DIRECTOIRE [DES RELIGIEUSES DE L’ASSOMPTION]

Informations générales
  • TD41.005
  • DIRECTOIRE [DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION]
  • [Première partie. De l'esprit de l'Assomption]
    [Chapitre III.] Sentiment de la présence de Dieu
  • Orig.ms. CP 36 et CZ 4; T.D. 41, pp.5-7.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANEANTISSEMENT
    1 BIEN SUPREME
    1 DIEU
    1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE DIEU
    1 GRACE
    1 IMITATION DE DIEU
    1 PECHE
    1 PECHE ORIGINEL
    1 PERFECTION
    1 PERFECTIONS DIVINES DE JESUS-CHRIST
    1 POSSESSION DE DIEU
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
    1 SPIRITUALITE CHRISTOCENTRIQUE
    1 VOIE UNITIVE
  • Religieuses de l'Assomption
  • 1859
La lettre

Je dois penser sans cesse à ce qui a toutes les affections de mon âme. Si j’aime Notre-Seigneur je dois penser sans cesse à lui, mais puisqu’il est Dieu, c’est surtout en tant qu’il est mon Dieu que je dois avoir sans cesse sa pensée présente à l’esprit et au coeur. Jésus est mon Dieu et comme Dieu, il a la plénitude de l’être, et c’est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons, que nous sommes. Il est la perfection infinie, la beauté par excellence et cette beauté de son être il l’a marquée sur nos âmes. Signasti super nos lumen vultus tui.

Or, le péché a souillé mon âme et le meilleur moyen de réparer sa beauté perdue est de me tenir sous le poids de mon néant, et de me laisser aller à l’action divine de la grâce par une attention constante à la présence de Dieu.

Dieu est mon bien suprême. Je dois donc chercher à me rapprocher de lui; mon bonheur doit être de le posséder.

Suis-je habituellement en présence de Dieu? suis-je en sa présence avec le sentiment que je lui dois tout? suis-je convaincue autant que je puis l’être par la foi de la plénitude de son être et si je puis dire ainsi de la plénitude de mon néant? Ai-je assez pensé que mon corps, mes sens, mon coeur, mon intelligence, tout cela vient de lui, subsiste en lui et cesserait d’exister au premier signe de sa volonté infinie? Je ne touche à rien que je ne touche à une oeuvre de Dieu, à une possession de Dieu. Tout me rappelle Dieu ou du moins devrait me le rappeler.

Suis-je fidèle à cette voix de tous les êtres qui me ramènent à leur auteur? Avec quel respect suis-je en présence d’un Dieu qui me voit toujours? Avec quel amour et quelle reconnaissance suis-je en présence d’un Dieu qui m’a tout donné?

Dieu est la beauté infinie, et cette beauté il a voulu la communiquer à mon âme. Mais le péché originel l’a détruite une fois, le péché actuel la détruit tous les jours. Dans son ineffable bonté il veut me rendre cette beauté primitive par sa grâce, et il veut aussi que je travaille à la recouvrer par mes efforts; mais pour cela il veut que j’approche de lui, et en étudiant ses perfections je les copie en moi autant que j’en suis capable par les vertus que je dois acquérir. Ce travail l’ai-je fait, ai-je les yeux fixés sur mon divin modèle pour réparer en l’imitant les ruines de mon âme? Ai-je mis mon effort, mon étude à m’unir tellement à Dieu par la pensée que m’attachant à Dieu je ne fais qu’un avec lui selon la parole de l’Apôtre?

Dieu est la bonté par excellence, le bien suprême c’est à le posséder dans l’éternité que doit consister mon bonheur. Mais si ma félicité est dans la possession d’un pareil bien, pourquoi n’en suis-je pas plus préoccupée ici-bas, pourquoi n’y pensé-je pas sans cesse? pourquoi mes pensées s’égarent-elles ailleurs? Pourquoi pour posséder le don parfait, ne deviens-je pas parfaite moi-même? Seigneur, faites que je marche sans cesse en votre présence et qu’ainsi j’arrive à la perfection.

Notes et post-scriptum