COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE

Informations générales
  • TD41.149
  • COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE
  • I. *De la vie intérieure*
  • Ms du P. Alexis Dumazer CY 56; T.D. 41, pp. 149-150.
Informations détaillées
  • 1 AME SUJET DE LA VIE SPIRITUELLE
    1 ASCESE
    1 BIEN SUPREME
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 ESPERANCE
    1 FEMMES
    1 FOI
    1 POSSESSION DE DIEU
    1 SAINTS
    1 THEOLOGIENS
    1 VERTUS THEOLOGALES
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOIE ILLUMINATIVE
    1 VOIE UNITIVE
    2 BONAVENTURE, SAINT
    2 BOSSUET
    2 DENYS L'AREOPAGITE
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 GROU, JEAN-NICOLAS
    2 JEAN DE LA CROIX, SAINT
    2 LOUIS DE GRENADE
    2 MARIE DE JESUS DE AGREDA
    2 PAUL, SAINT
    2 THERESE, SAINTE
  • Etudiants assomptionistes
  • 1872-1873
La lettre

La vie intérieure a été étudiée et décrite par trois sortes de personnes: des théologiens, des saints et enfin des saints théologiens. Les premiers, comme Grenade, le P. Grou, Bossuet, etc., ont porté leurs investigations dans certaines conceptions pieuses, mais hasardées, et ont pu montrer ainsi quelquefois les erreurs de certains mystiques, sans connaître la vie mystique par expérience. Les saints ont traité les mêmes questions et n’ont été canonisés qu’après un examen approfondi de leurs écrits, examen qui leur sert de garantie pour nous. Il faut remarquer à ce sujet que les femmes transforment souvent en communications célestes les doctrines de leurs directeurs (sainte Thérèse, Marie d’Agréda, etc.). Les théologiens écrivent par méthode, les saints procèdent davantage par expérience personnelle. Les saints qui ont été en même temps théologiens nous offrent les deux avantages; c’est donc à eux qu’il faut s’en tenir (S. Bonaventure, S. Jean de la Croix, S. François de Sales).

On distingue différents états dans la vie mystique, mais tous les auteurs ne les divisent pas de la même manière: les saints énumèrent en général ceux par lesquels ils ont passé. Il ne faut pas confondre les états de la vie intérieure avec les états d’oraison.

On distingue en général trois états dans la vie mystique: la vie purgative, la vie illuminative, la vie unitive. Dans la première, l’âme cherche à se débarrasser de ses souillures et de ses imperfections; dans la seconde, elle commence à considérer toutes choses dans la lumière de Dieu; dans la troisième, elle est enflammée du désir de s’unir à Dieu. Les saints se sont servis de différentes comparaisons pour nous expliquer ces trois états. Sainte Thérèse compare l’âme à un jardinier. Dans le premier état, ce jardinier n’a qu’un puits d’où il est obligé de tirer l’eau à grand peine; dans le second, il arrose son jardin de l’eau d’une source et n’a qu’à ouvrir les conduites et à diriger l’eau; enfin dans le troisième état, il n’a aucune peine, parce que l’eau tombe en abondance au temps voulu.

Pour saint Bonaventure, l’âme est semblable à un séraphin qui de deux ailes se voile le corps, de deux autres la face, et se sert des deux dernières pour voler vers Dieu.

Saint Jean de la Croix dit que l’âme est comme un voyageur qui commence à marcher vers le soir; la nuit se fait, l’âme se dépouille de ses sens et marche à la lueur d’un reste de lumière naturelle; bientôt arrive le plein minuit, où l’âme ne vit que de la foi; après minuit l’aube, commencement de lumière surnaturelle, en attendant le plein jour qui est le ciel.

Ces trois états de l’âme sont encore désignés par les auteurs mystiques sous les noms d’état des esclaves, qui ne font rien que par la terreur des jugements de Dieu; des mercenaires qui agissent dans l’espoir de la récompense; des enfants qui craignent seulement de déplaire à leur père.

Quant à la manière dont ces trois états se rapportent aux trois vertus théologales, les uns veulent commencer par l’espérance et continuer par la foi, mais Notre-Seigneur: (nisi credideritis, non intelligetis) et saint Paul: (Accedentem ad Deum oportet credere quia est) mettent en premier lieu la foi; et c’est logique, car la foi nous montre, selon l’expression de saint Jean de la Croix, le tout de Dieu et le néant des créatures; la foi nous donne la lumière surnaturelle, et alors l’espérance illuminée par elle désire aller à Dieu comme bien suprême, en attendant de le posséder par l’amour.

Notes et post-scriptum