CONVERSATIONS [A ROME]

Informations générales
  • TD43.034
  • CONVERSATIONS [A ROME]
  • [Chez le cardinal Micara, le 28 octobre]
  • Orig.ms. BJ 1; T.D. 43, pp. 34-35.
Informations détaillées
  • 1 ECRITURE SAINTE
    1 HERESIE
    1 PROTESTANTISME
    1 RELIGION NATURELLE
    1 TRADITION
  • 28 octobre 1834
  • Rome
La lettre

28 octobre. Mic[ara].

M[oi]. Je me fais fort, l’évangile à la main, de montrer à un protestant que le déiste est plus conséquent que lui. Ce ne serait pas chose difficile. Qui a mis entre les mains du protestant sa bible? L’Eglise, et cette Eglise qui lui a conservé intact un pareil dépôt ne sera pas capable d’en comprendre la valeur? Mais qui lui a donné la première interprétation de l’Ecriture? N’est-ce pas l’Eglise? Et si c’est l’Eglise, comment n’avez-vous pas peur de vous laisser surprendre par son venin en adoptant la même interprétation? Si, au contraire, vous admettez qu’elle a transmis intact le dépôt des Ecritures, que c’est elle qui en a fait connaître l’importance, que dans les premiers temps elle les a bien interprétés, qui vous donne aujourd’hui le droit de dire qu’elle se trompe? C’a été la maxime constante de l’Eglise de repousser de son sein ceux qui donnaient aux Ecritures une interprétation nouvelle. Car l’Ecriture, source de toute vérité quand elle est expliquée par l’interprète légitime, est la source de toutes les erreurs lorsqu’elle est livrée à des mains impures. Aussi voyez comme tous les hérétiques se sont appuyés sur des textes sacrés et comme l’Eglise les a confondus, en opposant aux interprétations nouvelles les interprétations des saints Pères. Car c’est ici qu’est le sens commun dans l’Eglise. On ne décide pas, quand un hérétique s’élève, que son opinion est fausse parce qu’elle est fausse, mais on consulte la tradition. Tel novateur entend ce passage dans ce sens, mais comment l’ont entendu les saints Pères, comment l’ont entendu les grands évêques qui sont venus après eux? Sans doute on doit consulter là-dessus l’autorité compétente et ne pas aller interroger chaque pauvre fidèle qui doit croire l’ensemble de la religion, mais qui n’est pas obligé de connaître tous les détails théologiques. L’autorité compétente représentant la tradition consultée, l’Eglise porte son jugement.

Notes et post-scriptum