- TD41.152
- COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE
- II. *Des sources de la théologie mystique*
2° Notre-Seigneur Jésus-Christ - Ms du P. Alexis Dumazer CY 56; T.D. 41, pp. 152-156.
- 1 AMOUR DU CHRIST
1 ANEANTISSEMENT
1 APOSTOLAT DES RELIGIEUX
1 CHRIST CENTRE DE LA VIE SPIRITUELLE
1 DIEU LE FILS
1 ESPRIT APOSTOLIQUE DE L'ASSOMPTION
1 ETUDE DES PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
1 EUCHARISTIE
1 FOI
1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
1 IMITATION DE JESUS CHRIST
1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
1 JESUS-CHRIST MODELE
1 NOTRE-SEIGNEUR
1 PRETRE
1 REGNE
1 RELIGIEUX
1 SALUT DES AMES
1 ZELE APOSTOLIQUE
2 BASILE, SAINT
2 BOSSUET
2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
2 JEAN, SAINT
2 PAUL, SAINT - Etudiants assomptionistes
- 1872-1873
« Dieu a parlé de différentes façons par les prophètes, en dernier lieu il a parlé par son Fils ». Novissime locutus in Filio. Il veut que nous écoutions ce Fils bien aimé, Ipsum audite. C’est donc à Notre-Seigneur qu’il faut aller pour avancer dans la perfection. Et d’ailleurs, Jésus-Christ n’est-il pas notre médiateur: Unus mediator Dei et hominum homo Christus Jesus. Et lui-même n’a-t-il pas dit: Nemo venit ad Patrem nisi per me.
Nous pouvons aller à Notre-Seigneur Jésus-Christ de trois manières: 1° par l’étude; 2° par l’amour; 3° par l’imitation.
I. Etude de N.S.J.C. – Etudier Jésus-Christ, c’est étudier la perfection même, puisque en lui inhabitat plenitudo divinitatis corporaliter, et qu’ainsi la divinité a pris un corps pour nous devenir accessible. L’humanité de Notre-Seigneur n’est pas moins parfaite, puisque saint Paul nous dit encore: In quo complacuit omnem plenitudinem inhabitare; et qu’est-ce que cette plénitude, sinon la perfection de Dieu. Jésus-Christ est donc le livre vivant que nous devons étudier, livre parfait et dans lequel, à la différence des autres livres, le travail humain est aussi parfait que le fond, car suivant une autre expression de l’Apôtre: In quo sunt omnes thesauri sapientiae et scientiae absconditi. D’où nous voyons qu’il faut puiser en Notre-Seigneur deux sortes de connaissances: la sagesse qui correspond aux moyens surnaturels et la science qui implique l’étude par les moyens naturels.
Qu’il y ait pour nous une obligation d’étudier par les moyens naturels N.S.J.C., c’est un fait incontestable, et saint Chrysostome répondait à Basile qui lui objectait l’exemple de saint Paul: « Vous pourrez vous dispenser d’étudier, quand vous aurez comme saint Paul l’assistance du Saint-Esprit ». Le peu de fruit qu’on fait dans les âmes vient souvent du peu de soin que l’on a eu d’étudier Notre-Seigneur, même par les moyens humains; et nous, membres d’une Congrégation apostolique, nous avons une plus stricte obligation de connaître scientifiquement Notre-Seigneur, pour le défendre contre ses ennemis qui prétendent se placer sur le terrain de la science, et pour en parler d’une manière plus attrayante, afin de le faire aimer davantage.
Mais combien plus impérieuse devient cette obligation, si nous nous plaçons au point de vue surnaturel! Est-il possible de faire du bien aux âmes, si nous n’avons pas trituré nous-mêmes les aliments que nous voulons leur donner, si nous n’avons pas vivifié nos études naturelles par une pensée surnaturelle. In ipso vita erat et vita erat lux. Cette Lumière intellectuelle, c’est la science, et cette science doit être vivante, sans quoi elle n’est plus lumière, mais ténèbres; et si cette vie vient à manquer, ce n’est plus Jésus-Christ. N’est-ce pas la raison pour laquelle tant de sermons portent si peu de fruits? On les fait avec l’intelligence seule, sans le concours du coeur et de la foi, et on ne réussit ni à faire le bien, ni à empêcher le mal.
