- TD43.029
- CONVERSATIONS [A ROME]
- [Chez le P. Ventura, le 18 octobre]
- Orig.ms. BJ 1; T.D. 43, pp. 29-30.
- 1 INTELLIGENCE
1 VERITE
2 CARON
2 LAMENNAIS, FELICITE DE
2 VENTURA, GIOACCHINO - 18 octobre 1834
- Rome
18 octobre.
J’allai chez V[entura]. Je lui lus la lettre de M. Caron à l’Ami de la religion au sujet de son livre. J’en suis peu content, me dit-il, parce que M. Caron se trompe dans la manière dont il pose la question. M. Caron distingue entre les vérités incontestables et les opinions. La question ne gît pas là, car on demandera à M. Caron à quoi il reconnaît une vérité et une opinion, et la question ne pourra jamais être résolue.
M. de la M[ennais] s’est également trompé, lorsqu’il a dit que rien ne peut m’assurer que ce que je vois être un homme est un homme. Je n’ai pas besoin que le sens commun vienne me l’attester. La question consiste à séparer la perception du jugement. Il ne saurait y avoir d’erreur dans ma perception, parce qu’à moins que je ne sois fou, ce que je perçois être est. Ou bien je suis dans le délire, il y a erreur lorsque je juge. En sorte que je dois bien distinguer la perception du jugement. L’intelligence qui perçoit ne peut se tromper, elle est passive. Ce n’est que lorsqu’elle passe de l’état de passivité à l’état d’activité, c’est-à-dire lorsqu’elle veut juger d’après ses perceptions, qu’elle peut se tromper. Ainsi pour la foi, vérité révélée, l’esprit ne juge pas, il se soumet; voilà tout. Dans les choses de sens commun l’esprit ne juge pas, il perçoit que tout le monde pense de telle ou telle manière. Voilà tout.