CONSTITUTIONS DES OBLATES DE L’ASSOMPTION TERTIAIRES DES RELIGIEUSES DE L’ASSOMPTION

Informations générales
  • TD41.123
  • CONSTITUTIONS DES OBLATES DE L'ASSOMPTION TERTIAIRES DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
  • Chapitre III. De la chasteté
  • Cop.ms. CI 4; T.D. 41, pp. 123-128.
Informations détaillées
  • 1 COMPORTEMENT
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 LUXURE
    1 PARESSE
    1 PRUDENCE
    1 VERTU DE CHASTETE
    1 VISITE DES MALADES
  • 1863-1864
La lettre

1° Elles feront tout leur possible pour conserver parfaitement la pureté du coeur et du corps; à cet effet elles chasseront promptement toutes sortes de pensées contraires à cette vertu et fuiront soigneusement tout ce qui la pourrait en quelque façon blesser; particulièrement le désir de paraître agréables, la vanité, la recherche dans les habits, dans la démarche et dans les paroles; comme aussi la curiosité de voir et de ouir le monde soit par les fenêtres ou lorsqu’on va dans les rues, la présomption de soi-même et la communication fréquente avec les externes, hors le cas d’une véritable nécessité. Enfin elles éviteront tout ce qui pourrait donner au prochain le moindre sujet de les soupçonner tant soit peu du vice contraire; ce seul soupçon, quoique très mal fondé, étant plus préjudiciable à leur communauté et à ses saints emplois que tous les autres crimes qui leur seraient faussement imputés.

2° Et d’autant que la sainte modestie leur est non seulement nécessaire pour édifier le prochain, mais encore pour conserver cette pureté angélique, laquelle se flétrit si aisément par les actes d’immodestie, elles seront soigneuses de l’observer en tout temps et en tout lieu.

Pour cet effet, elles feront attention à tenir les yeux baissés, particulièrement dans les rues, dans les églises, dans les maisons des externes, surtout en parlant aux personnes de l’autre sexe, et même quand elles seront ensemble dans leurs chambres durant le temps des prières, des conférences, des silences et des repas; et elles éviteront la précipitation dans leur démarche et dans leurs actions, et conserveront la netteté dans leurs habits et dans leurs meubles sans aucune affectation. Elles s’abstiendront aussi, même dans leurs récréations, des légèretés puériles, des ris excessifs, des discours et des gestes messéants, de tous jeux défendus ou qui portent à quelque chose de moins honnête; et elles ne se toucheront jamais l’une l’autre sans nécessité, quand ce serait même par jeu ou par signe d’amitié; si ce n’est pour embrasser en esprit de charité celles qui sont nouvellement reçues dans la communauté ou qui viennent de loin, ou pour se réconcilier avec quelqu’une qu’elles auraient contristée, auquel cas elles doivent le faire à genoux, mais point dans les rues ni devant les personnes du dehors.

3° Elles fuiront soigneusement l’oisiveté comme la mère de tous les vices et particulièrement de l’impureté: pour cela, lorsque les obligations de leurs offices et les exercices marqués dans l’emploi de leur journéee leur donneront quelque temps de relâche, elles l’emploieront fidèlement à coudre ou à quelqu’autre ouvrage utile; et si elles n’ont pas de quoi s’occuper, elles en demanderont à la Supérieure ou à son Assistante, et celles des maisons éloignées à la Soeur Directrice. Elles ne garderont en aucun lieu, ni oiseaux, ni petits chiens, ni autres semblables animaux de divertissement qui pourraient leur être une occasion de mal employer le temps, dont elles doivent faire conscience de perdre un seul moment, se souvenant que Dieu en demandera un compte très exact. Elles ne s’occuperont pas aussi, dans les jours de travail, à faire d’autres prières que celles qui leur sont prescrites dans l’emploi de la journée, ni ne s’arrêteront pas à entendre plus d’une messe, si elles ne sont pas obligées par quelque rencontre particulière.

4° Comme la communication mal réglée avec les personnes du dehors peut être aussi préjudiciable à leur vertu qu’elle leur est avantageuse et méritoire, quand elle se fait par obéissance et pour s’acquitter de leurs devoirs envers le prochain, elles ne sortiront point de la maison sans en avoir la permission de la Supérieure, à laquelle elles diront où elles vont et pourquoi, et au retour se représenteront à elle et lui rendront compte de leur sortie. Celles qui sont dans les collèges ou écoles en useront de même envers la Soeur Directrice qui est à leur tête, laquelle avertira pareillement sa compagne avant que de sortir; et toutes se souviendront en cette occasion de prendre de l’eau bénite, de se mettre à genoux dans leur chapelle ou oratoire pour offrir à Notre-Seigneur en sortant l’action qu’elles vont faire, et pour lui demander sa bénédiction et la grâce de ne le point offenser, comme aussi au retour pour le remercier des grâces qu’il leur a faites, ou pour lui demander pardon des fautes qu’elles auraient peut-être commises.

