VIE DE MADEMOISELLE EULALIE DE REGIS

Informations générales
  • TD43.308
  • VIE DE MADEMOISELLE EULALIE DE REGIS
  • [Vie]
  • Brouillon autogr. CR 21; T.D. 43, pp. 308-317.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AUSTERITE
    1 BEAU LITTERAIRE
    1 CONFESSEUR
    1 FEMMES
    1 MORT
    1 RESPECT
    1 VOCATION
    2 BOSSUET
    2 BOURDALOUE, LOUIS
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 CHRISTINE
    2 COURTOIS, MADAME DE
    2 FRANCOIS REGIS, SAINT
    2 JEAN, SAINT
    2 MAC-CARTHY, ROBERT DE
    2 PRESSAC, MADAME DE
    2 REGIS, AMELIE DE
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 REGIS, M.-GREGOIRE DE
    3 DAUPHINE
    3 LYON, COLLEGE LA FERRANDIERE
    3 MIDI
    3 NIMES
  • 1867
La lettre

J’essaie d’écrire la vie d’une personne que j’ai beaucoup connue. Je ne sais quelle impression me pousse à venir dire au public – à un public très restreint cependant – quelque chose de ce que j’ai apprécié d’elle à traves des relations de trente ans bientôt. Je lui portais une affection profonde; il est vrai; mais j’aime trop à garder pour moi le baume de certains sentiments, auxquels en général le vulgaire ne comprend rien. J’ai toujours trop peur de voir ce même vulgaire confondre la gravité, la sainteté de l’amitié chrétienne avec certaines fadeurs de tendresse assez fréquentes de nos jours, pour prendre la peine de l’initier à ce qui peut se passer entre mon âme et d’autres âmes aussi fières que la mienne. Si donc je n’avais ressenti que le besoin d’épancher des regrets plus ou moins stériles sur une tombe à peine scellée, certainement je me serais tu.

Mais outre que dans ma conviction chacune de mes paroles respirera avant tout le respect, l’estime, j’allais dire la vénération, il me semble que le récit des développements, des souffrances intimes, des luttes, des triomphes d’une âme pleine de courage, de tristesse, d’initiatives, impétueuse malgré des erreurs innommées, pourra être utile à plusieurs.

La littérature chrétienne nous a donné, depuis quelques années, de belles monographies. Ce qui intéresse le plus dans ces oeuvres, très précieuses à plus d’un titre, c’est que l’on sent à chaque page, la ressemblance du portrait jointe à la différence des époques. Les auteurs ont bien mérité de l’Eglise et de la piété des fidèles, pour avoir mis en saillie les traits caractéristiques de ces grandes figures transfigurées par la foi. Mais qui peut atteindre à cette hauteur de perfection? L’admiration même y enfante quelquefois le découragement. Le sentiment de notre faiblesse nous fait désespérer d’atteindre jamais des sommets pareils.

Je sais toute la distance qui sépare l’humble fille, dont je soulève pour un moment le voile virginal, des majestueuses figures tracées par des pinceaux bien plus exercés que les miens. Cependant la modestie même de sa vie semble la rapprocher davantage d’une foule d’autres vies austères, pures, cachées comme la sienne, et paraît à cause de cela même leur être plus facilement un modèle. Bien des âmes peuvent plus aisément se reconnaître dans cette pieuse monotonie de tentations ordinaires et d’obscures victoires, que dans ces grandioses combats du mal contre le bien livrés par les illustres serviteurs de Dieu. C’est pour ces âmes que j’écris, et je m’estime heureux si en leur apprenant à se retrouver dans la peinture d’une existence assez semblable à la leur, je [leur] apprenais aussi comment les vertus les plus secrètes peuvent être en même temps les plus méritoires et quelquefois les plus fécondes.

