ARTICLES – Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 110.

1861-jun-22 Rome (1)

II faut que les catholiques s’emparent de Rome – Le droit de propriété inviolable de l’Eglise – Le temps est venu d’agir – Rome appartient à tous les catholiques – Les armes lé- gitimes et légales des catholiques en plus de leurs ressources spirituelles: leur influence, leur argent, leur sang, leur initiative – La mort de Cavour.

Informations générales
  • PM_XV_110
  • 1621 a
  • ARTICLES
  • LETTRE DE MADRID
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 110.
  • Correspondance de Rome, n° 149, 22 juin 1861, p.372-374.
  • Orig. ms. perdu. Photoc. d'un article paru dans la Correspondance de Rome de l'abbé Chaillot, du 22 juin 1861, n° 149, pp. 372-374, article non signé mais authentifié comme étant du P. d'Alzon. ACR BZB 319. Code informatique: C00867D.
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 CATHOLIQUE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DENIER DE SAINT-PIERRE
    1 EGLISE
    1 ESCLAVAGE
    1 ETATS PONTIFICAUX
    1 FETE-DIEU
    1 PAPE
    1 REGNE
    2 CAVOUR, CAMILLO
    2 JUDAS
    2 PAUL, SAINT
    2 PIE IX
    2 PIERRE, SAINT
    3 ANGLETERRE
    3 AUTRICHE
    3 BELGIQUE
    3 CASTELFIDARDO
    3 ETATS-UNIS
    3 EUROPE
    3 FRANCE
    3 IRLANDE
    3 JERUSALEM
    3 MADRID
    3 ROME
    3 ROME, CAPITOLE
    3 ROME, PLACE SAINT-PIERRE
    3 SYRIE
    3 TURIN
  • AU REDACTEUR DE LA CORRESPONDANCE DE ROME
  • [Lettre de Madrid, 22 juin 1861] (1)
  • 1861-jun-22
  • Rome (1)
La lettre

Monsieur le Directeur,

L’angoisse qui serre le cœur de tous les catholiques en face des iniquités accomplies et des iniquités prévues est trop grande pour qu il ne soit pas permis aux plus humbles enfants de l’Eglise de pousser leur cri d’alarme et avec la plus parfaite obéissance à toute direction venue d’en haut, d’indiquer, s’ils croient en connaître, quelques-uns des moyens qui pourraient aider à prévenir une partie des maux qui nous menacent et à réparer quelque chose de ceux qui pèsent déjà sur nous.

A ce point de vue je ne craindrai pas de dire, quen dehors des moyens miraculeux tenus peut-être en réserve par la providence pour tout sauver quand tout semblera perdu, à voir l’acharnement infernal des mé- chants à chasser le Souverain Pontife du tombeau de Saint Pierre, le point essentiel est de l’y maintenir par tout l’effort des bons; en d’autres termes, il faut que les catholiques du monde entier s’emparent de Rome afin que la révolution ne s’en empare pas (2).

Je m’explique.

Pie IX dans ses dernières allocutions rappelle de la manière la plus solennelle que les Etats de l’Eglise appartiennent à l’Eglise. Et en effet, est-ce que l’Eglise ne possède pas depuis des siècles certains territoires? Est-ce qu’elle serait la seule société humaine à qui fût refusé le droit de propriété? Je n’envisage la question qu’au point de vue humain pour le mo- ment et déjà les droits de l’Eglise sont incontestables, ou il faut nier tous les droits de la terre. Est-il vrai que partout et toujours les hommes ont pu pos- séder en commun certaines propriétés pour des intérêts communs et de communs avantages? Pourquoi refuser ce droit aux seuls catholiques? (3).

