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Informations générales
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  • NECROLOGIE
    Mlle ZOE DE CAMBIS
  • Semaine religieuse de Nîmes, 13, n°50, 3 février 1878, p.606-607.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    2 CAMBIS, VICOMTESSE DE
    2 CAMBIS, ZOE DE
    2 LASSERRE, HENRI
    2 PEYRAMALE, DOMINIQUE
    3 ALES
    3 SALINDRES
  • 3 février 1878
La lettre

Les miracles s’en vont, me disait-il il y a quelques mois, à Lourdes, Mgr Peyramale, un pied déjà dans la tombe, et M. Henry Lasserre, le vaillant historien de l’apparition miraculeuse. Hélas! les saints s’en vont aussi et nous en voyons tous les jours le nombre décroître.

Nous suivions, il y a peu de temps, à sa dernière demeure, jusqu’à ce que vienne la résurrection, la dépouille de Mlle Zoé de Cambis, réservée pour le ciel, c’est notre ferme espérance, après une vie, où l’humilité la plus énergique n’avait pu cacher les admirables vertus d’un autre âge.

Elevée à l’ombre du cloître par une tante qui lui servit longtemps de mère, et dont le beau nom rappelait la fidélité à l’exil, au malheur, et au droit, lorsqu’elle revint dans le midi, elle trouva, soit dans les principes austères de Mme la vicomtesse de Cambis, soit dans les moeurs si douces de son père, soit dans les caractères divers, mais toujours très nobles des autres membres de sa famille, comme une seconde formation. Les fruits en furent la fermeté, la justice et la persévérance sous le voile d’une immense mansuétude. Personne ne semblait plus timide, personne au fond n’était plus inébranlable. Ses motifs d’agir lui étaient fournis par l’esprit de foi, elle parlait et agissait parce qu’elle avait cru.

A Alais, qu’elle habita longtemps, elle fut de toutes les bonnes oeuvres; là elle ne cherchait pas à paraître, elle prenait une part modeste, mais active et efficace à tout bien proposé.

Plus tard, son séjour se fixa à Salindres et l’on sait ce qu’elle fit pour les écoles de garçons et de filles dont l’accroissement d’une population industrielle nécessitait l’agrandissement. Les usines ont leurs accidents, des pères de familles y sont quelquefois enlevés par d’inévitables imprudences et il ne reste que des enfants sans ressources. Des filles de Saint-Vincent-de-Paul furent appelées par la bienfaitrice des ouvriers, les malades furent soignés, des orphelines élevées.

Les plus graves motifs avaient empêché Mlle de Cambis de suivre son attrait pour la vie du couvent; devenue libre, elle voulut s’entourer de religieuses. Religieuse elle-même au fond de l’âme par la régularité de sa vie, par l’économie la plus stricte pour elle-même qui lui permettait de beaucoup donner, par des engagements qu’un frère seul pouvait révéler sur son lit de mort, sa joie était de consacrer son temps, quand on le lui permit, au service des autels. Elle était très bonne, ce qui ne l’empêchait de voir les abus et de protester avec les égards de la politesse mais avec toute la vigueur chrétienne d’une piété attristée. La mort de deux de ses frères, d’une soeur tendrement aimée, était pour elle un grand avertisement qu’elle comprenait et méditait tous les jours; quand Dieu l’appela elle était prête. Entourée des siens, cette admirable vierge chrétienne en semblait la mère. Son dernier soupir eut la force et la paix de toute sa vie; se funérailles furent un triomphe fait par les pauvres et les ouvriers à leur protectrice dévouée.

Plaise à Dieu de nous susciter dans ces temps affaiblis beaucoup de modèles semblables. Il en reste sans doute, mais on dirait que la race s’en épuise, et cependant nous avons tant besoin de Saints!

Les oeuvres de Mlle de Cambis ne périront pas. Elles seront continuées par les pieuses héritières de sa charité. Il est bon de voir encore des familles où la générosité se perpétue avec les traditions de la foi et de l’honneur.

E.D'ALZON,|*des Augustins de l'Asssomption*.
Notes et post-scriptum