- TD42.073
- SERMON SUR L'ESPRIT DE FOI POUR LE DIMANCHE DE LA PASSION
- [Exorde]
- Orig.ms. (brouillon) CP 123; T.D. 42, pp. 73-75.
- 1 EGLISE
1 ENNEMIS DE JESUS-CHRIST
1 FOI
1 JESUS-CHRIST
1 JUIFS
1 RACE DE SATAN
1 SAINTETE DE L'EGLISE
1 SATAN
2 ABRAHAM
2 PAUL, SAINT
3 NIMES
3 ROME - Cathédrale de Nîmes
- 17 mars 1839
Quis ex vobis arguet me de peccato? Si veritatem dico vobis, quare non creditis mihi?
Les temps approchent, où le Christ va être mis à mort et où les Juifs, par le plus grand des crimes, vont coopérer à l’oeuvre la plus merveilleuse du créateur. Cependant afin de montrer d’avance toute l’injustice de sa condamnation, le Sauveur des hommes veut faire son apologie. « Qui de vous, dit-il à la foule réunie dans le Temple, qui de vous me convaincra de péché? » A quoi les Juifs ne répondent rien. « Si donc, poursuit Jésus, je vous prêche la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? » Quis ex vobis…
Comme son divin fondateur, l’Eglise objet d’une fureur non moins grande demande à se justifier. Car, de même que les docteurs de la loi mosaïque citaient à leur tribunal celui dont la loi n’était que l’ombre et la figure, de même on voit aujourd’hui les enfants de cette épouse du Sauveur obligés à rendre compte de sa doctrine et de ses bienfaits. Eh bien, c’est au nom de l’Eglise que je viens leur adresser les mêmes questions qu’autrefois Jésus aux Scribes et aux pharisiens, lorsqu’il voulait confondre leur orgueil et leur hypocrisie. « Qui de vous, leur demande-t-elle, me convaincra de péché? Ai-je altéré le dépôt qui me fut confié sur le Calvaire? Ai-je troublé les eaux de la vie éternelle, par lesquelles je puis étancher votre soif? Ai-je aggravé le joug imposé à vos pères, et les préceptes que je vous donne ne les ai-je pas de jour en jour adoucis, afin de les proportionner à votre faiblesse? Ai-je par d’impures vapeurs obscurci l’éclat de celui qui est la lumière du monde? Ai-je transigé avec l’erreur? Si donc je vous prêche toujours la même vérité, pourquoi ne me croyez-vous plus? Quis ex vobis…«
Je vous entends, mes frères, vous récrier et me dire: « Quoi donc! nous ne croyons plus à l’Eglise? Et qui plus que nous a la foi gravée dans le coeur? ». Je vous rends justice, mes frères, et je pourrais adresser aux habitants de Nîsmes le même éloge que saint Paul aux Romains, lorsqu’il remercia Dieu de ce que leur foi était connue du monde entier. Primum quidem gratias ago Deo meo, quia fides vestra annuntiatur in universo mundo. Mais, mes frères, les Juifs aussi avaient la foi. Ils croyaient aux promesses faites aux patriarches; ils disaient: « Abraham est notre père », avec le même orgueil que vous dites: « Nous sommes les enfants de l’Eglise ». Et que leur avait répondu le Sauveur? « Si vous êtes les enfants d’Abraham, faites des oeuvres dignes d’Abraham ». Et moi, je vous dis: « Si vous êtes les enfants de l’Eglise, faites des oeuvres dignes de votre mère ».
Le Sauveur poursuit et s’adressant aux Pharisiens: « Votre père, c’est le tentateur, c’est Satan, et vous voulez accomplir les desseins de votre père. Or il était homicide dès le commencement, et c’est pour cela que vous voulez ma mort ». Vos ex patre diabolo estis, et desideria patris vestri vultis facere. Ille homicida erat ab initio. Oh! mes frères, serait-il vrai qu’au lieu d’être les enfants de l’Eglise, nous fussions les enfants de son plus cruel ennemi, de celui dont l’unique désir est son anéantissement. Vous ne voulez pas la frapper, dites-vous, et que faites-vous cependant lorsque vous la trahissez, lorsque vous rougissez d’elle, que vous violez ses préceptes, qu’on ne vous voit plus dans ses temples qu’à de rares intervalles, que vous fuyez ses bienfaits et ses sacrements, que vous avez peur de sa parole?
Convenez-en, elle peut bien prêcher encore la vérité, mais vous ne la croyez plus. Vous n’avez plus la foi. Et ici je ne veux pas parler de cette foi de théorie, qui semble revenir dans plusieurs intelligences par un travail que je ne prétends pas nier, mais cette foi pratique qui se manifesterait par vos oeuvres, si ses racines plongeaient réellement jusqu’au fond de votre coeur. Si veritatem…
Cette foi, mon dessein est de la ranimer aujourd’hui parmi vous, et je chercherai à vous instruisant [= instruire] sur un des principaux caractères de l’esprit de foi, que je trouve indiqué dans l’évangile, lorsque après avoir reproché aux Juifs leur incrédulité, le Sauveur ajoute: Celui qui appartient à Dieu, écoute et comprend les choses de Dieu. Qui ex Deo est, verba Dei audit. Nous examinerons ce qu’il faut entendre par cette intelligence; et c’est ce qui, selon nous, constitue à proprement parler l’esprit de foi. Ce sera le sujet d’une première réflexion.
Dans une seconde réflexion, nous combattrons les obstacles qui s’opposent à l’esprit de foi.
Marie, mère et reine des croyants, priez pour nous. Marie, mère de Jésus, de l’auteur et du consommateur de notre foi, priez pour nous.