OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.

Informations générales
  • ES-1009
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.
  • COMPASSION
  • Ecrits Spirituels, p. 1009-1013.
  • CT 103; TD 47, P. 387-390.
Informations détaillées
  • 1 COEUR DE MARIE
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE DE LA SAINTE VIERGE
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 MERE DE DIEU
    1 PERFECTIONS DE MARIE
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
    2 JEAN, SAINT
  • 31 mars 1871
La lettre

Stabat juxta crucem Jesu Maria mater ejus.

Jésus est suspendu à l’arbre de la croix, tous les Apôtres, un seul excepté, ont pris la fuite. Jean est resté fidèle et silencieux, l’amitié de Jésus l’a retenu de son charme divin. Que de sujets de contemplation! Arrêtons-nous un instant à l’amour de Marie et, étudions-en les principaux caractères.

1° La compassion; 2° son respect; 3° son courage; 4° son obéissance.

Que ne souffre-t-elle pas en voyant Jésus réduit à un pareil état! C’est une mère, tout ce qu’il y a de plus aimant dans la nature. Cette mère est condamnée par amour à voir expirer son fils. Elle veut rester là jusqu’à ce que son dernier soupir ait été rendu. Elle ne voudrait pas être arrachée à un pareil spectacle et ce spectacle est son supplice. Où souffrirait-elle plus, en s’éloignant ou en restant; tout est une douleur à ce coeur de Mère. C’est une Mère, la plus parfaite des créatures, parce qu’elle est de toutes la plus délicate dans ses impressions. Nul ici-bas n’est capable comme Marie de jouir de son titre de Mère, nul plus capable de souffrir; ce sont de ces circonstances douloureuses où la perfection même devient un accroissement à la douleur. personne n’a subi les angoisses de Jésus, personne n’a eu ses tristesses, ses brisements; son corps lui-même, temple de son âme, y a participé. Or, voilà la femme bénie entre toutes les femmes condamnée à trouver un supplice plus affreux dans son privilège plus grand. Marie est une mère, la plus sainte des mères, mais au pied de la croix le fruit admirable qui est suspendu est le plus beau des enfants des hommes, l’Homme-Dieu. Seule de toutes les créatures, Marie voit son Dieu dans son fils et il ne lui est non seulement permis, mais il lui est ordonné d’aimer son fils comme son Dieu. Voilà à quoi elle s’était exercée avec le coeur de mère le plus grand, le coeur de Vierge le plus pur, dès le premier instant de l’Annonciation. Quels accroissements avait pris cet amour dans les dispositions de cette nature exquise, et dans les habitudes de la maternité, et sous l’action d’un Dieu ayant pris cette créature pour l’aimer plus que tout autre être sorti des mains créatrices! Amour de mère, amour de la plus parfaite des mères, amour de la mère d’un Dieu, amour de mère multiplié par toutes les grâces qu’un Dieu est capable de verser dans le coeur de celle qu’il a prise pour sa mère: tel était le coeur de Marie, et tel était son bourreau au moment de la mort de Jésus. plus Marie était parfaite, plus elle souffrait; plus l’objet divin de son amour était ineffable, plus il faisait souffrir Marie.

Sur le Calvaire je me représente le coeur de Jésus et le coeur de Marie comme deux foyers qui se renvoient la souffrance, comme dans la science on place en face deux foyers qui se renvoient la lumière. La douleur partant du coeur de l’un pour aller au coeur de l’autre prenait par l’effet de l’amour d’inexprimables proportions. J’adore Jésus augmentant silencieusement ses douleurs de toutes celles qu’il fait endurer à sa mère; j’admire Marie acceptant ces douleurs qui viennent s’ajouter aux siennes, puisqu’elle songe qu’elle est un surcroît de souffrance pour Jésus, et acceptant d’être la créature par qui Jésus souffre le plus parce qu’elle est la plus aimée. Je me perds et dans les profondeurs de ces souffrances et dans les abîmes de ces amours. Mais après tout pourquoi, ô Jésus, ô Marie, c’est pour moi que vous souffrez ainsi? Quand donc à mon tour au pied de la croix, à côté de Marie, apprendrai-je à souffrir toujours plus en m’exerçant à aimer davantage?