Je m’adresse à une autre classe de chrétiennes. Une expérience longue déjà me prouve chaque jour que la fatigue de lutter en apparence inutile, le doute sur les résultats extérieurs à obtenir, au terme d’une guerre qui ne finira qu’avec la vie, je ne sais quel scepticisme sur la possibilité du bien à opérer et qui porte à confondre la pusillanimité avec la défiance chrétienne, font perdre à l’Eglise de Dieu la portion la plus considérable de ses forces vives répandues dans ses membres isolés. Je voudrais faire trouver, dans la vie que j’entreprends de raconter, la condamnation la plus manifeste de dispositions pareilles et pourtant si communes. On y verra de longues aspirations vers une vocation qui ne se réalisa jamais, de vrais désespoirs de se sentir sans cesse éloignée du but désiré, comme l’est du port un vaisseau à la dérive, tantôt sous le coup de la tempête, tantôt sous un souffle moins violent mais non moins inexorable; et puis quand la mort avait déjà frappé son corps, sur cette organisation délicate la lumière se faire, le bien à accomplir s’élancer comme le blé surgit de la terre après l’hiver pour une riche moisson; et ce bien laissé à d’autres en héritage: héritage plein de douleurs, mais aussi plein d’avenir.

Peut-être sera-t-on surpris de me voir souvent parler de moi dans cette étude. Tel est l’inconvénient des témoins oculaires qui disent comme saint Jean: quod vidimus, quod audivimus. Nous communiquons ce que nous avons vu; ce que nous avons entendu, nous le racontons. Il y en [a] peut-être un autre, celui de n’avoir pas laissé couler un temps assez long entre la mort et le récit de la vie. Je ne veux point me justifier. Les indifférents que ces pages n’édifieraient pas n’ont qu’à s’arrêter aux premières lignes; ce n’est pas à eux que je m’adresse. Ceux qui aiment Melle de Régis me reprochent de trop attendre et ne m’en voudront pas non plus, si quelquefois je me rencontre à travers les plus graves préoccupations d’une existence, que dès le commencement sa mère m’avait chargé de diriger, et dont je suis heureux d’avoir pu partager les tristesses et souvent essuyé les pleurs.

Marie-Joséphine-Eulalie de Régis de Gatinnes naquit à Nîmes, le 5 octobre 1826. Le nom de saint François Régis jetait depuis deux cents ans une pure et sainte illustration sur la famille de son père. Celui-ci, après avoir habité quelque temps le Dauphiné, où était son berceau, vint se fixer à Nîmes en 1823, époque de son mariage avec Melle Augratie de Cabrières Surville, dont la famille est trop connue dans nos pays pour qu’il soit nécessaire d’en parler.

Six enfants naquirent de cette union. Plusieurs furent enlevés au berceau ou prématurément. Amélie, l’aînée de tous, mourut prématurément. Charles, resté depuis longtemps seul avec Eulalie et leur père, semblait avoir recueilli comme l’héritage de ces affections successivement brisées. Il avait à peine un an de plus que sa soeur et la précéda de deux ans au tombeau. Au moment où j’écris ces lignes(1), il reste pour pleurer tant d’enfants disparus un noble vieillard, avec sa couronne de 80 ans, fort et calme en face de la douleur comme un vieux gentilhomme français, soumis et résigné sous les coups si déchirants comme un chrétien des premiers âges.

Son baptême fut différé jusqu’au 17 octobre. La marraine fut une grande-tante de son père, Madame de Pressac; son parrain, le comte Robert de Mac-Carthy, dont le frère a jeté tant d’éclat et opéré tant de bien dans la chaire chrétienne.

La santé d’Amélie ne permit pas qu’elle fût envoyée en pension, Eulalie, plus forte, mise au couvent du Sacré-Coeur, à La Ferrandière. C’est là qu’elle puisa, avec une vive tendresse pour ses pieuses institutrices, les germes d’une vocation qui ne la poussait pourtant pas vers la Congrégation où elle avait été élevée. Son attrait était la pénitence et elle rêvait de la Trappe. Le travail des mains silencieux, ininterrompu, le jeûne prolongé, la nourriture grossière, les offices de nuit avaient pour elle un attrait spécial. Ses désirs allaient vers cette âpre perfection, dont son tempérament délicat lui faisait une impossibilité. Mais ses aspirations vers l’impossible se traduisaient pour elle en efforts constants pour réaliser ce qui pouvait lui être permis. Et combien de fois, en sortant de table, profitant de ce que la vue assez basse de son père ne lui permettait pas de la surveiller, ne lui est-il pas arrivé de l’entendre s’expliquer d’avoir bien dîné, lorsque de fait elle n’avait presque rien pris!

