NEUVAINE A SAINT PIERRE POUR DEMANDER A DIEU DE VENIR AU SECOURS DE SON EGLISE

Informations générales
  • TD42.100
  • NEUVAINE A SAINT PIERRE POUR DEMANDER A DIEU DE VENIR AU SECOURS DE SON EGLISE
  • SECOND JOUR: FOI DE SAINT PIERRE
  • Orig.ms. CP 124; T.D. 42, pp. 100-109.
Informations détaillées
  • 1 APOTRES
    1 AUGUSTIN
    1 CONNAISSANCE
    1 DIEU
    1 DIEU LE FILS
    1 EGLISE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 ETRE HUMAIN
    1 FAUSSES DOCTRINES
    1 FOI
    1 GRACE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 INTELLIGENCE
    1 JESUS-CHRIST
    1 LOI ANCIENNE
    1 LOI NOUVELLE
    1 PAPE
    1 PERSEVERANCE
    1 PURIFICATION
    1 REVELATION
    2 ABRAHAM
    2 ADAM
    2 BOSSUET
    2 DAVID, BIBLE
    2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
    2 MOISE
    2 PAUL, SAINT
    2 PIERRE, SAINT
    3 SINAI
  • 1838-1839
La lettre

Respondens Simon Petrus dixit ei: Tu es Christus, filius Dei vivi. Pierre lui répondant, dit: « Vous êtes le Christ, fils du Dieu vivant ».

La foi est ce rayon qui perce les ténèbres dont ici-bas nos âmes sont environnées, et nous guide à la lumière éternelle que nous ne pouvons posséder pleinement dans ce lieu de passage. Emanation de la raison éternelle, elle vient fortifier notre raison si débile ou plutôt lui montrer son impuissance, la soumettre, l’anéantir pour ainsi dire, et, prenant sa place, nous élever jusqu’à Dieu, nous donner une notion de ses perfections infinies, notion qui ne se développera pleinement que plus tard, et commencer entre le créateur et la créature une société à laquelle l’amour donnera sa perfection.

La foi est le chemin de l’homme vers Dieu. Dieu l’indique à l’homme, et si Dieu ne le lui montre pas, l’homme de son propre fond est incapable de le trouver. L’homme est libre de le suivre, mais en le suivant et malgré les secours que lui présente une main miséricordieuse, il peut procurer la gloire à celui qui le comble de bienfaits. Et c’est ainsi que, selon la pensée de saint Augustin, la foi est le don de Dieu et le mérite de l’homme. Mais la foi, pour être méritoire, acquiert plusieurs conditions que nous trouvons à un degré excellent dans celle de saint Pierre. D’abord elle est divine, en second lieu constante.

Premier point: La foi de saint Pierre est divine.

Beatus es, Simon bar Jona, quia caro et sanguis non revelabit tibi, sed Pater meus qui in caelis est. Les premières lueurs de la foi ont brillé sur le berceau du genre humain, et, depuis que Dieu a soufflé sur le premier homme jusqu’au nouvel Adam, en qui nous avons été régénérés, la foi, malgré les erreurs des nations qui avaient corrompu leurs voies et les égarements du peuple choisi, la foi, sortie de la Sagesse éternelle, se conserva intacte, comme un rayon sorti du soleil conserve sa pureté même en tombant sur une eau bourbeuse et corrompue. Dieu, par de fréquentes communications avec des hommes choisis, la renouvelait, l’entretenait sans cesse. Abraham, le père des croyants, Moïse au Sinaï, David et les autres prophètes furent chargés d’en conserver le dépôt, de reprocher au peuple élu pour être le témoin des promesses le mépris de ces promesses mêmes. Mais la foi restait encore morte pour ainsi dire. Celui qui devait lui donner la vie n’était pas encore venu, et gravées sur la pierre froide les volontés de Dieu, selon la pensée de saint Paul, n’étaient que des lettres stériles qui tuaient, au lieu de vivifier. Il fallut que Jésus-Christ vînt donner aux hommes, avec une foi plus grande, c’est-à-dire avec une plus grande lumière, la connaissance de plus grandes vérités et la force d’exécuter la loi qu’il était venu accomplir en la rendant praticable et méritoire pour les hommes.

