OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.

Informations générales
  • ES-1069
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.
  • QUID AGENDUM?
  • Ecrits Spirituels, p. 1069-1073.
  • CR 24; TD 43, P. 320-323.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU PAPE
    1 BUT DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CATHOLIQUE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DESTRUCTION DU SCHISME
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 ECOLES ASSOMPTIONNISTES D'ORIENT
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
    1 EPISCOPAT
    1 EVEQUE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 MISSION DE RUSSIE
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 OEUVRES CARITATIVES
    1 OEUVRES MISSIONNAIRES
    1 REVOLUTION
    1 SAINT-SIEGE
    1 SAINTETE DE L'EGLISE
    1 SCHISME ORIENTAL
    1 SCHISME SLAVE
    1 ULTRAMONTANISME
    1 UNITE CATHOLIQUE
    1 UNIVERSALITE DE L'EGLISE
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
    2 PIE IX
    3 CONSTANTINOPLE
    3 FLORENCE
    3 ROME
    3 RUSSIE
  • 19 novembre 1869
  • Rome
La lettre

Au moment où le Concile va s’ouvrir, je me recueille et je me demande comment je dois profiter du bonheur d’assister, à Rome même, à cette solennelle assemblée. Je laisse de côté une foule de questions, dont la solution m’intéressera sans doute au plus haut point, mais qui n’ont pas directement trait à la question très nette que je veux prendre comme père d’une petite famille religieuse.

L’Eglise se trouve en face de l’humanité, qui, sous un rapport, semble s’éloigner d’elle. Il faut non pas que l’Eglise se réconcilie avec la société, mais la convertisse: non pas par des concessions, mais par des lumières plus abondantes, par une action plus puissante. La première conclusion pratique est que, pour transformer les autres, il faut se transformer soi-même; pour convertir, il faut être converti; pour faire des saints, il faut être soi-même un saint.

Le concile doit sanctifier. Et voilà la première conclusion, il faut que le concile nous sanctifie. Chaque siècle a ses vices. Il faut que nous ayons surtout les vertus contraires à ces vices. C’est en ce sens très sérieux et très fécond que nous devons être de notre temps.

Le concile du Vatican aura cet avantage: c’est que, tandis que les précédents n’étaient formés guère ou qu’en très grande majorité des Eglises d’Orient, ou bien des Eglises d’Occident, -excepté peut-être à Florence, où les évêques étaient peu nombreux- cette fois, il y aura des évêques venus des cinq parties du monde. A ce point de vue, il sera le plus universel qui ait été jamais tenu, et il faut observer que, dès lors, les questions de pays doivent s’effacer devant des questions universelles, des questions vraiment catholiques. Devant cette conclusion doivent nécessairement tomber toutes les questions de pays, de nation, tous les principes adoptés par tel ou tel peuple. Il faut prendre évidemment des principes universels, comme tout l’univers, et abandonner les autres qui, à proprement parler, n’en sont pas.

Ce qu’on appelle, en certains pays, la société moderne est fier de ses idées qu’elle donne pour des principes. Les heurter de front peut avoir des inconvénients. Mais quelle nécessité de s’en trop occuper? Pourquoi ne pas les laisser pour ce qu’ils valent, et, nous appuyant sur une science vraie, sincère, loyale, ne pas lui communiquer la surabondance des vérités divines que nous possédons seuls, en possédant Jésus-Christ? In quo sunt thesauri sapientiae et sapientiae absconditi.

De là, la nécessité d’un enseignement très développé, mais par-dessus tout pénétré, sous toutes ses formes et dans toutes ses branches, de la vérité catholique. De là cette autre conclusion: nécessité absolue de nous emparer de nouveau de toutes les parties de l’enseignement, depuis les premiers éléments jusqu’à ses hauteurs les plus profondes; donc des universités en haut, des écoles du peuple en bas.

D’autre part, plus la dissolution sociale est menaçante, plus nous devons nous grouper autour du centre de l’unité. Or, quelle stupidité, que le centre de l’unité dans la foi puisse être sujet à l’erreur! Voilà pourtant ce qu’il faut bien accepter, si le Pape n’est pas infaillible. Mais je ne veux pas ici aborder la question de l’infaillibilité. Ce que je veux, c’est considérer le Pape comme centre d’unité pour l’action. Autour du Pape, comme centre de cette action, convergent sans doute les évêques, quos Spiritus Sanctus posuit episcopos regere ecclesiam Dei. Que quelques-uns de ces rapports soient abolis, parce qu’ils sont une pure affaire de chancellerie, cela se conçoit, mais à la condition que les autres relations deviendront de plus en plus fréquentes. Certes, Pie IX a contribué à les augmenter, autant qu’il a pu, en attirant si souvent à Rome l’épiscopat catholique.

Toutefois, le Pape a d’autres moyens d’agir sur le monde, par ses armées spirituelles, qui ne sont autres que les familles religieuses. Seulement, il serait très important de faire comprendre à Rome combien le Pape, défendu par ses troupes, doit les protéger à son tour. Les évêques sont ses premiers auxiliaires; ils ne sont pas les seuls. Les évêques aident le Pape à gouverner l’Eglise; les religieux sont les instruments spéciaux de l’action directe du Pape pour défendre et étendre l’Eglise. De leur côté aussi, les religieux doivent se grouper autour du Pape, ne pas permettre qu’on les sépare de lui et puiser leur force dans sa force. Le temps des mutilations religieuses est passé. Les pouvoirs ont pu, à des époques néfastes, les imposer à Rome, quand on créait des vicaires généraux d’Ordre pour certains pays. Les Ordres s’affaiblissaient, l’action du centre devenait nulle, et les ennemis de l’Eglise renversaient sans peine une citadelle, dont les défenseurs, isolés et endormis, ne pouvaient plus entendre la voix de leur premier chef.

Donc nécessité pour les religieux de se grouper autour du Pape, pour défendre l’Eglise; nécessité pour les religieux de se grouper autour du Pape pour reculer les limites de l’Eglise.

Me plaçant au point de vue de notre Congrégation, je me demande s’il n’est pas important de profiter de l’indication spéciale qui nous a été fournie par Pie IX lui-même, et de nous occuper de l’Eglise bulgare et de toutes les branches de la grande famille slave. La Russie et son schisme sont un des grands dangers de l’Eglise. Si les tsars viennent jamais à Constantinople, c’est avec l’espoir de venir bientôt à Rome, et, humainement parlant, quel danger!

La papauté est entre deux écueils: la Révolution et le schisme oriental. Notre petite Congrégation doit combattre la Révolution par la sainteté d’abord, puis par l’enseignement sous toutes ses formes et les oeuvres de charité qui nous feront pénétrer dans le peuple. Elle doit se dévouer à la lutte surtout contre le schisme, par la sainteté, par les missions et toutes les oeuvres qui se rapportent aux missions.

Je me résume: sainteté, sainteté vraiment catholique; enseignement sous toutes ses formes; toutes les oeuvres propres à transformer la démocratie; lutte contre les schismes, missions et oeuvres capables d’en arrêter les envahissements; telles sont les bases principales de notre oeuvre. J’ajoute à cet esprit si essentiellement catholique, sur lequel je ne saurais trop revenir, union de plus en plus intime avec le Saint-Siège, source de toute vie, centre de toute unité, principe de toute action.

Notes et post-scriptum