[Conférences du lundi]

Informations générales
  • TD43.050
  • [Conférences du lundi]
  • [Les conférences du lundi]
  • Orig.ms. BJ 1; T.D. 43, pp. 50-51.
Informations détaillées
  • 1 CATHOLICISME
    1 DOGME
    1 ECRITURE SAINTE
    1 ERREURS MENAISIENNES
    1 FOI
    1 MYSTERE
    1 PANTHEISME
    1 PENSEE
    1 PHILOSOPHIE CHRETIENNE
    1 PHILOSOPHIE MODERNE
    1 VERITE
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
  • Hiver 1836-1837
La lettre

Pendant l’hiver 1836-1837, j’eus l’idée de réunir quelques personnes chez moi pour causer de matières sérieuses. Le bien que m’avaient fait les réunions des Bonnes Etudes, je voulais le procurer aux autres. Nous nous entendîmes, l’abbé Sibour et moi, pour avoir chacun notre soirée: lui le jeudi, moi le lundi. Nous abordâmes différentes questions, qui eurent l’heureux effet de dissiper quelques préjugés et d’affermir quelques intelligences faibles. Nous y traitâmes différentes questions. Nous n’avions pas adopté un ordre rigoureux, nous exposions donc les questions du moment. Ainsi l’ouvrage de l’abbé de la M[ennais] sur les Aff[aires] de R[ome] ayant paru, nous en fîmes plusieurs lectures. Je me chargeai ensuite de résumer toute l’histoire de l’abbé de la M[ennais], et de montrer comment cet homme avait été conduit au point où il en était par l’exagération de ses doctrines, qui renfermaient toutes cependant un germe de vérité. Nous agitâmes ensuite la question de savoir comment pouvait s’opérer le mouvement religieux, si l’on devait attaquer la base ou les sommités sociales. Après bien des discussions dans lesquelles le fond de la question ne fut jamais approfondi, on en vint à ne rien conclure, ce qui était tout naturel.

On s’occupa ensuite du panthéisme. Un ex-saint-simonien développa le système. Sur ce je fis quelques réflexions, pour comparer le dogme catholique au dogme de la nouvelle religion. Je distinguai d’abord entre la méthode d’enseignement catholique et philosophique. Toute affirmation se compose nécessairement de deux choses, d’un fait présenté, exposé, et du jugement qu’en porte la raison. Quoique l’on ne puisse exposer aucune vérité sans former un jugement et qu’on ne puisse développer un système sans partir de quelques faits, la philosophie s’empare cependant davantage du jugement et la religion du fait.

La religion est un fait, et l’on ne conçoit tout d’abord que le fait, étant plus facile que le raisonnement à recevoir et à vérifier par la masse des hommes. La religion qui est faite pour l’humanité se présente sous la forme d’un fait. De là l’histoire de la religion et des livres historiques de la Bible. De là la foi.

Cependant le jugement n’est pas interdit dans l’examen du fait en lui-même. (Notes) = De là la société ecclésiastique). La vérité se trouve par le lien des esprits. La raison peut encore s’exercer dans la compréhension du mystère, qui doit subsister de telle façon que si l’esprit humain pouvait dire: « Je comprends un mystère divin », il pourrait être sûr d’être dans l’erreur. L’esprit humain est un vase fini, l’infini ne peut y pénétrer.

Toutefois on a tort de dire que l’esprit humain ne se développe pas, puisque les discussions ont amené plus de lumière. Cependant pouvez-vous dire que vous comprenez le mystère de la Trinité? Non, et nous le comprenons mieux que vous, mais vous ne comprenez pas la vôtre.

Notes et post-scriptum