[Notes diverses 1834]

Informations générales
  • TD43.214
  • [Notes diverses 1834]
  • III. [*Sur l'apologétique*]
  • Orig.ms. CR 1; T.D. 43, pp. 214-216.
Informations détaillées
  • 1 CHRISTIANISME
    1 EGLISE
    1 ERREUR
    1 FATIGUE
    1 FONDEMENTS DE LA THEOLOGIE
    1 HERESIE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 SCHISME
    2 LUTHER, MARTIN
    2 PAUL, SAINT
  • 16 octobre 1834
  • Monte Porzio
La lettre

La manière de défendre la religion doit nécessairement changer selon les temps et les circonstances; et c’est ce que ne veulent pas voir ceux qui s’opposent aux efforts tentés par certains hommes pour ramener à la vérité ceux qui en étant éloignés semblent, lassés dans leurs vaines recherches, vouloir se reposer enfin dans le sein du catholicisme. Lorsque l’Eglise voit le schisme ou l’hérésie la déchirer, elle doit écarter les hommes qui la désolent. Elle doit en même [temps] les avertir des conséquences, dans lesquelles ils se précipitent, et montrer dans l’erreur qu’ils professent les germes de la mort qu’elle contient, afin de les effrayer et de détourner les fidèles de se laisser empoisonner par leur venin.

Mais lorsqu’une erreur a fait son temps, qu’une fatigue universelle annonce que les intelligences commencent à se désabuser de leurs mortelles illusions, l’Eglise doit suivre une autre marche. Elle doit chercher dans la masse de l’erreur le plus de vérité qui y reste cachée, afin de l’en retirer et de montrer aux hommes que l’objet de leurs voeux leur est inconnu à eux-mêmes, que ce qu’ils veulent, ce qu’ils demandent est bon en soi, mais qu’ils ne savent pas eux-mêmes ce qu’ils désirent. Voilà ce qu’il importe de faire sentir aux hommes.

Ainsi, pour citer un exemple de ces deux positions, considérons l’époque de Luther. Luther demandait quelques réformes utiles, mais il voulait en même temps détruire le remède qui eût détruit les abus contre lesquels il s’élevait avec une telle violence. – L’Eglise découvrit aisément que Luther faisait plus de mal que de bien. Elle le repoussa. La controverse s’engagea et ce qu’on prouva à Luther, c’est qu’il n’était pas catholique.

L’erreur a suivi son cours. Il a bientôt fallu prouver aux hommes qu’ils n’étaient pas même chrétiens, bientôt qu’ils ne connaissaient même pas les plus simples rapports des êtres, car la religion n’est que l’ensemble des rapports les plus parfaits qui unissent la créature au créateur. Aujourd’hui l’on ne dispute plus, l’argumentation n’est plus de mode; cependant les âmes sont lasses, fatiguées et ne connaissent pas même pourquoi. Il faut leur montrer la cause de leur fatigue. Il faut en même temps leur faire comprendre que ce désir vague qu’ils poursuivent ne se trouve satisfait que dans la religion. Est-ce la sagesse qu’ils veulent? Il faut leur montrer que la religion seule donne la véritable sagesse. Est-ce l’utilité? Il faut leur prouver que la religion est la seule véritablement utile. Est-ce le plaisir? Il faut montrer que la religion donne les seules et véritables joies. Est-ce la connaissance historique? Il faut montrer que la religion donne la seule certitude des faits et explique seule la marche providentielle des événements. Voir le discours de saint Paul devant l’Aréopage.

Notes et post-scriptum