CONVERSATIONS [A ROME]

Informations générales
  • TD43.047
  • CONVERSATIONS [A ROME]
  • [Chez le P. Ventura, le 16 novembre]
  • Orig.ms. BJ 1; T. D. 43, pp. 47-48.
Informations détaillées
  • 1 LIBERTE
    1 PEUPLE
    1 REPUBLICAINS
    1 ROYALISTES
    1 SOUVERAIN PROFANE
    2 CARLOS, DON M.-JOSE-ISIDRO
    2 CHABAUD, ABBE
    2 FOURRE, ALPHONSE
    2 VENTURA, GIOACCHINO
    3 ESPAGNE
    3 FRANCE
    3 VENDEE
  • 16 novembre 1834
  • Rome
La lettre

16 novembre. V[entura], Chaband, Fourré.

M[oi]. Père V[entura], voilà un jeune Vendéen qui vous surprendra peut-être par sa manière de penser.

F[ourré]. Mon P[ère], il y a dans ce moment un mouvement très remarquable en Vendée. Depuis longtemps l’on s’est aperçu que les paysans veulent la liberté avant tout, et pourvu qu’on leur permette d’aller à la messe, de se confesser, les choses iront bien. Moi-même, et depuis un certain temps, je me fatigais l’esprit à me rendre compte de ce mouvement, mais aujourd’hui j’ai bien vu qu’en dernière analyse les rois sont faits pour les peuples, et non pas les peuples pour les rois, que si cela est, pourvu qu’on ait l’ordre et la liberté, il ne faut plus rien demander.

V[entura]. Ce que vous dites là est parfaitement juste, puisque les peuples veulent ce qui leur convient, et l’état de la France prouve que tous les jours les partis concourent sans le savoir à s’assurer de cette liberté, qui est son premier besoin. La France voit les républicains lutter avec les carlistes. Chacun veut la liberté, mais derrière la liberté on veut aussi quelque autre chose. La France prendra ce qui lui sera bon et laissera ce qui n’est pas utile. C’est ce qui me fait penser que la France n’est pas encore destinée à périr, car au milieu des luttes qui la troublent elle revient toujours à la nationalité, en sorte que ces troubles, loin de l’affaiblir, la fortifient en l’épurant. La résolution qu’ont prise certains hommes de s’unir pour conquérir la liberté lui donneront [= donnera] sans doute des forces. La France peut être menée par ces hommes. Que ces hommes veuillent quelque chose derrière cette liberté, c’est ce qui est probable, mais la France profitera de leurs moyens et se moquera de leurs projets. L’état de la société, tel qu’il se développe, tend à mettre le pouvoir de ce côté, de telle façon que le pouvoir ne soit rien qu’un administrateur. Que si dans ce moment Don Carlos a des partisans en Espagne, c’est que le peuple voit ses libertés menacées par Christine. Le peuple a toujours voulu la liberté, et les nations chrétiennes ou les rois [qui] ont changé ces principes en ont éprouvé de tristes résultats.

Notes et post-scriptum