1838-1839

Informations générales
  • TD42.211
  • [Sermon sur la] HAINE DU MONDE CONTRE JESUS-CHRIST.
  • Orig.ms. (brouillon) CP 133; T.D. 42, pp. 211-219.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DIVIN
    1 AUGUSTIN
    1 CHATIMENT
    1 CHRETIEN
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 DEVOIRS DE L'HOMME
    1 DIEU
    1 DIEU LE FILS
    1 DOUCEUR DE JESUS-CHRIST
    1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 GRACES
    1 HAINE CONTRE DIEU
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 INGRATITUDE
    1 INTELLIGENCE
    1 JESUS-CHRIST
    1 JUIFS
    1 MONDE ADVERSAIRE
    1 MORTIFICATION
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE
    1 PECHE ORIGINEL
    1 PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 PRUDENCE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 REDEMPTION
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 SATAN
    1 VERITE
    1 VERTUS DE JESUS-CHRIST
    2 ADAM
    2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
    2 JEAN, SAINT
    2 MOISE
    2 PAUL, SAINT
    3 NAZARETH
    3 SINAI
  • 1838-1839
La lettre

Non potest mundus odisse vos; me autem odit, quia ego testimonium perhibeo de illo, quod opera ejus mala sunt. Joan., VII, 7.

Qu’un Dieu venu sur la terre pour rendre aux hommes la vérité, la vertu, le bonheur, soit obligé de se cacher afin de se soustraire à leurs persécutions, c’est, mes frères, une des fautes les plus incompréhensibles à la plus simple raison, et c’est pourtant ce que l’évangile de ce jour nous révèle. Jésus, nous dit s. Jean, ne voulait point aller en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le mettre à mort. « Quoi, demande saint Chrysostome, Jésus, le maître du ciel et de la terre, n’est-il pas le même, qui, poursuivi par les habitants de Nazareth qui veulent le lapider, passe au milieu d’eux sans que personne puisse y mettre obstacle? N’est-il pas le même qui d’un seul regard renversa plus tard les soldats chargés de le conduire devant les juges? » Oui, c’est le même; oui, c’est Jésus, fils de Dieu, qui vient offrir aux hommes le pardon de son père. Et, loin de l’accueillir avec les transports de la reconnaissance et de l’amour, les Juifs, jaloux de sa gloire, de sa doctrine et de ses miracles, cherchent à le faire périr. Et ce ne sont pas ses disciples seulement, ses parents eux-mêmes, ceux que l’évangile appelle ses frères, le poursuivent de leur orgueil et de leur incrédulité. Ils veulent, ces hommes à vues humaines, que le Sauveur étale ses prodiges aux yeux des étrangers réunis à Jérusalem pour la solemnité des tabernacles, cherchant par là autant à satisfaire leur amour-propre qu’à tenter le Sauveur. « Mon temps, leur répond-il, n’est pas encore venu; pour le vôtre, il est toujours prêt. Que vous soyez toujours préparés à manifester ce que vous êtes et ce que vous pouvez, je le conçois, mais il n’en est pas de même de moi qui cherchant la gloire de mon Père agit d’après les règles des conseils éternels. Maintenant je dois me cacher, parce que le temps de me livrer à la haine des hommes n’est pas encore venu. Le monde ne saurait vous haïr, tandis qu’il me hait, parce que je rends témoignage contre lui que ses oeuvres sont mauvaises. Non potest mundus…« 

Le monde poursuit Jésus-Christ de sa haine, tandis qu’il épargne les frères de J.-C. N’est-ce pas, mes frères, ce que l’on voit encore aujourd’hui, frères de Jésus, mais d’une manière bien plus haute que l’étaient ceux de ses parents qui le suivaient dans ses courses? Tandis que le monde poursuit la religion de sa haine, ne garde-t-il pas souvent d’incompréhensibles ménagements envers nous? Or voilà ce que je ne puis expliquer, si réellement nous sommes les disciples de notre Maître. Et voilà sur quoi je me propose de dissiper aujourd’hui bien des illusions. Il faut montrer, d’une part, que les oeuvres du monde sont mauvaises et que c’est pour cela qu’il déteste Jésus-Christ, et, de l’autre, que les chrétiens que le monde ne hait pas sont indignes de leur nom. En d’autres termes, je veux vous montrer dans une première réflexion que la haine du monde contre Jésus-Christ est la condamnation du monde, et, dans la seconde, que la haine du monde contre Jésus-Christ est la condamnation des chrétiens que le monde ne hait pas.