II. L’étude et la connaissance de Jésus-Christ nous conduisent à l’amour, car Ignoti nulla cupido. Il y a deux amours: l’amour naturel et l’amour surnaturel. Bien des personnes même pieuses s’arrêtent à l’amour naturel de Jésus-Christ. Nous devons aller plus loin, et, sans rejeter entièrement les sentiments affectifs et sensibles, c’est surtout d’une manière surnaturelle que nous devons tendre vers Notre-Seigneur, et c’est dans cette voie que nous devons pousser les âmes trop souvent disposées à s’arrêter à la sensibilité de l’amour naturel. Comment développer en nous cet amour? Par la foi qui nous donnera une connaissance plus parfaite de Notre-Seigneur, qui nous rappellera sans cesse tout ce qu’il a fait pour nous, et les sentiments de gratitude qui doivent remplir nos coeurs à son égard. Nous [nous] écrierons avec saint Jean: Diligamus ergo Deum, quoniam ipse prior dilexit nos. Nous nous souviendrons de ces paroles de Dieu même: In caritate perpetua dilexi te: ideo attraxi te, miserans tui. Car le but de Notre-Seigneur est de relier le ciel à la terre par son sacrifice et son amour: Pacificans per sanguinem crucis ejus, sive quae in caelis sunt. Et le premier résultat sera un sentiment d’admiration. Notre âme, suivant l’expression de Bossuet, ne pourra s’empêcher de s’écrier: O Jésus-Christ! O Jésus-Christ! De cette admiration naîtra l’amour et nous dirons avec saint Paul: Caritas Christi urget nos. Et c’est ainsi que Jésus- Christ, connu par les différents moyens dont il a été parlé plus haut nous pousse vers la perfection et l’union. Comme conséquence, nous connaîtrons mieux le peu que nous sommes, nous comprendrons quelle source d’humilité se trouve dans la contemplation de Dieu, nous dirons avec saint Paul: Si quis non amat D.J.C. sit anathema. Et comme cet amour de Notre-Seigneur pour nous exige de la reconnaissance, nos intentions, nos mouvements prendront une direction tout autre. Nous nous élèverons par l’humanité de Notre-Seigneur à l’amour de Dieu, et comme application au temps présent, nous nous rappellerons ce texte prophétique de saint Augustin: Fecerunt civitates duas amores duo, terrenam scilicet amor sui usque ad contemptum Dei, coelestem vero amor Dei usque ad contemptum sui. Nous en conclurons la nécessité d’une nouvelle forme de la piété. La société moderne a chassé Dieu de son sein, il faut donc refaire la cité de Dieu. D’autre part, notre âme pénétrée de la nécessité d’aimer Jésus-Christ se trouve trop étroite pour l’aimer assez, et de là naîtra en elle un grand désir de faire aimer Dieu par les autres, et ce sera la science de notre zèle apostolique. L’amour des âmes n’a-t-il pas été le principe de l’apostolat de Notre-Seigneur? Le prêtre se trouvera donc ainsi entre deux sentiments: il est envoyé par Notre-Seigneur, il aime d’être ainsi envoyé; et ces deux sentiments le feront grandir dans la sainteté: Ascensiones in corde suo disposuit. Mihi vivere Christus est.
III. L’amour veut des preuves. Notre-Seigneur a dit: Non omnis qui dicit mihi: Domine, Domine, intrabit in regnum caelorum, sed qui facit voluntatem Patris mei. Et ailleurs: Si diligitis me, mandata mea servate. Il faut donc montrer notre amour par la pratique, il faut que nous copiions notre modèle Jésus-Christ: Aspice, et fac secundum exemplar. Ce modèle, c’est Dieu lui-même, c’est la perfection: Estote et vos perfecti, sicut Pater vester caelestis perfectus est. Jésus-Christ Dieu propose Dieu comme modèle à tous les hommes. Il exige de tous les hommes au moins une perfection relative. Or le plus haut degré de perfection est la vie religieuse, nous sommes donc obligés d’avancer sans cesse. Pour cela nous devons imiter Notre-Seigneur J.C. Mitis sum et humilis corde. Exinanivit semetipsum. Christus sibi non complacuit. Douceur, bienveillance, mais surtout humilité. Nous trouverons cette humilité à Bethléem, au Calvaire, dans le tabernacle. A Bethléem, c’est Jésus anéanti sous la forme d’un enfant couché dans une crèche. Invenietis infantem… positum in praesepio. Au Calvaire, c’est l’anéantissement dans la douleur: Virum dolorum. Posuit in eo Dominus iniquitates omnium nostrum. Au tabernacle, anéantissement plus grand encore, s’il est possible. Celui qui peut créer et transformer les substances se cache sous un peu de pain et de vin, il obéit au prêtre coupable qui monte à l’autel, au mauvais chrétien qui profane le sacrement: Agnus tanquam occisus. Obediens usque ad mortem. La pauvreté, l’humilité, l’obéissance ressortent partout, accompagnées du sacrifice et de l’abandon complet entre les mains de Dieu. Et c’est pour cela que Jésus-Christ doit être le commencement et le terme de notre perfection: Ego sum et , et que nous devons nous établir en lui, instaurare omnia in Christo. Le religieux doit donc être l’imitateur de Jésus-Christ, afin de pouvoir dire aux âmes: « Imitez-moi comme j’imite Jésus-Christ ». Imitatotes mei estote, sicut et ego Christ*, et voilà la raison dernière de tous nos travaux.