Et si on le leur refuse, pourquoi ne le défendraient-ils pas? Une partie des Etats-Unis conteste à l’autre partie le droit d’avoir des esclaves (4). Le droit de propriété sur les esclaves est maintenu par l’autre partie et tandis que ces fiers républicains vont s’entre-égorger pour une affaire de coton à produire au meilleur marché possible, le sanctuaire de la liberté du monde ne pourra subsister sous prétexte que le royaume de J.-C. n’étant pas de ce monde (5), il ne faut pas confondre les questions temporelles avec les problèmes de l’ordre spirituel!

Ces absurdes objections ont été si souvent réfutées que j’en parle moins pour y répondre que pour montrer que sans s’arrêter à d’inutiles controverses le temps est venu d’agir. Oui, Monsieur le Directeur, c’est sur-tout l’action qui est nécessaire, et cette action doit se porter surtout au maintien de nos droits sur la ville étemelle.

Mais, me direz-vous, que peuvent faire les catholiques? Est-ce que Rome n’appartient pas aux romains? Est-ce que nous avons le droit d’être maîtres chez eux? Eh bien non. Monsieur le Directeur, s’il est vrai que nul ne puisse servir deux maîtres à la fois (6), il est vrai aussi que la même chose ne peut qu’appartenir à deux maîtres de la même façon, et si Pie IX déclare que les Etats pontificaux sont la propriété du monde catholique, Rome n’appartient pas aux romains dans le sens où Pie IX déclare qu’elle appartient aux catholiques du monde entier.

Avons-nous donc le droit d’être comme catholiques les maîtres chez les romains? Oui, dans le sens que les Etats pontificaux nous appar-tiennent, mais en ce sens aussi, évidemment les romains sont les maîtres chez eux puisqu’ils sont catholiques, d’autant plus maîtres qu’ils sont plus catholiques, mais par une conséquence rigoureuse aussi, d’autant moins maîtres qu’ils sont moins catholiques, le titre de la propriété sur Rome étant la catholicité.

Lorsque dans les nations civilisées une société s’est formée dans un but légitime et prétend arriver à ce but avec des moyens parfaitement lé-gaux, l’arbitraire le plus odieux seul peut dissoudre cette société et lui arra-cher ses moyens de vie. Quel but plus légitime que le but de la société catholique? Quel titre plus légal pour atteindre ce but que la jouissance séculaire de ses possessions? La loi, le droit sont de notre côté. On veut pourtant la dépouiller. En vertu de quel titre? En vertu de la force. Si les catholiques du monde entier sont les plus forts, ils peuvent, ils doivent se défendre et défendre leurs droits.

Reste à savoir comment ils s’y prendront: sans doute, ils ont à leurs dispositions des forces que le monde ne connaît pas; ils ont l’aide de Dieu, l’assistance du divin fondateur de l’Eglise, ils ont la prière, et la mystérieuse union du sacrifice tout-puissant du Sauveur aux sacrifices continués par les Saints sur la terre dans une vie de souffrance, d’immolation, d’apostolat, tout autant de ressources auxquelles le monde ne comprend rien, dont il se moque, dont il rit et qui pourtant finissent toujours par triompher (7). Mais les catholiques ont d’autres moyens d’agir, ils ont leur influence, leur ar- gent, leur sang, leur initiative.

Quant à leur influence, on a beau dire, elle grandit tous les jours, les obstacles qu’elle rencontre servent à la fortifier. Est-ce que la discussion des chambres françaises à propos de la question romaine ne le prouverait pas surabondamment? Est-ce que le mouvement catholique en Espagne est tellement ignoré qu’il ne puisse peser d’aucun poids?

Les agitations révolutionnaires de la Belgique témoignent de notre puissance d’une autre façon. On y a peur de nous. L’Angleterre elle-même tremble des mécontentements accumulés sur la terre d’Irlande. Je ne veux nen dire de l’Autriche, on comprend pourquoi. Mais il est sûr que le jour où toutes ces forces morales éparpillées se dirigeront vers un but commun, les résultats de l’unité, de l’action seront terribles aux hommes d’anarchie.

