pas, non serviam? Aucun n’a-t-il encore donné la mort à ses frères par des mauvais exemples, des mauvaises conversations, par la provocation au mal? N’y en a-t-il point à qui Dieu dise comme à Caïn, le premier de la race maudite: La voix du sang de ton frère crie vers moi de la terre; non le sang de son corps, mais le sang de son âme tuée par le péché mortel? N’en est-il point parmi vous qui avec des mensonges, des erreurs, des blasphèmes, n’ait entraîné la perte de la foi dans quelque jeune intelligence? Quelques-uns parmi vous mériteraient-ils qu’on leur dise, comme Jésus-Christ aux Juifs: « Vos ex patre diabolo estis*, vous avez le diable pour père, et vous vous complaisez dans les mensonges, pour fuir la vérité qui vous condamne? » Quel terrible avenir ne vous prépareriez-vous pas? Et comprenez avec quel soin jaloux nous écartons tous les camarades empestés, les camarades en qui nous sommes condamnés à voir la race du serpent, pour conserver pure la race de cette femme, pleine de toutes les grâces et pour elle et pour ses enfants, et qui, Mère de Dieu, est la Mère des hommes pour les donner à Dieu. Ah! soyez, vous aussi, humbles dans l’obéissance, pénétrés d’une active charité; francs et loyaux, portez dans toutes vos paroles, dans vos actes, dans votre simple regard la sincérité, fille de la vérité! Que vos âmes soient pures et que vos corps le soient aussi! Alors vous pourrez vous disposer au grand combat. Fils de Marie, hommes de sa race, vous pourrez combattre

la race du serpent. Qui sait si Dieu ne permet pas que sur ces bancs, à côté de vous, viennent s’asseoir quelques membres de cette race maudite, afin d’exercer vos courages et vous apprendre dans ces premiers essais des armes spirituelles la manière dont on triomphe des ennemis de Dieu, des esclaves de l’enfer. Vous serez, toutes les fois que vous le voudrez, les plus forts. Pour cela il faut embrasser fortement la cause si belle de Marie.

Priez-la aujourd’hui pour l’Eglise, pour le Pape, son chef, pour la France exposée à tant de dangers. Viendra le jour où les embûches du serpent seront dispersées, confondues; où le talon de Marie en écrasant sa tête, le précipitera dans l’abîme. Ah! soyez du côté de cette Mère divine et triomphez avec elle sur le terrain du combat dans la gloire de Dieu.

Aux collégiens de Nîmes, 1877.

Notes et post-scriptum