Quels opprobres n’accepte pas Marie sur la montagne du Calvaire! N’y eut-il que les clameurs des pharisiens contre Jésus, c’en serait bien assez; les soldats s’y mêlent, la populace continue ses hurlements, et elle, la voilà, mère du supplicié auprès de l’instrument du supplice. Le reste des parents et des connaissances se tenaient loin. Noti a longe stabant. C’était un groupe de prudents et de trembleurs. O Marie, votre courage maternel ne connaît point ces alarmes; plus votre fils est insulté, plus vous tenez à le reconnaître pour votre Dieu, et vos souffrances pour moi s’expliquent par la grande mission que vous accomplissez en ce moment. Vous adorez et vous êtes là! De ces deux sentiments se forme le culte d’honneur, de louange, de respect que vous lui rendez; c’est ce caractère de respect que revêt votre silence, mais la foi en m’apprenant que nulle créature n’a aimé et adoré comme vous, m’apprend par quel culte de respect vous dédommagez Jésus de tous les opprobres dont il est couvert. O Marie, apprenez-moi à lui offrir un culte semblable, afin de réparer mes irrévérences passées et de pouvoir aussi le dédommager de celles que d’autres lui font subir.

Noti autem respiciebant a longe. Ses connaissances regardaient de loin; que se passe-t-il donc? La plus aimante, la plus respectueuse des créatures est ici la plus courageuse. Elle ne craint pas d’aller à Jésus, malgré tout ce qui eut pu l’en détourner; cette tribulation ne lui est qu’un aiguillon de plus. O Marie, en face de ce courage maternel, je veux me poser cette question: N’ai-je jamais rougi de Jésus? Je veux que vous soyez le témoin de mes résolutions de courage au service de votre fils. Votre pose au pied de la croix sera mon modèle; vous ne vous livrez pas aux transports d’une douleur qui serait, après tout, bien naturelle. Vous êtes debout et silencieuse, votre douleur n’en est que plus grande à mesure qu’elle est plus concentrée; mais si votre fils vous l’a faite plus profonde, il vous l’a faite aussi plus généreuse. O Marie, que dans mes épreuves je montre votre courage et votre générosité.

Jésus est son Dieu et son fils. Comme fils il doit pourvoir à sa Mère, et dans le testament de Jésus je vois la preuve de sa tendresse pour le disciple bien-aimé, il lui confie sa mère! O Jésus, apprenez-moi à prendre les intérêts de Marie. O Marie, apprenez-moi à obéir comme vous à Jésus, disposant d’un mot du reste de votre vie. Jésus a dit à Jean: Ecce Mater tua, et dès ce jour, Jean reçoit Marie dans sa maison. Mais Jésus dit à Marie: Voilà votre fils, et l’Eglise entière regarde Jean comme le représentant de l’humanité. O hommes! Voilà votre mère! Vous me donnez la mort, et après m’être livré pour vous je vous offre le coeur le plus aimant, le coeur de ma Mère, et, Marie obéit, et son obéissance va accepter pour enfants les vrais bourreaux de son fils; car les soldats romains n’ont été que des instruments. Les vrais bourreaux, ce sont les pécheurs. O Marie, dans un immense effort d’amour obéissant, vous nous acceptez; avec une tendresse maternelle, vous nous adoptez; qu’à partir de ce jour mon coeur accepte pour frères tous ceux que Jésus voudra, et que mon obéissance à vaincre ce qui me répugnerait prenne pour modèle votre obéissance à Jésus, qui adopta ceux qui lui ont donné la mort.

Notes et post-scriptum