- TD42.172
- [SERMON] SUR LA GLOIRE DE DIEU
- [Exorde]
- Orig.ms. CP 129; T.D. 42, pp. 172-173.
- 1 BONHEUR
1 GLOIRE DE DIEU
1 JUIFS
1 PECHE
1 PROVIDENCE
1 RECONNAISSANCE
2 DAVID, BIBLE
2 MIKAL
2 TOBIE, BIBLE
3 JUDA, ROYAUME - 1838-1839
Honorifico patrem meum, et vos inhonorastis me. Johan. IX, 48.
Si un sentiment devait être naturel au coeur de l’homme, mes frères, ce serait assurément celui de la reconnaissance, à la vue du bien dont il a été comblé, envers celui qui l’a tiré du néant pour l’établir roi de la création. Et combien ce sentiment ne devrait-il pas augmenter encore, lorsque considérant autour de lui les désordres, les bouleversements violents amenés par sa révolte et son péché, il voit ces bouleversements et ces désordres mêmes concourir, par une disposition de la Providence, à son retour au véritable bonheur? A la vue de tout ce que Dieu a fait pour lui, ne devrait-on [= il] pas reconnaître les obligations immenses qu’il a contractées, et puisqu’il est impossible à une créature de s’acquitter entièrement envers son auteur, ne devrait-il pas au moins lui offrir tout ce que du fond de sa misère il est capable de donner.
Si autrefois le pieux Tobie ne croyait pas payer assez de toute sa fortune le bienfait immense de sa vue recouvrée, et de son fils ramené d’un voyage semé de périls, envers l’envoyé céleste, par qui le Seigneur avait manifesté sur lui sa miséricorde; comment pourrions-nous combler jamais notre dette envers celui qui a ouvert, non les yeux de notre corps, mais ceux de notre âme aux purs rayons de la vérité, envers celui qui nous ordonne par son prophète de ne point craindre au moment du danger, parce qu’il nous prendra lui-même par la main et nous conduira dans les sentiers de la justice et de la vie? Si David, placé sur le trône de Juda, ne savait comment témoigner à Dieu ce qui se passait au fond de son âme; s’il ne craignait pas, dans la sainte ivresse de sa joie, de s’exposer à la risée de la fille de Saül; comment nous pour qui sont préparés, non des trônes périssables, non les royaumes de la terre, mais les trônes éternels et le royaume des cieux, craindrions-nous de confesser devant les enfants des hommes que le Seigneur est grand, et que sa gloire s’étend d’un bout de l’univers à l’autre?
Et cependant à combien de chrétiens le Sauveur du monde ne pourrait-il pas adresser le même reproche qu’autrefois aux Juifs: « Je cherche la gloire de mon Père, et vous, vous me déshonorez. Je suis venu rétablir en son nom sur la terre l’ordre bouleversé. Dieu moi-même, je suis venu vous apprendre par mon exemple à procurer la gloire de Dieu, et c’est pour cela que vous me poursuivez de vos insultes, sans penser que les outrages que vous m’adressez attaquent la majesté de celui qui m’envoie. Vous me déshonorez et tandis que les titres de la gloire que je recevrai même comme homme seront mes efforts pour glorifier mon père, le titre de votre condamnation sera le déshonneur que vous versez sur moi en refusant de me reconnaître pour ce que je suis, pour le fils de Dieu ».
Or, c’est sur cette pensée si simple et si profonde en même temps que je me propose de vous faire réfléchir aujourd’hui, en vous montrant que la grandeur de la perfection et de la gloire du chrétien consiste à glorifier Dieu, et que l’avilissement, la honte, le crime du chrétien consistent, au contraire, à oublier l’honneur qu’il lui doit. Grandeur du chrétien qui recherche la gloire de Dieu, première réflexion. Dégradation du chrétien qui néglige de procurer la gloire de Dieu, seconde réflexion. Ave Maria.