9 septembre 1844

Informations générales
  • TD42.169
  • Prière pour les pécheurs mourants.
  • Orig.ms. CP 128; T.D. 42, pp. 169-171.
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 AME SUJET DE LA VIE SPIRITUELLE
    1 CHRETIEN
    1 DESESPOIR
    1 DIEU
    1 DROITS DE DIEU
    1 ENFER
    1 ETERNITE
    1 FAMILLE
    1 INDIFFERENCE
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MANQUE DE FOI
    1 MORT
    1 PECHE MORTEL
    1 PECHEUR
    1 PERSEVERANCE
    1 PRETRE
    1 SATAN
    1 VIE DE PRIERE
  • 9 septembre 1844
La lettre

Mors peccatorum pessima.

Si rien n’est plus effrayant que l’état de l’âme devenue par le péché mortel l’ennemie de son Dieu, que faut-il dire de l’âme qui en état de péché mortel, sur le point de paraître devant le tribunal suprême ne songe pas à se préparer [à] sa justification? Et si les pécheurs en général ont droit dans cette association à nos prières, quelles prières n’ai-je pas le droit de demander pour le pécheur mourant? En effet, qu’importe d’avoir bien vécu, si à ce moment suprême un seul péché mortel nous fait perdre le fruit de tant d’efforts, de tant de travaux? Or je dis que le pécheur mourant trouve au dernier moment quatre principaux ennemis: lui-même, ses parents, le diable et Dieu.

Lui-même. – Il ne croit peut-être plus depuis longtemps, la foi ne répand plus ses divines lumières dans cette intelligence obscurcie par les passions. Il n’a pas voulu comprendre, de peur d’être obligé de bien faire. Noluit intelligere, ut bene ageret. Et maintenant vous voulez que la foi lui revienne! Il a insulté la religion, et vous voulez que son orgueil se courbe sous les pratiques de la religion! Mais en aura-t-il le sens? Mais y verra-t-il autre chose qu’une affaire de forme? Et s’il les accepte par manière d’acquit, espère-t-il que cette nouvelle profanation ne lui sera pas comptée pour rien?

Mais non, il croit. Il croit et le désespoir n’est pas entré dans son âme. Et dans son désespoir, nouveau Judas, ne hâtera-t-il pas le moment de son supplice? Il croit, venez voir mourir un désespéré.

Mais non, il ne désespère point, il est indifférent. Oh! qui pourra dire ce qu’est cette mort dans son apparente tranquillité? Venez voir mourir un chrétien racheté par le sang de J.-C. et qui se réjouit de mourir en bête. Qui lui soulèvera cette glace? Et n’est-ce pas, chrétiens, ce que nous voyons tous les jours?

Les parents. – On pense à tout et surtout aux affaires. Et si quelque chose est à régler, on la règle; une seule est négligée, l’affaire de l’éternité. Pourquoi la régler? A quoi bon? Ne faudrait-il pas faire des restitutions? Laissez, laissez descendre dans le tombeau celui qui emportera le secret de dettes que la loi n’atteindra pas, mais que la conscience connaît.

Fausse tendresse. Mais quoi? Ne vaut-il pas mieux qu’il meure quelques heures plus tard, au risque d’être damné? Ne vaut-il pas mieux qu’il nous soit laissé quelques heures, dût-il aller en enfer? Et voilà de la tendresse!

Pour moi, je vous l’avoue, lorsque je vois tant de négligence de la part de certains hommes, j’entre dans une stupeur profonde, car où tout ceci aboutira-t-il? Sanguinem autem ejus de natura tua requiram. Crime de ceux qui empêchent le prêtre de s’approcher d’un moribond, mais cela se passe par une secrète disposition de la justice. Comedent igitur fructus viae suae, suisque consiliis saturabuntur.

Le diable. – Voulez-vous qu’il ait travaillé en vain? Quoi, pendant si longtemps cet homme a vécu pour lui, sous ses lois, sous son joug, sous ses chaînes; et maintenant ces chaînes, il les brisera; ce joug, il le secouera; ces lois, il les méconnaîtra! Non, non. Il faut à chacun selon ses oeuvres, il faut que Satan ait sa récompense, il faut que ce damné devienne sa proie. Aussi l’endormira-t-il, aussi augmentera-t-il les ténèbres autour de lui. Va, Satan, tu seras satisfait. Qu’il soit fait à chacun selon ses oeuvres! Descendant in infernum viventes.

Lutte entre Satan et le prêtre. Qui l’emportera? Je ne sais.

Dieu. – Et Dieu aussi n’a-t-il pas à réclamer ses droits? Le sang de J.- C. profané, les grâces repoussées.

Explication du mystère de la persévérance finale. Mutatus es mihi in crudelem.

Comprenez-vous pourquoi, s’il faut prier pour les pécheurs en général, le pécheur mourant a un droit particulier à nos prières? Comprenez-vous que plus il est difficile, plus il est digne de vous?

Lutte entre la prière du chrétien qui prie pour son frère et la justice de Dieu. Lutte mystérieuse qui arrête la sentence, qui éteint les flammes vengeresses, qui rouvre les sources de la grâce du Sauveur.

Dieu veut triompher du pécheur. Ubi abundavit delictum, ibi.

Dieu veut triompher des hommes, il ressuscitera le fils de la veuve, il ressuscitera ce mort à la grâce.

Il triomphera de Satan, il se laissera vaincre par la prière.

Notes et post-scriptum