Première partie.

Haine du monde contre J.-C., condamnation du monde.

Pour établir cette proposition, je m’arrête à quatre considérations principales. La haine du monde contre Jésus-Christ, centre de toute perfection, convainc le monde d’injustice. La haine du monde contre Jésus-Christ, principe de toute vérité, convainc le monde d’aveuglement. La haine du monde contre Jésus-Christ, source de toutes les vertus, convainc le monde de crime. La haine du monde contre Jésus-Christ, souverain bienfaiteur des hommes, convainc le monde d’ingratitude.

Vous conviendrez sans peine avec moi, mes frères, que si rien n’est plus parfait que Jésus-Christ, rien ne doit être plus digne d’amour, puisque les philosophes anciens et la théologie de l’Ecole ont défini le bien ce que tous les êtres désirent, par conséquent ce que tous les êtres aiment. Or si nous trouvons en Jésus-Christ le souverain bien, nous en conclurons premièrement qu’il est souverainement aimable, en second lieu que le monde est souverainement injuste de le haïr. Qu’est-ce que Jésus-Christ, en effet, mes frères? N’est-ce pas la seconde personne de l’adorable Trinité? N’est-ce pas celui qui a été engendré de toute éternité dans les splendeurs des saints? N’est-ce pas la splendeur du Père, la figure de sa substance? Qui cum sit splendor gloriae et figura substantiae ejus. Comment vous ferai-je comprendre ce mystère? En voici une comparaison bien imparfaite. Dieu ayant communiqué à tous les êtres un reflet de son image, on peut trouver ici-bas comme une idée de ce que le Verbe divin est à l’adorable Trinité. On pourrait dire que ce que la beauté est au corps, le fils de Dieu l’est à son Père: Qui cum sit splendor gloriae et figura substantiae ejus. Jésus est donc la beauté même de Dieu. Jugez, mes frères, de la perfection de cette beauté infinie, dont ce qu’il y a de plus parfait ici-bas dans le monde matériel et dans celui des intelligences n’est qu’une ombre grossière.

Le langage manque pour parler du mystères si élevés, et il faut sans cesse s’appuyer sur le témoignage de celui qui, ravi au troisième ciel où il entendit des paroles ineffables, put contempler avant le temps les prodiges des perfections du Christ. Ecoutez saint Paul: Nos autem praedicamus Christum, Dei virtutem et Dei sapientiam. Jésus est la puissance de Dieu. C’est par lui que tout a été fait, et l’immensité des cieux a été posée par lui sur une base inébranlable. C’est à lui qu’ils doivent toute leur perfection. Verbo Domini coeli firmati sunt, et spiritu oris ejus omnis virtus eorum. Jésus-Christ est la sagesse de Dieu, c’est l’ange du Grand Conseil. Et quand l’adorable Trinité dans les profondeurs de son essence décide (?) la réalisation de ses éternelles pensées, c’est Jésus qui est envoyé pour l’accomplir avec puissance et sagesse: Christum, Dei virtutem et Dei sapientiam.