Alors la foi ne fut plus un moyen de perdition, mais le salut; et de même que l’ancienne Loi avait été écrite sur une table de pierre, de même la loi nouvelle fut, comme dit un pieux auteur, gravée sur une table de chair. Et lorsque Jésus-Christ dit à saint Pierre: « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église, il lui dit par là: La Loi ancienne, gravée sur la pierre, est impuissante; l’édifice qui était fondé sur cette base n’est plus assez vaste pour contenir les adorateurs, que je vais par ma mort donner à mon Père; j’en vais élever un nouveau, et ce temple cimenté par mon sang sera éternel. Tu en seras la base, et de même que la Loi ancienne reposait sur les tables de pierre, que je gravai de ma main et que je donnai à Moïse, de même je graverai en toi ma loi nouvelle et ton coeur sera la table sur laquelle j’écrirai ma réconciliation avec les hommes.

En effet, quel était le lien de cette réconciliation? N’était-ce pas Jésus-Christ? La divinité unie à l’humanité, un Dieu donnant un prix infini aux souffrances d’un homme. Et ne fut-ce pas saint Pierre, qui, le premier, proclama ce grand mystère, lorsque son Maître demandant à ses apôtres ce qu’ils pensaient de lui, il s’écria: « Vous êtes le Christ, fils du Dieu vivant ». Aussi Jésus-Christ lui répondit-il: « Vous êtes heureux, Simon, fils de Jean, car ni la chair ni le sang ne vous a révélé ces choses, mais mon Père qui est dans les cieux ». Il n’y a rien d’humain dans ses paroles, les hommes ne l’ont point instruit. Dans le moment où saint Pierre parle, plusieurs disciples rebutés par la dureté de la doctrine abandonnaient le Seigneur. Ce n’est point un amour naturel. L’amour, pas plus que l’intelligence, n’est capable de soulever la profondeur des mystères de Dieu, car ce n’est ni la chair ni le sang qui vous a révélé ces choses. Qui donc? « Mon Père qui est dans le ciel ».

Pierre est donc le premier à participer aux développements immenses que Jésus-Christ devait donner à la foi. Jusque-là l’humanité gémissant sous le poids de ses maux demandait quand viendrait son libérateur. Pierre est le premier, à qui une illumination divine le présente arrivé, prêt à accomplir sa mission, à rendre au peuple que Dieu a donné pour héritage au Messie les biens et le bonheur promis par les prophètes. Et il est si vrai que la foi de Pierre est divine que lui-même ne sait pas comment le Christ doit entrer en possession de sa gloire.

Ecoutons saint Chrysostome. Dès lors Jésus commença à leur apprendre ce qu’il avait à souffrir. Il s’arrête aux points les plus difficiles, il leur développe sa pensée, afin d’ouvrir leur intelligence et qu’ils comprennent ce qui est écrit. Mais ils ne comprirent point, et c’était un mystère pour eux. Ils craignaient de l’interroger, non pour savoir s’il devait mourir, mais de quelle manière. Et où était en cela le mystère? C’est qu’ils ignoraient qu’il dût ressusciter et ils préféraient ne pas croire à sa mort. Dans le trouble et l’agitation des autres disciples, Pierre, toujours enflammé, ose seul lui parler; non pas, il est vrai, en public, mais en le prenant à part. Il lui dit: « Qu’il ne vous plaise point, Seigneur, que pareille chose vous arrive! » Quoi donc, celui qui a eu une révélation, qui a été appelé bienheureux, tombe ainsi tout à coup et se trompe au point de craindre la mort de son maître? Et qu’y a-t-il d’étonnant que celui qui n’a pas eu de révélation sur ce point puisse se tromper. Or, afin que vous sachiez que plus haut il n’a point parlé de lui-même, voyez comment il se trouble et s’embarrasse dans les choses qui ne lui sont pas révélées.

Ainsi donc tant que le Père révèle, Pierre est sûr de dire la vérité. Or le Père lui révèle toujours, depuis que le Fils eut prié pour que sa foi ne défaillît pas. C’est ce que Jésus-Christ lui dit: « Vous êtes heureux, Simon Pierre, parce que la chair et le sang ne vous a point révélé ces choses, mais mon Père qui est dans le ciel ». Quelle devait être grande la mission de celui que le Père se plaisait à instruire lui-même, à qui il révélait les secrets que son intelligence encore faible, encore dénuée des dons du Saint-Esprit, était incapable de porter!

