Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 99.

A MONSEIGNEUR PLANTIER, EVEQUE DE NIMES

Mgr Plantier, évêque de Nîmes, ayant publié un mandement le 4 novembre 1859 à l’occasion de l’allocution prononcée par Pie IX le 26 septembre précédent en consistoire secret contre l’invasion des Romagnes, de nombreux membres du clergé nîmois se rendirent le 6 novembre 1859 à l’évêché de la ville où le P. d’Alzon, vicaire général, adressa à l’évêque ces paroles de félicitation au nom de tous.

Informations générales
  • PM_XV_099|TD43.104
  • 1323 a
  • Adresse du P. d'Alzon à Mgr Plantier, évêque de Nîmes, le 6 novembre 1859.
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 99.
  • Cop.ms. CQ 239 et 240; T.D. 43, pp. 104-105.
Informations détaillées
  • 1 CLERGE NIMOIS
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 EPREUVES DE L'EGLISE
    1 EVEQUE
    1 PAPE
    1 VIE DE PRIERE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 NIMES
  • A MONSEIGNEUR PLANTIER, EVEQUE DE NIMES
  • 6 novembre 1859
La lettre

Mgr l’évêque de Nîmes, ayant publié un mandement pour demander des prières à l’intention du Souverain Pontife, tous les membres du clergé de Nîmes se rendirent à l’évêché, et M. d’Alzon, vicaire général, adressa à Sa Grandeur les paroles suivantes:

Monseigneur,

Au milieu des angoisses qui l’oppressent et des persécutions qu’elle subit, l’Eglise ne sait opposer à ses ennemis qu’une arme, la prière. Mais cette arme est toute puissante, quand l’épouse désolée du Christ invite ses enfants à demander le secours d’en haut avec un fervent et énergique ensemble. Alors ce n’est plus l’homme qui combat, c’est Dieu lui-même qui s’est réservé la vengeance et tôt ou tard rend à chacun selon ce qu’il aura fait. Tel est le spectacle dont nous contemplons aujourd’hui la première moitié. L’unanimité des coeurs catholiques s’est unie à la voix de leur père commun. Les évêques se font entendre, à leur tour, et comme les apôtres invitaient l’assemblée naissante des fidèles à prier sans interruption pour Pierre captif, ils demandent d’un bout de l’Europe à l’autre des supplications incessantes pour le Vicaire de Jésus-Christ, victime de l’ingratitude et d’une révolte savamment préparée.

Vous aussi, Monseigneur, vous avez voulu faire retentir votre appel, et, dans les graves circonstances que nous traversons, nous avons cru que ce ne serait point manquer au respect dû à des actes, de venir vous en remercier et de protester ainsi de notre immuable attachement au Vicaire de Jésus-Christ, dont vous êtes pour nous l’intermédiaire direct. Nous venons donc vous dire, non pas seulement en notre nom, mais au nom de tous les prêtres de votre diocèse, dont nous ne craignons pas d’interpréter les voeux, qu’insulter notre Mère, c’est du moins nous faire sentir combien notre amour pour elle est profondément enraciné dans nos coeurs.

Toutefois, si les souffrances du Souverain Pontife nous attristent, elles ne nous découragent pas, elles augmentent plutôt notre confiance. Il fallait que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire, et depuis longtemps le successeur des apôtres sait que le disciple n’est pas au-dessus de son maître et que l’Eglise doit prolonger les mystérieuses douleurs de son époux, afin de triompher avec lui.

Nous prierons, Monseigneur, avec toute l’ardeur que vos paroles ont allumée dans nos âmes, nous prierons avec compassion et terreur pour les ennemis qui meurtrissent et déchirent le sein maternel; mais nous prierons avec une inébranlable espérance, parce que les cris de l’Eglise opprimée ou trahie ont toujours été, depuis dix-huit siècles, le prélude assuré d’un chant de victoire sur ses plus implacables ennemis.

Que nous serions heureux, Monseigneur, si vous vouliez bien faire parvenir jusques aux marches de la chaire éternelle cette humble et filiale expression de notre foi et de notre amour, envers celui qui l’occupe avec une si héroïque, si patiente et si sereine majesté!

Notes et post-scriptum