21 novembre 1861

Informations générales
  • TD43.106
  • Discours du P. d'Alzon à Mgr Plantier, évêque de Nîmes, le 21 novembre 1861.
  • Cop.ms. CQ 242 et 243; T.D. 43, pp. 106-107.
Informations détaillées
  • 1 CLERGE NIMOIS
    1 DENIER DE SAINT-PIERRE
    1 EGLISE ET ETAT
    1 ETATS PONTIFICAUX
    1 EVEQUE
    1 PAPE
    1 PHILOSOPHIE MODERNE
    1 QUESTION ROMAINE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 FRANCE
  • 21 novembre 1861
La lettre

Monseigneur,

La foi et la charité sont deux soeurs, dont les destinées ne se séparent pas; jamais on n’attaque la foi que la charité ne soit bientôt poursuivie, à son tour. Aussi est-il naturel qu’en ayant de communs adversaires elles aient de communs défenseurs.

Depuis quelque temps déjà, les catholiques gémissaient des insultes dont la vérité était le point de mire, et il leur était facile de prévoir que bientôt la liberté du bien subirait des opprobres partis du même côté. Ils ne prévoyaient pas quelle sanction serait donnée à tout un système de dénonciations sans cesse grandissant. Mais s’il s’attristaient des outrages faits à leurs plus chères affections, ils se consolaient à la pensée de la vigueur avec laquelle certaines voix apostoliques faisaient retentir des réclamations pleines d’un calme, d’une dignité, d’une noblesse, dont on paraît avoir perdu le sens. Pour vous, Monseigneur, que votre clergé réuni félicitait naguère d’être un des plus vaillants champions de la vérité attaquée dans la personne de son infaillible docteur, vous avez eu entre tous la gloire d’être le premier à venger en public les droits inconnus de la charité catholique et de la liberté de l’aumône. Ce courage épiscopal a déplu, sans doute parce qu’un beau talent était ici au service d’un grand caractère. On vous a fait connaître de hauts mécontentements, on les a fait connaître officiellement à la France.

Vos prêtres viennent vous demander la permission de prendre part à ces étranges mercuriales; car enfin, si vous vous êtes permis, comme on le prétend, des paroles insolites et profondément regrettables, ne vous y ont-ils pas poussé par les applaudissements dont il me semble encore entendre le bruit? Si votre sagesse est petite, ne l’entretiennent-ils pas dans son infirmité, en bénissant comme ils le font votre direction qu’ils proclament si intelligente et si éclairée? Et si votre charité est absente, leur filial amour ne tend-il pas à vous tromper sur les vrais sentiments de votre coeur? Quel père est entouré de plus de tendresse! Il est par trop difficile à un évêque de croire que la charité n’est pas dans son âme, quand il se voit tant aimé.

Aussi bien, Monseigneur, cette solidarité que nous réclamons aujourd’hui est une force et une puissance morale que personne ne vous enlèvera, car derrière votre clergé l’Eglise de Nîmes se lève tout entière et bat des mains, fière d’un pontife qui peut compter sur elle, comme elle sait pouvoir compter sur lui.

Puisse, Monseigneur, cet hommage de respectueuse sympathie que nous déposons à vos pieds être pour vous, non pas un dédommagement bien inutile de censures qui ne sauraient vous atteindre, encore moins vous émouvoir, mais une preuve que, cette fois du moins, les brebis ne se sont pas dispersées, malgré ce que l’on a fait pour frapper le pasteur!

Notes et post-scriptum