Les hommes reçoivent la foi par le ministère des hommes: fides ex auditu, dit saint Paul. La foi vient par les sens. Les hommes transmettent aux hommes ce don céleste. Telle est la loi fixée par Dieu et à laquelle sont assujettis les autres apôtres. Pierre seul en est exempt. Ni la chair ni le sang ne lui révèlent les mystères qu’il annoncera un jour aux nations. Le Père lui-même lui explique la mission de son Fils, lui-même il forme cet ouvrier qui élèvera l’édifice de l’Eglise, lui-même il taille pour ainsi dire cette pierre, qui, appuyée sur la pierre angulaire, en sera l’inébranlable fondement.

Second point: Constance de la foi de Pierre.

Rogavi pro te, ut non deficiat fides tua. Pierre, après avoir reçu une révélation d’en haut, sera appelé Satan par Jésus-Christ. Pourquoi cela? Parce qu’après avoir parlé selon ce qui lui avait été révélé, il parle selon la chair et le sang, parce que son intelligence n’a pas été en cela instruite par le Père. Mais au moment de souffrir, au moment d’abandonner ses disciples, Jésus-Christ les recommande à celui qu’il leur avait donné pour chef; et, pour leur inspirer une plus grande confiance, il dit à Pierre, en présence des disciples: « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point. Après donc que tu seras revenu de ta chute, confirme tes frères ». Instruis-les selon les révélations que tu recevras du Père et de l’esprit de consolation. Et, en effet, dès que Jésus-Christ, qui n’a jamais prié inutilement, a donné par son sang une puissance infinie à sa prière, Pierre est fortifié dans la foi, et bientôt on le verra s’efforçant, par la grandeur de ses conquêtes, de reconnaître la grandeur des grâces dont il a été inondé. Sa vie ne sera plus qu’un modèle continuel de la foi des chrétiens; il sera, selon la pensée de Bossuet, cette règle parfaitement droite et nullement courbe, contre laquelle ce qui n’est pas droit viendra se briser.

Jetons un regard sur le terrible contraste que nous présente l’humble foi de cet homme ignorant et grossier, mais que la grâce de Dieu a rendu ferme, inébranlable, le juge de la foi des autres, le centre auquel doivent se réunir tous les fidèles pour arriver à Jésus-Christ, et les variations déplorables qui sans cesse agitent, bouleversent les intelligences des plus profonds génies, lorsqu’ils ne veulent s’appuyer que sur eux-mêmes. Tel que les sables mobiles, dans lesquels on s’enfonce et l’on périt, lorsque la mer les a remués, leur esprit déjà fragile perd tout consistance, dès que le flot des passions a passé dessus. Et une destinée si misérable n’est-elle pas celle de tous ceux qui n’ont pas voulu imiter la constance de saint Pierre et se rattacher à sa foi? D’un côté, des ténèbres salutaires que vient dissiper peu à peu une lumière douce et pure; de l’autre, quelques clartés trompeuses qui éblouissent comme l’éclair et ne font que mieux sentir l’effrayante obscurité qui presse de toute part, et découvrir les abîmes qui environnent sans laisser voir aucune issue.

Attachons-nous à la foi de Pierre, demandons à Dieu de nous accorder la foi constante qu’il lui donna, et si nous étions jamais tentés de suivre l’impulsion malheureuse qui perd tant d’âmes aujourd’hui, arrêtons-nous un moment à considérer la destinée déplorable de tant d’intelligences qui se livrent à tout vent de doctrine, ne recueillent de leur dur labeur que souffrance, que regrets, et descendent dans le tombeau avec désespoir. Alors, de même qu’un homme tenté d’affronter le péril de la mer, recule avec effroi et sent mieux le prix du repos, s’il voit de la plage de malheureuses victimes de la fureur des vagues; de même, à la vue de ces nombreux et tristes naufrages des intelligences, nous comprendrons bien mieux le bonheur d’habiter cet édifice qu’aucune tempête ne submerge, là où se trouve toute la richesse, toute la félicité où peut prétendre le coeur humain.

Troisième point: Grandeur de la foi de saint Pierre.