Cette sagesse et cette puissance se manifestent partout. Partout unies elles atteignent au terme avec force et disposent tout avec suavité. Le monde est lancé dans l’espace, la puissance de Dieu l’y soutient, l’univers sort de ses doigts, et l’univers par sa beauté, par l’ordre merveilleux et les harmonieuses révolutions de ses astres, publie la sagesse et la puissance de son auteur. Et cette puissance et cette sagesse de Dieu, c’est Jésus: Christum, Dei virtutem et Dei sapientiam. Possédant en lui la beauté, la puissance, la sagesse, c’est de lui que tous les biens découlent, puisque c’est en lui que Dieu a caché tous les trésors de sa sagesse et de sa science. Comprenez, mes frères, ce que sont les trésors de Dieu. Eh bien, ils sont disposés en J.-C.: In quo sunt omnes thesauri sapientiae et scientiae absconditi.

Et maintenant cette beauté divine, cette puissance divine, cette sagesse divine a voulu ouvrir pour nous ses trésors, et les hommes l’ont repoussée, et le monde ne l’a pas connue. Jésus s’est présenté au monde avec l’éclat de sa beauté divine, avec sa puissance, avec sa sagesse, avec ses inépuisables richesses, et le monde lui a dit: « Reste dans les profondeurs de ta divinité. Une beauté passagère, la puissance d’un jour, l’orgueil de ma raison, un peu d’or et d’argent me suffisent. Ne viens pas me troubler dans le bonheur que je veux me créer, car je te hais et ma haine n’aura pas de terme ». Quelle injustice et quelle folie!

Or admirez ici, mes frères, les combats de l’amour divin qui commencent avec la haine des hommes. De même que notre oeil est créé pour jouir de la lumière du soleil, de même notre intelligence est créée pour contempler la vérité. Mais cette intelligence avait par le péché perdu la faculté de voir. De même que l’éclat d’un soleil d’été fatigue la faiblesse d’un oeil malade, de même la force de la vérité blessait de son éclat notre raison frappée dans son orgueil. Si Moïse, autrefois, descendant du Sinaï où il avait contemplé la gloire du Seigneur, était obligé de cacher sous un voile les rayons lumineux dont son visage avait reçu l’impression dans les communications divines, de quelles ombres la divinité ne devait-elle pas s’entourer, lorsqu’elle a voulu se manifester au monde. C’est pourquoi le Verbe s’est fait chair mais en s’entourant d’une enveloppe mortelle, il n’en était pas moins Dieu lui-même. Il est venu ainsi au monde, s’est présenté à son adoration, et le monde lui a dit encore une fois: Je ne te connais pas.

Ici, mes frères, je pourrais vous montrer sans doute la folie de ceux qui préfèrent les vaines lumières de la raison humaine aux lumières indéfectibles de la raison divine; mais comme le sujet m’entraînerait trop loin, je me bornerai à quelques considérations sûres que la vérité incarnée apprend aux hommes, et sur l’aveuglement des hommes qui ne la veulent pas recevoir.

Qu’est venu vous dire Jésus-Christ? Il est venu vous dire que fils d’un père coupable, coupables vous-mêmes, vous méritiez un supplice éternel. Il est venu vous dire que par une seconde naissance il voulait vous arracher au malheur attaché à la postérité de celui qui a donné le jour au genre humain entier; qu’il voulait vous faire ses enfants, afin de vous faire ses héritiers, et que son héritage c’était Dieu lui-même. Il est venu vous montrer la folie, la vanité, le néant de tout ce qui passe, quand on y attache son coeur. Il a déroulé devant vous l’immensité de son être, de ses perfections, de son éternité, et il vous a dit: Tout cela t’appartient. Voilà ce qu’il est venu dire au monde. Et qu’est-ce que le monde lui a répondu? « Ta vérité m’importune; elle me fatigue, je n’en veux pas ». Et le Christ a redoublé ses lumières, et les sages du monde se sont révoltés contre cette lumière; ils ont dit: « Nous n’en voulons pas ». In judicium in mundum venit, ut qui non vident, videant, et qui vident, caeci fiant. Rien de plus tant que le soleil… Mais il blesse certains yeux.

