OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.

Informations générales
  • ES-1047
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.
  • INSTRUCTION POUR LA FETE DE LA TOUSSAINT
  • Ecrits Spirituels, p. 1047-1051.
  • CT 45; TD 47, P. 261-265.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 CREATEUR
    1 DIEU LE PERE
    1 DOCTEURS DE L'EGLISE
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 GRACES
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 LECTURE DE LA VIE DES SAINTS
    1 MARTYRS
    1 PERFECTION
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 REVELATION
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SAINTS
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 TOUSSAINT
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VERBE INCARNE
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VIERGES CONSACREES
    1 VOIE UNITIVE
    2 BOURDALOUE, LOUIS
    2 PAUL, SAINT
  • Collégiens de Nîmes
  • 1 novembre 1878
La lettre

Ut sit Deus omnia in omnibus.

Telle est la récompense des saints: Dieu est toutes choses en eux, selon tous leurs désirs et, après quelques jours de combat, ils sont appelés à l’éternelle récompense. Etudions leur bonheur et cherchons à nous rendre compte de la manière dont l’éternelle Trinité est toutes choses en tous les saints: ut sit Deus omnia in omnibus. Le Père verse en eux un être plus parfait; le Fils leur communique les rayons de sa lumière infinie; le Saint-Esprit les comble par les transports de son amour et les unit à la divinité d’un lien inexprimable: ut sit Deus omnia in omnibus.

I. Le Père communique aux saints une perfection incomparable d’être

Au Père est plus particulièrement attribuée la création, et dans l’Apocalypse, tandis que le Fils nous est montré sous la figure de l’agneau, le Père est plus particulièrement représenté sur son trône, entouré de millions d’anges et de saints; et celui qui était assis sur le trône dit: Voilà que je rends nouvelles toutes choses, et dixit qui sedebat in throno: ecce nova facio omnia. Ce renouvellement de toutes choses ne s’applique pas aux anges; il s’applique aux élus qui sont renouvelés, et comment? Ecoutez saint Paul: seminatur corpus animale, surget corpus spiritale. Ce corps devait être incorruptible, le péché, l’avait condamné à la corruption, mais par la grâce de Dieu il a été le corps d’un saint: seminatur in corruptione, surget in incorruptione; seminatur in ignobilitate, surget in gloria. Et comment cela? Parce que celui qui était sur le trône a dit: Voilà que je renouvelle toutes choses, et dixit: ecce nova facio omnia.

Mais si cela a lieu pour le corps, que ne dirons-nous pas pour l’âme? L’âme, elle, était tombée par le péché au degré le plus bas d’infirmité, de faiblesse, d’ignominie. Seminatur in infirmitate, surget in virtute. Quelle puissance? Celle de l’être perfectionné. Ne sentez-vous pas en vous une différence entre les jours de santé et les jours de maladie? Il en est de même pour l’âme: elle a ses jours de langueur et ses jours d’énergie. Mais au ciel cette âme recevra de Dieu une puissance d’être toute nouvelle, une puissance de vie divine; ses facultés seront agrandies, perfectionnées, divinisées. Qui aura fait ce prodige? Le Créateur de toutes choses qui pour ses élus fait une nouvelle création et renouvelle toutes choses en eux. Ecce nova facio omnia, lui qui est toutes choses en tous.

Mais rappelez-vous toutefois que ce prodige est pour les élus seuls. S’il y a les saints, à qui sont réservées ces magnificences de la libéralité divine, il y a les réprouvés à qui sont réservés de merveilleux tourments, selon l’expression des saints livres. Regardez en haut pour contempler le bonheur des élus, mais regardez en bas pour vous faire une idée des supplices des damnés, et faites votre choix.

II. Le Verbe donne aux élus sa lumière

Le Verbe qui était au commencement, par qui tout a été fait, éternel comme le Père, était la lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. Or, cette lumière ici-bas se communique selon la faiblesse de nos yeux. Elle se communique en nous par la foi. Cette lumière s’accroît sans cesse, comme après la nuit les premiers rayons de l’aurore. Mais le soleil ne se lèvera jamais pleinement ici-bas pour les yeux de notre âme. Nous n’avons sur la terre qu’un commencement de gloire, inchoatio quaedam gloriae; il faut savoir nous en contenter. C’est la parole de Dieu mise à notre portée par la révélation et l’enseignement de l’Eglise. Mais dans la patrie ce sera tout autre chose.