Tu es Christus, filius Dei vivi. La foi que Dieu avait placée dans le coeur de Pierre ne fut point stérile. Jésus-Christ avait dit que la parole de Dieu tombait souvent sur du mauvais terrain et qu’elle restait sans fruit, mais que souvent aussi elle tombait sur un terrain fécond et qu’alors elle produisait au centuple. Qui a fait fructifier plus la foi que saint Pierre? Sans parler des abondantes moissons que lui-même recueillit chez les Juifs et chez les Gentils, sans parler des fruits immenses que ses successeurs ramassent encore là où il avait semé, ne contemplons que la soumission avec laquelle il reçoit les dons qui lui étaient faits, et voyons comment il veut être notre modèle sur ce point.

La foi, pour être salutaire, n’entre dans l’esprit que par un sacrifice, dans lequel le vieil homme est immolé. C’est un feu qui, pour donner la chaleur et la vie, a besoin de consumer jusqu’à leurs dernières racines les passions, qui, semblables à ces ronces dont est encombrée une terre en friche, embarrassent le coeur et l’empêchent de porter aucun fruit. Lorsque le texte sacré s’adressant à Dieu dit: « Vous enverrez votre esprit, et tout sera créé »; c’est qu’en effet, lorsque l’Esprit-Saint fait sentir à l’âme ses premières influences, c’est par la foi, et c’est par elle qu’il commence à créer l’homme de nouveau; à épurer ses facultés de toutes les souillures qu’elles ont reçues, lorsqu’elles ont servi d’instrument à des actions, à des pensées mauvaises; à réprimer la révolte des sens, à les faire rentrer dans la soumission dans laquelle ils doivent servir, afin que Dieu qui a en horreur le désordre, qui est la raison de tout ordre, et lui-même l’ordre infini, puisse entrer en rapports avec la créature, et, dans une société intime, ineffable, lui communiquer toutes ses faveurs.

Mais la grâce ne doit pas faire tout. Il faut de la part de l’âme ainsi prévenue, ainsi comblée, une coopération forte, généreuse, et c’est cette coopération que nous pouvons bien admirer dans saint Pierre. Sans doute le Père céleste lui a révélé que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, mais avec quelle promptitude ne répond-il pas? Jésus-Christ, dit un Père de l’Eglise, demande à ses disciples ce qu’ils pensaient de lui. C’est comme s’il leur eût dit: « Vous qui êtes toujours avec moi, qui m’avez vu faire des miracles, qui en mon nom avez fait vous-mêmes tant de prodiges, que dites-vous de moi? » – Que répond la bouche des apôtres, Pierre? Toujours brûlant, ce chef du choeur apostolique, lorsque tous sont interrogés, répond seul. Lorsque Jésus demandait l’opinion du peuple, tous ont parlé. Lorsqu’il s’adresse aux disciples, Pierre s’avance, les prévient et répond: « Vous êtes le fils du Dieu vivant ». Quelle foi, quel zèle! Quel zèle, quelle ardeur! Comme il domine tout, comme il devance toute parole! La parole de Pierre semble jaillir de son coeur avec la même impétuosité qu’un torrent, dont on a rompu la digue.

Voyez encore. Lorsque Jésus-Christ expliquant aux Juifs le mystère adorable de l’eucharistie, lorsque plusieurs disciples s’étaient retirés en disant: « Cette parole est dure, qui peut l’entendre? », le Sauveur se retourne vers les apôtres, et, comme pour les tenter: « Et vous aussi, voulez-vous vous en aller? » Pierre, dit saint Augustin, répond pour tous, un seul pour la multitude, l’unité pour l’universalité. Simon Pierre répondit: « Seigneur, à qui irions-nous? Vous nous repoussez loin de vous, donnez-nous un autre que vous. A qui irons-nous, si nous nous retirons de vous? A qui irons-nous? Vous avez les paroles de la vie éternelle ». Voyez comment Pierre par le don de Dieu, par la seconde création du Saint-Esprit, a su comprendre. N’est-ce pas ce qu’il a cru? Vous avez les paroles de la vie éternelle. Vous avez, en effet, la vie éternelle dans la dispensation de votre corps et de votre sang, et nous avons cru et connu. Il ne dit pas: « Nous avons connu et cru, mais nous avons cru et connu. Nous avons cru, afin de connaître. Car si nous avions voulu connaître et ensuite croire, connaître et croire nous eût été impossible. (In Joan. cap. 6, v. 28).