Jésus, selon la pensée de saint Augustin, est en même temps et la vérité même, et le chemin par où l’on va à la vérité. Et c’est en cela que le monde est inexcusable. Vous êtes faits pour la vérité, dit Jésus. – Je ne puis la voir, dit le monde. – Je vais vous ouvrir les yeux et vous verrez. – Et dans son mépris, le monde répond comme le gouverneur romain: « Qu’est-ce que la vérité? » Ou bien comme ces pharisiens que Jésus menace: Numquid et nos caeci sumus? Sommes-nous aveugles, nous chrétiens? Sommes-nous aveugles, nous catholiques? Et voilà précisément ce qui fait votre condamnation: Si caeci essetis, non haberetis peccatum. Nunc vero dicitis quia videmus, peccatum vestrum manet.

Mais la vérité n’est pas une simple spéculation. La vérité est vivante, elle agit. En d’autres termes, il faut qu’elle se manifeste par des oeuvres. La vérité nous fait connaître ce qu’est Dieu, ce que nous sommes, et dès lors nous révèle des devoirs envers Dieu. Comment accomplirons-nous ces devoirs? Jésus nous l’enseigne, et il y attachera une telle importance qu’il commencera à nous instruire [plus] par ses exemples que par ses paroles; Caepit Jesus facere et docere. Et que nous enseignera-t-il? Toutes les vérités, mes frères. Cherchez-en une dont il ne nous donne pas le modèle: la pauvreté dans l’étable de Bethléem, l’obéissance à Nazareth, la mortification au désert, la douceur envers ses disciples et les pécheurs, la compassion envers la foule qui le suit, la prudence dans la fuite d’Egypte et sa retraite en Galilée, le zèle en chassant les vendeurs du Templs, le pardon des injures au Calvaire.

Mais c’est à cause de cela même que le monde le hait, à cause du contraste qui se trouve entre ses oeuvres et celles de Jésus. Mundus me odit, quia testimonium perhibeo de illo, quod opera ejus mala sunt. Jésus donne l’exemple de la pauvreté, et le monde est avide de richesses. Posséder et posséder encore, voilà le cri du jour. Ajouter maison à maison, comme dit Isaïe, et l’on voudrait posséder jusqu’aux limites de la terre. Et c’est pour cela que l’on hait Jésus. Mundus me odit.

Jésus prêche l’obéissance, et la devise du monde est celle que Satan fit retentir, lorsqu’il s’éleva contre Dieu: Je ne servirai pas. Satan la profère au fond des enfers, Adam la répète; et lui aussi a dit à Dieu: Je ne servirai pas, et ce cri lugubre se prolongeant d’écho en écho a traversé les générations humaines, a traversé les siècles comme l’avant-coureur de tous les désordres et [de] tous les bouleversements. Et voilà pourquoi le monde hait Jésus, et pourquoi Jésus condamne le monde. Mundus me odit, quia testimonium perhibeo de illo, quod opera ejus mala sunt.

Jésus prêche la mortification, et le monde veut que ses sectateurs se couronnent de roses et se bercent dans tous les plaisirs. Tout est pour lui, dans les jouissances du moment. La loi sévère de la pénitence, il ne la comprend pas, elle lui fait horreur, protestant sans cesse contre la sentence qui nous impose la douloureuse expiation de nos crimes. Il la subit, mais la rage au coeur; il la subit, mais pour en étouffer le sentiment, il se plonge dans l’ivresse de toutes les passions. Et Jésus-Christ est venu asservir les passions, et les passions se soulèvent contre celui qui combat leurs excès. Mundus me odit, quia…

Jésus prêche la compassion par les soins qu’il prend de la multitude assemblée, et le monde prêche l’égoïsme. On ne voit que soi, on ne cherche que soi, on ne parle que pour soi. Le moi est haïssable, dit Pascal, et cependant le moi est la seule divinité qu’on adore. Cependant les pauvres demandent du pain. On a bien le temps d’y songer. Qu’ils meurent, s’il le faut. Pour le Fils de l’homme, il n’a pas où reposer sa tête; mais les miracles ne lui coûtent pas, quand il s’agit de donner du pain à une multitude innombrable. Et le monde ne peut souffrir l’influence qu’il acquiert par tant de bienfaits, et cette censure de la dureté de ses partisans. Mundus me odit, quia…

