1870

Informations générales
  • TD43.112
  • Proposition d'un voeu pour l'affranchissement de la France
  • Orig.ms. CQ 249; T.D. 43, pp. 112-114.
Informations détaillées
  • 1 CATHOLIQUE
    1 CHATIMENT
    1 EGLISE
    1 EPREUVES DE L'EGLISE
    1 EVEQUE
    1 FOI
    1 FRANCHEMENT CATHOLIQUES
    1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
    1 GUERRE
    1 LACHETE
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
    1 PARTI
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 POLITIQUE
    1 PROTESTANTISME
    1 PRUDENCE DE LA CHAIR
    1 REGNE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SOCIETE
    1 STATUE DE LA SAINTE VIERGE
    1 TIEDEUR
    1 VERTU DE FORCE
    1 VICAIRE APOSTOLIQUE
    2 NAPOLEON III
    2 PIE, LOUIS
    2 VOLTAIRE
    3 AMERIQUE DU SUD
    3 ANGLETERRE
    3 ASIE
    3 AUTRICHE
    3 ETATS-UNIS
    3 FRANCE
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 LYON
    3 MARSEILLE
    3 NIMES, DIOCESE
    3 PRUSSE
    3 SUISSE
    3 TURQUIE
  • 1870
La lettre

Je viens vous proposer un voeu. Elever une statue colossale à la Sainte Vierge sur l’un des points les plus élevés du département, si nous sommes affranchis de l’invasion prussienne dans le diocèse et si la France commence à reprendre l’avantage sur ses ennemis avant le 1er janvier 1871.

Certes, si je faisais cette proposition au nom de la terreur qui est au fond de certaines âmes, je ne doute pas que nous ne pussions réunir des sommes importantes. Je veux vous respecter davantage, mes frères, et je viens vous indiquer les trois caractères que l’acte [de] foi renfermé dans ce voeu doit avoir. Cet acte de foi doit être courageux, significatif, social.

1° Acte de foi. Expiation.

Quel est le grand malheur de l’Eglise? C’est d’être livrée aux honnêtes gens, bien pieux, bien égoïstes, bien tièdes. C’est la lèpre, c’est la paralysie de l’Eglise.

Je ne parle pas du courage militaire, je parle du courage chrétien. Nous sommes châtiés de la manière la plus providentielle. Qui ose le reconnaître? Nous sommes châtiés. Profitons-nous du châtiment, nous humilions-nous, nous convertissons-nous, travaillons-nous à la conversion des autres? On n’y pense [pas]. Mais un voeu, c’est ridicule! Eh bien, restez dans votre tiédeur béate, je m’adresserai aux femmes, et, à dire vrai, je compte surtout sur vous.

2° Acte de foi courageux.

Oui, [cet] acte de foi veut dire que vous êtes catholiques, que vous vous posez carrément en catholiques. Voyez le nombre de catholiques qui ne veulent qu’un minimum de catholicisme. On ne peut plus se dire catholique libéral, après la manière dont le catholicisme libéral a été condamné au concile; on est catholique moderne.

Mais ce n’est pas du temps? Il faut le rendre du temps. Etait-ce du temps, avant Jésus-Christ, de se faire crucifier pour sauver le monde? Avant les martyrs, était-ce du temps de se livrer aux bourreaux pour faire triompher l’Eglise au bout de trois siècles? Je vais vous dire ce qui est du temps, c’est qu’avec votre prudence vous avez livré la France aux Vandales et aux Huns du XIXe siècle, vous avez livré Lyon, Marseille à la démagogie.

Quant à vous, catholiques mes frères, vous n’êtes pas de ces prudents de la chair. Je vais vous dire ce que votre voeu signifiera. Il signifiera que vous ne voulez pas mettre votre credo dans votre poche. Il signifiera que vous voulez être catholiques au grand jour.

Mes frères, les prudents ont laissé élever une statue à Voltaire. Elevons une statue à la sainte Mère du Sauveur. La Statue de la Sainte Vierge sera la réponse des catholiques français de notre diocèse à la statue élevée par la main de la révolution à Voltaire le Prussien.

3° Acte de foi social.

Posons d’abord une question de grammaire. Peut-on dire d’un acte de foi qu’il est social? Vraiment je n’en sais rien, mais nous sommes dans des situations si nouvelles qu’on a besoin d’un langage nouveau.

Enfin, établissons bien ceci que je dis un acte de foi social et non pas un acte de foi politique. J’entends de fort honnêtes gens dire: peut-on être catholique sans être de tel parti, que je ne nommerai pas, sans être de ce parti? Et je réponds: on peut être catholique et être légitimiste, orléaniste, constitutionnel, monarchiste absolu, républicain. L’Eglise, dit Monseigneur de Poitiers, n’exclut aucune forme de gouvernement. Et qui voudrait le nier n’aura qu’à se reporter à ce qui se passait, il y a six mois, au concile oecuménique. Là se trouvaient des évêques d’Asie, sujets du Grand Turc et préférant le Grand Turc à Napoléon III; des évêques Anglais, et parmi eux des vicaires apostoliques français, préférant leurs rapports avec la protestante Angleterre à leurs rapports avec la France catholique; des évêques de la monarchie autrichienne, des évêques de la Suisse républicaine, des Républiques de l’Amérique du Sud, soixante évêques des Etats-Unis.

Ainsi il ne s’agit point de forme politique. Mais au point de vue social, que voyons-nous? Deux grands adversaires en présence, l’Eglise et la révolution. La Révolution répétant: Nolumus hunc regnare super nos. C’est le péché social, et nous ne serons pardonnés que par des expiations sociales. Or tandis que la révolution ne veut pas que Jésus-Christ règne, il faut que nous catholiques, nous répétions sans cesse: Adveniat regnum tuum. Voilà la signification sociale que je propose de donner à ce voeu, le triomphe social de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

L’Eglise, qui est de la plus admirable tolérance pour les formes politiques, est l’ennemie impitoyable de la révolution. Et c’est le grand devoir des catholiques de ramener le monde au règne de Jésus-Christ. In conveniendo populos in unum, et reges ut serviant Domino.

Invitation de souscrire. Ce sera peu de chose: 10 centimes. Ceux qui voudront souscrire pour plus le pourront, mais on reçoit des souscriptions de 10 centimes.

Notes et post-scriptum