Tant il est vrai que la foi est le fondement de toute science et que sans la foi toute science n’est que vanité. Or, quel n’est pas le privilège de saint Pierre, qui par la grandeur de sa foi, inébranlable même alors que tous les disciples abandonnaient son maître, lorsqu’il n’en comptait plus que douze et qu’il voyait se dissiper les premiers membres de son Eglise naissante, avait connu que son maître seul avait les paroles de vie; quel n’est pas, dis-je, son privilège d’avoir par ses paroles rassuré les apôtres ébranlés, et proclamé par une seconde révélation d’en haut que le Christ seul possédait les paroles de vie, que lui seul pouvait satisfaire l’âme en lui donnant un aliment et en la conduisant à la science par le foi!

Saint Chrysostome semble avoir résumé en quelques mots toutes les qualités de cette foi, lorsqu’il dit: « Pierre, le chef des apôtres, le premier dans l’Eglise, l’ami de Jésus-Christ, qui reçut une révélation non des hommes, mais du Père, comme le lui assura son maître: « Vous êtes heureux, Simon, fils de Jean, parce que ni la chair ni le sang ne vous l’ont révélé, mais mon Père qui est dans le ciel ». Quand je dis Pierre, je dis un rocher qu’on ne peut ébranler, une base qu’on ne peut renverser, le grand apôtre, le premier des disciples, le premier appelé et le premier qui ait obéi. Et c’est parce que le premier il a obéi à la foi qui l’appelait, qu’il a mérité de recevoir les dons les plus abondants de la foi, de s’identifier pour ainsi dire à cette vertu, et d’en être pour toute l’Eglise la règle dans sa personne et dans celle de ses successeurs ».

Prière. – O Dieu, qui, par un effet de votre amour infini, avez voulu régénérer l’homme après sa chute, et qui avez réparé les ruines déplorables que la science du bien et du mal avait faites dans son intelligence orgueilleuse, en la justifiant par la foi, daignez jeter un regard de miséricorde sur votre Eglise, attaquée plus que jamais et que ses ennemis s’efforcent d’ébranler en l’arrachant à ses bases, en la séparant de la foi de saint Pierre et de ses successeurs. Ne permettez pas que nous nous séparions de ce centre d’unité, que nous affrontions la tempête sur une autre barque que sur celle de Pierre, que nous bâtissions l’édifice de notre salut sur un autre rocher que sur celui où vous avez élevé votre Eglise. Et à qui irions-nous, Seigneur? vous dirons-nous avec le chef des apôtres. N’avez-vous pas les paroles de la vie éternelle? A qui irions-nous? Aux hommes qui ne sont que d’hier, à ces malheureux, qui, fatigués de croire, comme on est fatigué du repos, se sont livrés à la révolte de leurs pensées, et, entraînés dans tous les sens, n’ont encore trouvé hors de vous, (ô mon Dieu) rien de stable, rien de fixe, rien de certain, rien qui puisse étancher la soif qui les dévore, depuis que dans leur folie ils ont rejeté l’eau vive, dont vous désaltérez ceux qui savent le don de Dieu et dont la source jaillit dans la vie éternelle?

A qui irions-nous, Seigneur? Serait-ce à ceux qui, après avoir profité de vos lumières, ont par une haine aussi grande que leur ingratitude juré de renverser cette religion, dont ils recueillent tous les jours les immenses bienfaits? A ceux qui dans leur rage infernale vont criant comme autrefois les ennemis de Jérusalem: Exinanite, exinanite usque ad fundamentum in ea; anéantissez-la, anéantissez-la jusque dans ses fondements. Ses fondements, quels sont-ils? N’est-ce pas Pierre? N’est-ce pas la foi de Pierre? N’est-ce pas sa foi qui vit dans ses successeurs, lorsque Pierre parle par leur bouche? Que nos voeux soient opposés à ceux de vos ennemis! Soutenez, fortifiez ces bases immortelles, ces bases formées de douze pierres précieuses. Oui, nous irons à vous, vous avez les paroles de la vie éternelle, et vous nous les communiquerez par la foi. Par elle, selon la pensée de saint Augustin, nous irons à la science, à la science vraie, dont le fleuve coule du trône de Dieu et de l’Agneau. Et autant notre foi aura été humble, soumise, autant vous nous donnerez de connaître certainement et clairement les mystères de votre puissance, de votre sagesse et de votre amour.

Notes et post-scriptum