Jésus prêche la prudence. Qu’elle est nécessaire, tantôt pour ménager un ennemi, tantôt pour fuir un danger auquel on s’exposerait témérairement! Mais le monde ne veut rien de tout cela. Ecraser les vaincus, voilà sa jouissance. Se glorifier des avantages même qu’on n’a pas, voilà son suprême bonheur. Pour Jésus, s’il est poursuivi par les Juifs, il se retire dans la Galilée; et si on lui reproche ses miracles, il s’abstient pour un temps d’en poursuivre le cours. Et sa fuite et son silence condamnent encore plus fortement la témérité de ses frères et la jalousie des docteurs de la loi. Mundus me odit, quia testimonium perhibeo de illo, quod opera ejus mala sunt.

Ce n’est pas qu’il rougisse de sa mission et qu’il craigne de venger la majesté de son père des outrages des vendeurs du Temple. Son zèle alors s’allumera et il se chargera lui-même du châtiment des coupables. Mais le monde n’aime pas ces choses, et, tandis qu’il éteint les derniers restes d’une croyance douteuse, sous la honte du respect humain il blasphème contre Jésus, dont les menaces le foudroient. Mundus me odit, quia testimonium perhibeo de illo, quod opera ejus mala sunt.

Enfin, et ceci est le dernier trait, le monde crucifie Jésus. Et Jésus condamne le monde, prie pour les malheureuses victimes du monde. Pour les arracher à leur funeste état, il se livre à leurs coups et il accepte la mort. Il prie pour ceux qui le persécutent, tandis que de tous les points du monde s’élèvent de longs gémissements, exhalés par tous les malheureux qu’a faits la vengeance. La vengeance qui ne fut jamais permise, mais qui est devenue mille fois plus criminelle, depuis que du haut de la croix furent proférées ces sublimes paroles: « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». La vengeance que Satan a soufflée au coeur de tous ses esclaves, et qui ajoutant à la haine du monde contre Jésus, le porte à se venger contre lui-même de ses bienfaits. Mundus me odit, quia testimonium perhibeo de illo, quod opera ejus mala sunt.

En un mot, mes frères, si toutes les vertus sont en Jésus et si le monde le déteste à cause même de ces vertus, ne proclame-t-il pas hautement qu’il professe tous les vices? Et chaque vice n’entraîne-t-il pas à sa suite un triste cortège de crimes, que Jésus-Christ condamne et qui se soulèvent avec fureur pour maudire celui qui est venu les bannir de la terre. Mundus me odit…

Enfin la haine du monde contre J.-C. convainc le monde d’ingratitude. Qu’ai-je dû faire, s’écrie le Seigneur, que je n’aie pas fait pour mon peuple? Que devait-il faire? Payer pour vos payes [= dettes], et il les a payées; vous rendre les biens que la révolte vous avait fait perdre, et il vous les rendus; restituer la beauté à votre âme, et il la lui a restituée. Quid ultra debui facere, vinea mea, et non feci?

Que devait faire Dieu le Père? Que devait faire Dieu le Fils? Que devait faire Dieu le Saint-Esprit qu’il n’ait pas fait? Et le monde repousse ses bienfaits. Que fera Dieu? Il se choisira un autre peuple et transportera ses dons ailleurs. Le monde dans son ingratitude l’oublie, il oubliera le monde; et c’est le plus terrible châtiment que dans le jour de sa fureur il puisse imprimer à l’homme. Pro quo sollicita timuisti, quia mentita es, et mei non es recordata, neque cogitasti in corde tuo? Quia ego tacens, et quasi non videns, et mei oblita es. Ego annuntiabo justitiam tuam, et opera tua non proderunt tibi… Non addam ultra misereri domui Israël, sed oblivione obliviscar eorum… Quel châtiment!

Notes et post-scriptum