5° Elles ne feront aucune visite que dans la nécessité et avec la permission de la supérieure ou de la Directrice, quand elles sont éloignées; si elles ont besoin d’aller parler à quelque administrateur ou autres personnes semblables, elles iront toujours deux ensemble, en sorte que la compagne ne perde jamais sa soeur de vue. Que si elles ne peuvent être accompagnées d’une de leurs Soeurs, elles prendront quelque fille de l’école, ou quelque femme du voisinage, qu’elles prieront de ne les point quitter.

6° Elles seront toujours accompagnées de la même façon, quand elles iront secourir ou soigner quelque pauvre ecclésiastique malade, ou quelque personne que ce soit, où elles auraient sujet de se tenir plus soigneusement sur leur garde; elles feront même en sorte, si cela se peut, que d’autres donnent les remèdes à ces personnes-là, et elles ne les donneront point du tout à celles qui seraient dans des lieux suspects, et ne se mêleront point aussi des personnes décriées pour le vice d’impureté ou atteintes du mal qui en procède. Quant aux autres malades, surtout de l’autre sexe, elles useront toujours d’une grande précaution en leur donnant des remèdes, ou en leur rendant quelqu’autre service, et ne s’approcheront pas de trop près d’eux, même durant l’agonie et en les exhortant à la mort.

7° Si quelques personnes du dehors les viennent visiter, elles ne leur parleront point, ni ne feront parler aucune Soeur avec elles, qu’après en avoir eu la permission de la Supérieure ou de la Soeur Directrice, et pour lors elles iront leur parler à la porte ou en quelque lieu proche de la porte, s’il y en a un destiné pour recevoir les personnes du dehors. Elles ne les feront point entrer plus avant dans le corps du logis, et encore moins dans leur chambre, sans un ordre du supérieur, quoique ce fussent des personnes de leur sexe qui demanderaient à voir leur maison. Elles n’y feront pas même entrer les prêtres, ni leurs confesseurs, si ce n’est quand elles sont malades, auquel cas il y aura toujours au moins une Soeur présente en quelque endroit assez proche d’où elle les puisse voir; et elles observeront la même précaution à l’égard du médecin, apothicaire, chirurgien ou autres, qui auraient permission de les visiter dans leurs maladies. Elles n’iront pas à plus forte raison visiter leurs confesseurs ou autres prêtres chez eux, dans leurs chambres, si ce n’est qu’ils soient fort malades; alors elles y peuvent aller, mais toujours deux ensemble sans se quitter; et si hors de ce cas-là, il est nécessaire qu’elles leur parlent, ce sera dans l’église ou à l’entrée de la maison en présence de témoins, et jamais à une heure indue. S’il arrivait par hasard qu’elles se trouvassent seules avec quelque homme que ce fût, elles ne s’arrêteront pas un moment avec lui, à moins que les portes ne soient ouvertes.

8° En quelque occasion qu’elles se rencontrent avec des personnes de l’autre sexe, elles observeront une grande retenue dans leurs paroles et dans leur extérieur, prenant garde de ne leur point témoigner trop de cordialité ni de complaisance, et coupant court avec eux, quoique leur entretien fût de choses de piété, ou de ce qui regarde le soulagement des pauvres, ou de quelque autre chose utile. Pour ce même sujet, elles ne se feront point enseigner à écrire par des hommes, et surtout elles ne souffriront jamais qu’aucun les embrasse ni les touche, sous aucun prétexte que ce soit.

9° Quand elles iront par les rues et dans les maisons où elles auront affaire, elles ne s’arrêteront point avec les externes sans grande nécessité; et pour lors elles tâcheront de satisfaire à leurs demandes en peu de temps, détournant prudemment par quelque bon discours les nouvelles du monde si on leur en disait et elles se donneront bien de garde de s’en informer jamais curieusement, non seulement des externes, mais même de leurs Soeurs, comme aussi des affaires particulières des familles, quoique sous de bons prétextes; cela étant fort contraire à l’esprit de dévotion, et au bon exemple qu’elles doivent au prochain.

10° La sobriété et le bon ordre que l’on garde à prendre sa réfection contribuant beaucoup à la santé tant de l’âme que du corps, et particulièrement à la conservation de la pureté, elles feront leur possible pour se conformer en cela au règlement qui s’observe en la maison de la Supérieure, soit pour la qualité ou quantité des viandes et de la boisson, soit pour les temps et les lieux auxquels on en use. Si quelqu’une pourtant a besoin de boire ou de manger hos des repas ou hors de la maison, ou de prendre quelque nourriture extraordinaire, elle en demandera la permission à la même supérieure ou à la Soeur Directrice du lieu où elle serait.

11° Quoique les continuels travaux des Oblates ne leur permettent pas de faire beaucoup de pénitences et d’austérité corporelles, elles pourront néanmoins en faire quelquefois, avec la permission de la Supérieure aux choses ordinaires et du Supérieur aux choses extraordinaires. Au reste elles se persuaderont que les mortifications extérieures servent de peu, si elles ne sont accompagnées des intérieures, lesquelles consistent à soumettre son jugement et sa volonté aux ordres des Supérieurs, à combattre et surmonter ses passions et mauvaises inclinations, et à refuser à ses sens les satisfactions qu’ils demandent, hors le cas de nécessité.

Notes et post-scriptum