OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.

Informations générales
  • ES-1107
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.
  • CAREME DE 1874 (1)
    INSTRUCTIONS SUR LA VIE RELIGIEUSE
    2. LE DON DE SOI
  • Ecrits Spirituels, p. 1107-1109.
  • CS 1; TD 46, P. 27-29.
Informations détaillées
  • 1 DON DE SOI A DIEU
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MANQUEMENTS A LA VIE RELIGIEUSE
    1 TIEDEUR DU RELIGIEUX
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    2 ANANIE
    2 SAPHIRE
  • 1874
  • Nîmes
La lettre

La vie religieuse est cela, mais il y a différentes manières de se donner. Le religieux se donne jusqu’à la perfection. Nous devons nous faire cette question: Me suis-je donné? On retient jusqu’aux moindres choses; on donne encore moins ses idées, auxquelles on ne renonce pas. On le fait légèrement, mais les conséquences sont terribles, car on est un faux religieux, on a seulement fait semblant de se donner.

N’a-t-on pas conservé les habitudes du péché? Avec quels sentiments se donne-t-on? Sentiments humains qui président aux jugements portés sur les supérieurs, sur la règle, sur ses devoirs. On est bon, complaisant, gai; mais il n’y a là rien de surnaturel.

Quelquefois, on s’est donné et on s’est repris. C’est l’histoire de beaucoup. partis pour se donner, ils se sont repris et donneront désormais le moins possible, esclaves ad oculum servientes, flattant les supérieurs, dénigrant les religieux fervents et se tenant hypocritement devant eux.

Le don que nous faisons de nous-mêmes tend à se détruire, il faut donc le renouveler. Nous nous sommes donnés dans certaines occasions solennelles, qu’est devenu ce don? Ou, si nous ne nous sommes pas donnés: amice, ad quid venisti?

Tout est là. Le clergé travaille peu, parce qu’il se garde, se prête ou se loue, mais ne se donne pas. Les religieux font si peu, parce qu’ils se donnent le moins possible. Don de soi du bout des lèvres, de mauvaise foi. Ananie et Saphire furent punis de mort et, cependant, ils ne trompaient que sur le don d’une propriété. Pour nous, il s’agit de bien plus. Que répondrons-nous à Notre-Seigneur et quel châtiment subirons-nous? Nomen habes, quod vivas et mortuus es. Vous avez un nom de religieux et vous êtes mort, parce que ce nom est un mensonge.

Alors, on vit de sa vie propre et c’est de la vie de Dieu qu’il faut vivre. Il s’agit, non pas d’un religieux criminel, mais d’un religieux honnête homme, sans esprit surnaturel.

Que dire du religieux changeant, qui se donne et se reprend sans cesse, girouette spirituelle tournant à tous les vents? non pas omni vento doctrinae, mais à toute parole quelconque. Inconstance, légèreté, instabilité.

Mais, il y a là une chose épouvantable: c’est la facilité de manquer à nos engagements. Nous pouvons être faibles sans doute: mais le sérieux avec lequel il faut prendre les promesses faites à Dieu?… On manquera facilement sur les plus grandes choses… Combien cela est vil aux yeux de Dieu!

Un jeune homme s’est donné; il a envisagé les conséquences de ce don; il s’est rendu compte de toutes les souffrances à venir; il a, malgré ses petites chutes, compris qu’il fallait faire effort; il s’est donné avec réflexion, sans restriction. Le diable a pu le tenter, mais il ne l’a pas vaincu. Il s’est mis au-dessus des motifs humains, et ç’a été le fait de sa foi et de sa volonté. La foi lui a montré ce qu’est Dieu et Jésus-Christ et il a dit: J’irai. Il l’a fait, après des luttes intérieures; mais lorsqu’il a eu dit: je me donne, il a maintenu ce don, parce qu’il est un homme d’honneur. Il faut au religieux l’honneur, quand il s’agit des choses de Dieu, comme le dit Dieu lui-même: Juravit Dominus, et non poenitebit eum. Il aura la tentation d’une vie plus douce, mais il la repoussera, parce qu’il a donné non seulement le fruit, mais l’arbre. Ce religieux est semblable à l’homme qui a bâti sur le roc, il est inébranlable, parce qu’il s’est donné de la bonne façon.

Demandons-nous sur quoi nous avons bâti et quelle est la solidité des fondations que nous avons posées. Bâtissons-nous sur Jésus-Christ? Trois réponses: le religieux lâche qui dit: je ne me suis donné qu’à moitié, mais je me sens incapable de faire plus; le religieux tiède, qui ne veut se donner qu’à la dernière heure; le religieux fervent, qui fait un retour sur soi et promet de se donner désormais complètement, pour ne faire qu’un avec Jésus-Christ: qui adhaeret Domino, unus spiritus est, pour avoir Dieu pour récompense.

Notes et post-scriptum
1. Notes d'auditeur.