Les catholiques ont leur argent. Aujourd’hui que l’argent est tout- puissant, dit-on, il peut plaire à la providence de faire voir combien ce moyen est inutile pour la conservation de l’Eglise. Cependant le Sauveur lui-même avait une bourse confiée, il est vrai, à Judas (8); S. Paul lui-mê- me faisait faire des quêtes pour les saints de Jérusalem (9), et nous savons quel étonnement cause à quelques hommes la facilité avec laquelle le Denier de S. Pierre reprend le chemin de Rome (10). Il ne faut pas permettre que le mouvement s’arrête, il faut l’augmenter chaque jour par des efforts nouveaux et des offrandes nouvelles. Que craint-on? Que le Père commun des fidèles ait au-delà de ses besoins? Est-ce qu’autour de lui tout marche dans l’abondance? Est-ce que sa charité n’embrasse pas le monde? Est-ce que toutes les souffrances n’ont pas un retentissement dans son cœur? Est- ce que l’aumône qui passe par ses mains n’acquiert pas un prix nouveau pour celui qui la reçoit, n’apporte pas une joie de plus à celui qui la donne? De l’argent entre les mains du Pape, c’est un asile contre les tremblements de terre, c’est du pain pour les veuves et les orphelins de Syrie (11), c’est la parole évangélique pour les peuplades les plus éloignées, c’est un encoura-gement donné à toute œuvre charitable qu’il bénit. C’est la charité s’ap-puyant sur la piété filiale qui offre, et guidée par l’expérience et la tendresse paternelle la plus élevée qui distribue. Ah si, en réservant ce que l’action personnelle doit dépenser sur les divers points du globe occupés par la grande famille catholique, on se rappelait un peu plus de nos jours que Ro-me est le grand foyer de la lumière et de l’amour, quelle action ne s’exerce-rait pas à l’aide de ces sommes offertes et rendues et qui, par une circula-tion bien plus bénie que celle des spéculations commerciales, apporteraient au centre de la foi pour les renvoyer aux extrémités de la terre d’une part un tnbut d’affection, de l’autre, avec des secours matériels, les richesses spirituelles les plus abondantes!

Voilà, quand les catholiques le voudront, de quels fruits merveilleux ce denier de S. Pierre peut être les germes. Voilà quels prodiges les catholiques accompliront avec leur argent. Il ne s’agit que de vouloir.

Les catholiques ont leur sang. Peut-être l’ont-ils un peu trop ou-blié: pour beaucoup les catacombes semblent à jamais fermées; comme si le sang catholique répandu sur les échafauds de 93 n’avait pas renouvelé et fécondé la France, comme si le sang de Castelfidardo n’avait pas une puis- sance que les bourreaux de cette grande journée (12) semblent encore plus redouter que leurs nobles victimes. On accepte qu’un gouvernement, n’importe lequel, prélève la dîme de la jeunesse pour le champ de bataille. Cela est bon et glorieux. Et les catholiques qui ont vu ce que pouvait une poi-gnée de leurs enfants n’en offriront pas, de nouveaux champions ne s’offri-ront pas eux-mêmes! Je sais ce qu’on a dit sur certains découragements, mais je sais ce que l’on peut aisément répondre, je reviendrai une autre fois, si vous le trouvez à propos, sur cette question (13).

Enfin les catholiques ont leur initiative.

Le monde se partage en deux puissances. S. Augustin, après avoir subi les erreurs manichéennes, dégagea de la doctrine des deux principes, ce qu’elle avait de faux et écrivit son admirable livre de La Cité de Dieu. Vous y voyez cette lutte incessante du mal contre le bien, du mal plus fort par le fruit de la corruption originelle, du bien vainqueur par l’action direc-te de la Providence. Mais c’est le bien qui a commencé, car il est étemel comme Dieu. Si le mal semble envahir le monde de ses ténèbres et de ses abominations, le Verbe qui était au commencement se fait chair (14), il envoie son esprit et une seconde création recommence pour renouveler la face de la terre. C’est cet esprit de renouvellement qui est le fond des for-ces de l’Eglise. Que les catholiques ne l’oublient pas, sans doute il est sur-tout avec sa plénitude dans le chef du troupeau, mais chaque chrétien en est le temple, il participe à sa toute-puissante action, c’est là le vrai talent confié à chaque serviteur par le père de famille et que tous sont tenus de faire valoir (15).

