- ES-1217
- OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES.|TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS.
- PRISE D'HABIT AU COUVENT DES OBLATES.
24 MAI 1880 - Ecrits Spirituels, p. 1217-1220.
- CT 56; TD 47, P. 291-294.
- 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
1 ACTION DE MARIE
1 AUGUSTIN
1 CONTRARIETES
1 DONS DU SAINT-ESPRIT
1 FILLE DE LA SAINTE VIERGE
1 FORMATION DES NOVICES
1 GRACE
1 HERESIE
1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
1 OBLATES
1 PRIERE DE DEMANDE
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
1 TEMPLE DU SAINT-ESPRIT
1 VERTU DE FORCE
1 VERTUS RELIGIEUSES
1 VETURE RELIGIEUSE
1 VIE DE PRIERE
1 VIE SPIRITUELLE
1 VISITATION DE MARIE
1 VOCATION RELIGIEUSE
1 VOEU DE CHASTETE
1 VOEUX DE RELIGION
1 VOLONTE DE DIEU
2 AMBROISE, SAINT
2 BERNARD DE CLAIRVAUX, SAINT
2 DEMETRIADE
2 ELISABETH, SAINTE
2 JACOB
3 CLAIRVAUX
3 HIPPONE
3 MILAN - Oblates
- 24 mai 1880
- Nîmes
Ut scivi quoniam aliter non possem esse continens, nisi Deus det, et hoc ipsum erat sapientiae, scire cujus esset hoc donum: adii Dominum, et deprecatus sum illum (Sap. VIII, 21.)
La vocation religieuse a son noeud dans la chasteté. La chasteté va plus loin que le sacrifice de la terre et de ses richesses, et, par la vie des anges, elle prépare à cette obéissance très parfaite, dont les esprits bienheureux prennent le nom: Qui facit angelos suos spiritus.
Mais de quelque façon que nous veuillions nous donner par la pauvreté, la chasteté et l’obéissance, cela ne nous est permis qu’à une condition, c’est que Dieu nous en donne la force: Aliter non possem esse continens, nisi Deus det. Et ce secours, il faut le demander, et on le demande par la prière.
Saint Augustin développe admirablement cette doctrine dans une de ses lettres à l’aïeule et à la mère de la vierge Démétriade. Elle s’était consacrée au Seigneur, et l’un des grands hérésiarques du temps avait prétendu que par elle-même elle avait pu pratiquer la vie parfaite. L’évêque d’Hippone réfute cette erreur et montre que sans la grâce nous ne pouvons consacrer à Dieu notre chasteté, s’appuyant sur le texte sacré qui ne parle que de la continence; à combien plus forte raison le secours de Dieu est-il nécessaire, quand il s’agit de la virginité.
Si donc vous me demandez en quoi doit consister votre noviciat, je vous répondrai: dans l’apprentissage des vertus religieuses. Mais si vous voulez pénétrer la substance de l’état religieux, je vous dirai: dans la prière constante. C’est surtout à l’âme religieuse que l’apôtre adresse ces paroles: Oportet semper orare, et numquam deficere. Aussi n’ai-je pas cru pouvoir vous adresser des paroles plus appropriées à cette vie nouvelle, qui commence pour vous, qu’en vous parlant de la nécessité de la prière pour une novice, des progrès qu’elle doit faire dans la prière, et de la perfection à laquelle sa prière doit parvenir.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que vous priez, ma chère fille: votre enfance s’est écoulée dans une maison de prière, et depuis plusieurs années vous vouliez vous consacrer à Dieu. Des obstacles pourtant semblaient s’élever: une santé délicate semblait devoir vous être un obstacle, et voilà que depuis votre entrée, cette santé se fortifie et semble vous donner, par cela même, la confirmation de l’appel que vous aviez entendu. Vous êtes devenue de ces filles de Marie, dont parle saint Bernard et qui, par la grâce de celui qu’elles veulent prendre pour époux, en reçoivent les plus abondantes faveurs. In omnibus siquidem et per omnia providens miseris, trepidationem nostram solatur, fidem excitat, spem roborat, diffidentiam abigit, erigit pusillanimitatem. Voilà ce que Jésus-Christ a accordé à votre prière. Vous aviez dit à Marie, avec l’Eglise: Sancta Maria, succurre miseris. Vous aviez senti la profondeur de la misère commune à tous les enfants d’Adam; vous vous êtes adressée à Marie, et, comme le dit encore le grand abbé de Clairvaux, la mère s’est adressée à son Fils qui accorde tout à sa mère. Quia sic est voluntas ejus, qui totum nos habere voluit per Mariam; car telle est la volonté de celui qui a voulu que nous eussions tout par Marie, même lui.
Vous avez donc invoqué Marie, et elle vous a donné le moyen d’obtenir de Jésus tout par elle: Quia sic est voluntas ejus, qui totum nos habere voluit per Mariam. Ah! si vous avez reçu de Jésus le don, de tous le plus beau, le don de la vocation, c’est par Marie. Voyez quelle récompense reçoit déjà votre prière. Voilà quelque temps que vous portez déjà les premiers insignes de la vie religieuse, vous vous en êtes revêtue avec une grande joie. Aujourd’hui il y aura quelque chose de plus. Je vous dirai tout à l’heure: Que le Seigneur vous dépouille du vieil homme et qu’il vous revête de l’homme nouveau! Mais ce dépouillement et ces habits changés ne sont rien, si votre renoncement à toute idée humaine n’est pas absolu.
Je sais que vous aviez hâte et qu’on peut vous appliquer les paroles de saint Ambroise sur Marie se hâtant d’aller visiter Elisabeth, avec la glorieuse prise de possession du Fils de Dieu en son sein: Exiit cum festinatione. Sur quoi le grand évêque de Milan fait observer que la grâce du Saint-Esprit ne connaît pas les lenteurs des obstacles: nescit tarda molimina Spiritus sancti gratia. Mais puisqu’il s’agit du Saint-Esprit, allons au-delà de la robe de pénitence, au-delà de la ceinture de l’obéissance, au-delà de la guimpe et du voile de la modestie, au-delà du flambeau des vierges sages, de la couronne que vous ne recevrez que par anticipation, car vous ne serez reine que quand vous serez épouse. Descendons dans le temple de votre coeur, voyons ce que vous demande le Saint-Esprit. Il vous demande la persévérance de la prière, il vous demande de comprendre que l’intelligence de la prière est déjà un très grand don: Et hoc ipsum erat sapientiae, scire cujus esset hoc donum: adii Dominum, et deprecatus sum illum.
Dans cette prière vous lutterez comme Jacob, vous lutterez mieux que les disciples au jardin des Oliviers. Vous avancerez, passant en quelque sorte de mains en mains chargées de vous former; mais vous vous rappellerez que la formation, soit du prêtre pieux qui vous a servi si longtemps de père, soit des supérieurs que vous avez trouvés ici, n’est rien auprès de Dieu qui donne de vouloir et d’accomplir. Qui que nous soyons, et votre premier directeur, et nous qui vous avons reçue avec joie, vous devez nous considérer au point de vue où se plaçait saint Augustin, écrivant à Julienne, mère de la vierge Démétriade: Cum professa fuisset sanctimoniam virginalem, hoc ingens Dei donum quod per servos quidem suos plantat, et rigat, sed per seipsum dat incrementum.
Et la perfection de cette vie? Elle vient de Dieu, mais elle n’a sur la terre que son commencement et son accroissement. Vous croîtrez, ma chère fille, et vous arriverez à la perfection.