CONVERSATIONS [A ROME]

Informations générales
  • TD43.004
  • CONVERSATIONS [A ROME]
  • 3 janvier, chez le P. Olivieri
  • Orig.ms. BJ 1; T.D. 43, pp. 4-5.
Informations détaillées
  • 1 AUTORITE PAPALE
    1 CATHOLICISME
    1 CLERGE
    1 CONCILE OECUMENIQUE
    1 ERREURS MENAISIENNES
    1 GALLICANISME
    1 LIBERTE
    1 LIVRES
    1 PAPE
    1 POUVOIR
    1 PRESSE
    1 PROTESTANTISME
    1 SOUVERAIN PROFANE
    2 CYRILLE D'ALEXANDRIE, SAINT
    2 EPIPHANE
    2 GREGOIRE XVI
    2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
    2 JEROME, SAINT
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    2 OLIVIERI, MAURIZIO
    2 SKORKOWSKI, CHARLES
    3 ANGLETERRE
    3 CRACOVIE
    3 FRANCE
    3 POLOGNE
  • 3 janvier 1834
  • Rome
La lettre

Olivieri. – La lettre que vous me remettez me fait un plaisir extrême. Vous savez, du reste, la soumission de celui qui me l’envoie.

Moi. – Oui, mon Père, je viens d’apprendre que celui qui l’avait écrite vient de se soumettre entièrement au Pape. Le Pape lui a adressé un Bref des plus flatteurs.

Olivieri. – Je ne savais pas ces circonstances, mais ce que je sais, c’est que l’abbé de la Mennais est un grand homme et un saint en même temps. Je ne puis comprendre comment les évêques ont osé l’attaquer, car ils citent, par exemple, contre ses maximes sur la liberté du Pape, le concile de Latran et le concile de Trente. Mais d’abord jamais en France on n’a voulu recevoir le concile de Latran; ensuite, ces deux conciles parlent de la censure ecclésiastique que la France a toujours repoussée. La censure française n’a jamais été que politique, et l’on sait les fruits de cette censure-là. En Angleterre, elle a détruit le catholicisme; en France, elle n’a pas empêché le protestantisme de s’introduire, et, plus tard, elle n’a servi qu’à faire brûler par la main du bourreau les livres composés en faveur de l’autorité du Pape et n’a pas empêché les livres impies de se répandre. Quand donc l’abbé de la Mennais demandait la liberté de la presse, il fallait se rappeler que c’était un Français qui parlait en France. Parlerons-nous de l’obligation que l’encyclique fait à chaque chrétien de se soumettre à l’autorité des princes. Rien de plus juste, si les princes suivent les lois de la vertu et de la vérité; mais c’est cela même qui est en contestation. La question du traitement du clergé, qui a tant fait crier contre l’abbé de la Mennais, a cependant fait le plus grand bien; car après tout elle a montré au gouvernement qui aujourd’hui veut un schisme, que les catholiques peuvent se suffire à eux-mêmes; ce qui est un grand fait. On a reproché à l’abbé de la Mennais, son amour pour la Pologne, et voilà que l’exil de l’évêque de Cracovie, homme apostolique, semble permis par la Providence pour le justifier. Ce que l’abbé de la Mennais a eu à souffrir ne m’étonne pas: c’est la croix que Dieu a donnée à tous les saints. Saint Chrysostome ne fut-il pas persécuté par saint Jérôme, saint Epiphane et Cyrille d’Alexandrie, jeune alors, et d’autres saints évêques. L’abbé de la Mennais comptait peut-être trop humainement sur le Saint-Père. Dieu lui a envoyé cette épreuve, pour lui apprendre à ne compter que sur lui seul.

Notes et post-scriptum