N’êtes-vous pas quelquefois épouvanté. Monsieur le Rédacteur, en jetant par la pensée un regard sur tous ces trésors célestes enfouis dans les âmes chrétiennes, en considérant de quelles forces divines les catholiques disposeraient s’ils voulaient prêter leur concours à l’impulsion d’en-haut? Pour moi je suis convaincu que les révolutions sont permises sans doute pour châtier bien des crimes, mais aussi pour secouer bien des torpeurs. Et dans les circonstances présentes, quelque douloureuses qu’elles soient, est-il bien difficile de reconnaître que nous n’avons que ce que nous avons mérité? Le monde semblait oublier ce qu’était Rome, on croyait que le royaume de Dieu sur la terre pourrait se passer de capitale, la Jérusalem céleste y suffisait, on entendait des théologiens en face du mouvement qui se manifeste depuis quelque temps se plaindre de ce que dans l’Eglise de Dieu on s’occupait trop de la tête, pas assez du corps. Eh bien! les derniers événements forcent le corps à protéger la tête. Il ne faut pas que cette heu-reuse disposition s’arrête, et pour cela que faut-il? Développer chez les ca-tholiques l’esprit d’initiative (17)! Comment? Ce sera, si vous le voulez, le sujet d’une seconde lettre.

P.S. Je terminais ces lignes quand la nouvelle de la mort de M. de Cavour a retenti dans toute l’Europe (16). Il y a dix jours à peine, c’était la Fête-Dieu (18); j’étais à Rome et témoin de la cérémonie qui s’accomplissait sous les arcades de Saint Pierre. Un sentiment douloureux traversait mon cœur. Cette longue procession formée par des orphelins, des sémina- ristes, des religieux, des prélats, des évêques, le sacré-collège, terminée par le Souverain Pontife portant entre ses mains le corps du Sauveur, était-ce un triomphe? L’expression des assistants était-elle celle de la joie? Au mê- me temps dans une autre capitale, à Turin, la ville du Saint-Sacrement, derrière la procession, la police permettait à la plus ignoble et à la plus sacrilège comédie de s’étaler (19). On était sûr d’aller à Rome, de monter au Capitole! L’octave de la Fête-Dieu n’était pas achevée que le S. Sacrement était porté à celui qui menaçait le plus le grand pontife de la grande victime. Etait-ce une seconde comédie? Etait-ce une expiation acceptée? Etait-ce le Christ vainqueur exerçant une vengeance anticipée dans la chambre funèbre du grand adversaire de la papauté? Dieu le sait. A quelques heures de là, M. de Cavour emportait dans l’éternité ses secrets détruits et ses espé- rances confondues. Je me suis rappelé que la Fête-Dieu était un triomphe.