Celui qui est Dieu, procédant de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, celui-là est aussi pour les saints la lumière qui les éblouit. Dieu le Père leur a accordé des yeux plus parfaits pour voir, et ils voient, ils contemplent cette lumière de vérité plus abondante. Car, pour l’âme, la lumière c’est la vérité comprise. Le Verbe, la parole éternelle, se présente à eux, et, dans la lumière éternelle, ils voient la lumière qui leur convient. Signasti super nos lumen vultus tui, Domine, dedisti laetitiam in corde meo. Et que voient-ils? Ils voient le bonheur des saints et ils admirent la société à laquelle ils sont élevés, ils admirent les ornements dont leur âme est comme investie, ils admirent surtout la gloire de Dieu et tout ce que cette gloire leur apporte d’ivresse, et de transports, et de recueillement. Ah! ils en sont rassasiés: Satiabor, cum apparuerit gloria tua.

Voir Dieu, contempler Dieu, telle est la joie des élus. Nous trouvons admirables un tableau, une statue, une figure, un horizon. Qu’est-ce que tout cela en comparaison de Dieu, de son essence, de ses attributs, sa puissance, sa justice, sa bonté? Et nous le verrons comme il est: Videbimus eum sicuti est. Plus de nuages, plus d’énigmes, plus d’obscurités. Nous le verrons dans sa lumière même: Videbimus eum sicuti est. O vérité éternelle, la joie de vous contempler fera l’éternelle félicité de vos saints. Mais nous ne vous contemplerons pas de loin, vous serez en nous: ut sit Deus omnia in omnibus. Comment cela? Ecoutez encore.

III. Le Saint-Esprit nous communique la perfection de l’amour

Que faites-vous, quand vous embrassez votre mère? Vous voudriez tant, vous, l’aimer, ne faire qu’un avec elle; mais cela est impossible, vos corps mêmes s’y opposent. Mais Dieu est un pur esprit, et vous pouvez vous attacher à lui par votre âme et ne faire qu’un esprit avec lui: Qui adhaeret Domino, unus spiritus est. Cela se commence déjà ici-bas par la grâce de Notre-Seigneur, mais la plénitude de cette union ne peut avoir complètement lieu que dans la patrie, dans le ciel. Là, notre être sera renouvelé, fortifié, agrandi par le Père tout puissant. Là, les rayons du soleil de vérité nous illumineront de leurs splendeurs divines. L’agneau devenu notre lumière, nous serons rendus plus capables d’agir, de connaître, d’aimer; nous verrons mieux la beauté de Dieu, nous voudrons nous élancer vers elle d’un effort plus suprême. Or, cette union par l’amour, nous en serions incapables. Mais ce qui déjà se réalise ici-bas par l’amour de Dieu, qui nous est apporté par le Saint-Esprit, se réalisera bien plus parfaitement encore, quand Dieu sera tout en tous: ut sit Deus omnia in omnibus. Ah! disent les saints: mon Dieu, que vous êtes admirable! Et qui dira ce que votre lumière nous montre de vos perfections! Mais comment aller jusques à vous?

Déjà quelque chose du mystère se réalise ici-bas lorsque, étant incapables d’aimer, Dieu nous communique son amour par le Saint-Esprit qui nous est donné: Charitas Dei diffusa est in cordibus nostris per Spiritum Sanctum qui datus est nobis. Mais là-haut, il n’y a plus de barrières que celle de la distinction entre le Créateur et la créature. Dieu vient en nous; il y est en nous, être agrandi, lumière inondant notre oeil, amour embrasant notre âme; en un mot, il est toutes choses dans tous les saints. Vous voulez aimer, voilà l’amour de Dieu. Vous voulez brûler d’amour, voilà les flammes du Saint- Esprit. Vous voulez, dans vos transports, ne faire qu’un avec Dieu, vous ne descendrez jamais si profondément dans votre coeur que Dieu n’y descendra plus profondément encore, et pour vous y aimer, et pour vous apprendre à vous unir à lui: ut sit Deus omnia in omnibus.

Et cet Esprit divin donne, outre le bonheur commun, à chacun sa récompense. Mais il y en a trois plus particulières, appelées auréoles, pour les docteurs, pour les martyrs, pour les vierges, parce que, dit saint Thomas, ils ont soutenu de plus grands et de plus continuels combats.

Et pour combien de temps? Pour toujours. Voilà pourquoi Jésus-Christ, en annonçant la pauvreté, les larmes, les persécutions à ses disciples, ajoutait: Gaudete et exultate; réjouissez-vous et tressaillez d’allégresse, voilà que votre récompense est abondante dans les cieux.

Voilà. Cette expression, dans le style de l’Ecriture, est une certitude, fait observer Bourdaloue. Voilà une récompense certaine, -celles du monde ne le seront jamais-; récompense abondante, -celles du monde ne sont qu’une source de mécontentement, à cause du peu à quoi elles se réduisent-; récompense éternelle, puisqu’elle vous attend là où règne l’éternité. Allez donc vers Dieu, demandez-lui d’être toutes choses en vous, et, dans une espérance qui ne sera pas confondue, méprisez la terre et travaillez pour mériter au ciel la possession de celui qui sera toutes choses en vous.

Notes et post-scriptum