[E. D'ALZONl.
Notes et post-scriptum
(1) Sous ce titre a paru cet article du P. d' Alzon, découvert en mars 1993, dans la collection du journal La Correspondance de Rome, conservée à la Bibliothèque de l'Institut Byzantin de Paris (dépôt à l'Institut Catholique de Paris, Jean de Vemon R.E.B. 6/52), que nous avons pu consulter grâce à l'obligeance du P. Albert Pailler, remercié une nouvelle fois chaleureusement ici. La signature Alzonienne en a été repérée grâce notam-ment à la phrase: « '11 faut que les catholiques du monde entier s'emparent de Rome afin que la révolution ne s'en empare pas" » expression forte que l'on retrouve littéralement dans sa lettre n° 1608 au P. Picard, t. III, édit. Désiré Deraedt, page 458. Sur la contribu-tion du P. d' Alzon à ce journal, on peut se référer au même tome, pp. 458, 459, 472, 507 notamment. On notera seulement que le P. d' Alzon n'a jamais mis les pieds dans la capita-le espagnole, même si son article est intitulé Lettre de Madrid. Enfin le lecteur, soucieux d'actualisation, apportera la correction qui s'impose à la note n°3, page 507, t. III des Let-tres d' Alzon (édit. 1991). CfA.T.L.P., juillet 1995, n° 116, pp. 21-22.
(2) Phrase volontairement soulignée par nous.
(3) Le droit de propriété fait partie de la doctrine sociale de l'Eglise. Le P. d'AI-zon sait pourtant les entorses que l'histoire a fait connaître sur ce plan à l'Eglise au cours du temps, notamment lors de la sécularisation des biens ecclésiastiques dans l'Europe du Nord au temps des Réformes protestantes et, dans son propre pays, lors de la Révolution française, avec la nationalisation des biens du clergé en novembre 1790.
(4) Première allusion à l'actualité troublée de cette année 1861: la guerre de Sé-cession fait rage aux Etats-Unis et l'avantage militaire semblait alors pencher en faveur des Etats confédérés du Sud esclavagistes. Rappelons ici que par la lettre apostolique In Supremo du 3 décembre 1839 le pape Grégoire XVI avait condamné l'inégalité raciale, la traite des Noirs et l'esclavage.
(5) Affirmation de Jésus devant Pilate selon Jn 18, 36.
(6) Rappel évangélique: Mt 6, 24.
(7) C'est là sans doute le paradoxe évangélique le plus fort selon lequel, en dépit des vicissitudes de l'histoire, l'Eglise, assise sur le roc de la foi et de la vérité de la Parole confiée à Pierre, passe et passera toutes les épreuves du temps. On peut évoquer à plus d'un siècle de distance l'extraordinaire témoignage du combat de Jean-Paul II, retracé no-tamment par deux journalistes: Bernard Lecomte, La vérité l'emportera toujours sur le mensonge: comment le pape a vaincu le communisme, Paris, 1991, 391 pages et George Weigel, Jean-Paul II témoin de l'espérance, J.C. Lattes, 1999,1167 pages.
(8) Judas, détenteur de la bourse du groupe apostolique, est évoqué en Jn 12,6b , mais pour dénoncer sa cupidité.
(9) Notamment d'après 1 Co 16, 1 ou Rm 15, 25: Paul se glorifie de n'avoir ja-mais rien demandé pour lui-même, mais de s'être souvent occupé des besoins des chré-tiens de la communauté de Jérusalem par des collectes en leur faveur, y voyant d'ailleurs un lien d'unité avec l'Eglise-mère.
(10) En décembre 1860, le P. d' Alzon a adressé au clergé de Nîmes une circu-laire relative au Denier de Saint-Pierre. Les ACR ne possèdent pas le texte de cette circu-laire qui est bien mentionné par la Revue catholique du Languedoc du 15 décembre 1860, p. 359. La Semaine religieuse de Nîmes ne vit le jour qu'en mars 1865. L'idée du denier de Saint-Pierre fut lancée en France par Montalembert dès 1849 et fut reprise en 1860 par Mgr de Bonald pour être établie dans tous les diocèses.
(11) Autre allusion à une actualité tragique: entre le 26 avril et le 5 juin 1860 les Druzes ont massacré quelque 6.000 chrétiens maronites en Syrie et au Liban. En juillet 1860, ce fut au tour de 5000 chrétiens tués à Damas. Un corps expéditionnaire français, mandaté par une conférence internationale, débarqua au Liban le 16 septembre 1860 pour protéger les chrétiens maronites. Mgr Plantier publia en 1860 un mandement ordonnant une quête en faveur des chrétiens de la Syrie, texte publié dans la Revue ca-tholique du Languedoc du mois d'août 1860, pp. 145-148.
(12) Le 18 septembre 1860, les troupes pontificales commandées par le général Lamoricière furent taillées en pièces et débandées par l'armée sarde. La fleur de la jeu-nesse aristocratique française périt sur le champ de bataille d'un combat inégal.
(13) Le P. d' Alzon avait déjà présidé le 5 octobre 1860, dans la chaire de la ca-thédrale de Nîmes, un service funèbre à la mémoire des morts de Castelfidardo et fait l'éloge de ces héros 'assassinés et non vaincus': ACR CR 162. Son neveu, Jean de Puysé-gur, s'est engagé dans les troupes pontificales et a été fait prisonnier à Castelfidardo.
(14) Evocation du Prologue de Jn 1,1 et 1,14.
(15) Actualisation de la parobole des talents Mt 25.
(16) Cavour était mort le 6 juin 1861. Ces lignes peuvent donc être avoir été écrites au début du mois de juin.
(17) De l'inititative, maître-mot de la spiritualité et du tempérament Alzoniens, le Fondateur de l'Assomption n'en manquait pas, lui qui se présenta, sans succès, aux élections du Conseil général de l'Hérault en juin 1861 en protestation à la politique ecclé-siastique de Napoléon III. Il fut battu, et bien battu, par le candidat gouvernemental Henri-Pierre-Louis Mares: cf notes 1 et 2 de la Lettre 1618, t. III, édit. Désiré Deraedt, p. 466. Citons ici l'opinion d'un de ses anciens étudiants, Frédéric Fabrège:
« *19 juin 1861, Chers Parents, Je ne suis pas étonné que M. d' Alzon ait échoué dans sa candidature. C'est un homme qui réunit toutes les qualités morales qu'on puisse exiger, mais c'est un esprit arriéré, intolérant, d'une vertu antique mais aux idées anciennes. Sans doute, c'était une protestation contre la politique odieuse de notre gou-vernement, mais condamner les moyens mis en pratique pour constituer la nationalité italienne, ce n'est pas refouler un sentiment national légitime et sacré. Or M. d' Alzon, comme son parti, en est encore à regretter la domination autrichienne, à fonder des vœux sur une coalition du Czar et de Palmerston pour détrôner l'empereur et rétablir le Pape. De telles opinions sont insensées, dangereuses, anti-françaises. On doit être hon-nête, mais non pas rétrograde. C'est précisément ce caractère arriéré qui rend à jamais impossible toute restauration. Ce n'est pas la légitimité que l'on redoute, ce sont les légitimistes. Je crains, sans doute, qu'on n'ait fait de cette élection une démonstration anti- religieuse. Dans ce cas, je la déplore; mais si elle a été inspirée par un sentiment clérical et par une sympathie naturelle pour l'indépendance de l'Italie, je m'en félicite bien que très attaché à M. d' Alzon; car, ainsi que le disait Donoso-Cortès, 'la cause est tout, l'homme n'est rien'...*». Orig. ms. Arch. Départ, de l'Hérault 18 F59. Photoc. ACR BZC 72.
(18) Autre indication chronologique concordante puisque la Fête-Dieu tombait le 30 mai en 1861. Le Père d' Alzon a quitté Nîmes le 12 mai 1861 pour gagner Rome. Il était de retour à Nîmes le 4 juin.
(19) Le Parlement italien avait voté une loi pour établir la fête nationale le pre-mier dimanche de juin qui tombait le 2 juin en 1861. L'épiscopat défendit au clergé d'y prendre part. Par représailles, le gouvenerment ordonna à tous les corps de l'Etat de ne plus participer à la procession de la Fête-Dieu comme c'était la tradition jusque-là. Trois exceptions notables, deux évêques firent exception, celui de Crémone et celui de Corne, ainsi que le clergé du diocèse de Milan. Enfin, autre scandale relevé par la presse catholi-que, l'aumônier militaire à Turin célébra quand même une messe ce 2 juin 1861 et bénit les drapeaux des nouveaux régiments.