Après une maladie de langueur, Melle Amélie de Régis venait de mourir. Ses parents ne purent se décider à laisser plus longtemps Eulalie au Sacré-Coeur. Elle revint à Nîmes vers le milieu d’août 1841, et à partir de ce moment, elle ne quitta plus Nîmes que pour quelques rares voyages soit à la campagne, soit aux eaux. Sa mère se chargea de terminer son éducation, et certes on comprendra que personne n’était plus fait pour imprimer une forte direction personnelle, quand on saura qu’au moment même où sa fille aînée expirait, elle appela ses deux fils dans la chambre, et, au lieu de s’abandonner devant eux à sa maternelle et si légitime douleur, elle se contenta de leur retracer les vertus, l’obéissance, la foi, la piété de leur soeur à peine expirée, et de leur rappeler qu’eux aussi devraient paraître devant Dieu, (hélas! plus tôt qu’elle ne le supposait elle-même). Il leur fallait profiter de la cruelle leçon que leur donnait la main sévère de Dieu et entrer résolument dans la voie du bien. Je me rappellerai toujours cette chambre, où un père silencieux, abîmé dans sa douleur, des jeunes gens livrés à toutes les émotions de leurs regrets écoutant une mère, à qui la mort de sa fille semblait donner des forces nouvelles pour accomplir sa tâche envers ceux qui restaient. On sentait qu’au fond de cette âme si vigoureusement trempée la tendresse fuyait l’abîme de la douleur vers lequel elle s’était penchée, se réfugiant là où la fille que la mort lui enlevait allait jouir d’un bonheur inconnu à la terre.

Je n’ai jamais su à quel degré avait été poussée son instruction classique. Ce que je sais, c’est que dans les livres que je lui prêtais, ceux qui lui allaient le mieux étaient toujours les plus sérieux, et que dans la bibliothèque de son père elle revenait sans cesse à ses auteurs de prédilection, Bourdaloue et surtout Bossuet(1).

Cependant la maladie faisait ses inflexibles progrès. Madame de Régis ne se dissimulait rien. L’avenir s’ouvrait non pour elle, mais pour ses enfants, et elle voulait leur servir de guide même du fond de la tombe. Pour ne point effrayer les siens et pourtant accomplir jusqu’après le dernier soupir son devoir de mère chrétienne, sous prétexte de ne pas se fatiguer trop longtemps à table, elle restait seule dans sa chambre pendant les repas et profitait de ces moments de silence, pour adresser par écrit à ses enfants les recommandations d’une tendresse qui n’avait rien d’aveugle. Après sa mort ses avis furent retrouvés cachetés, chacun avec leur adresse. Nous transcrivons quelques passages de ceux que Madame de Régis adressait à sa fille(2).

Ce fut avec la même puissance sur elle-même qu’elle prévit tous les détails de ce qui devait se faire quand elle ne serait plus, qu’elle chercha à éviter aux siens tout ce que la mort et les suites de la mort ont de navrant, par les ordres qu’elle donna, afin que d’autres n’eussent pas l’amère obligation de les donner.

En même temps sa pensée se reportait toujours de plus en plus vers le ciel. Elle se séparait des conversations terre à terre. Sa faiblesse ne lui permettait pas toujours de supporter les entretiens de la piété, quand il se prolongeaient. Peu de paroles lui suffisaient pour la ramener vers la pensée de Dieu et en sa présence. Peu à peu les forces physiques se retirèrent. C’était bien la lampe où l’huile sous l’action de la flamme se consume goutte à goutte. Quand la dernière goutte fut épuisée, l’âme s’élança vers le ciel.

J’ai vu alors Christine grave et résignée, un vieillard qui en apercevant la tombe, s’ouvrir pour la cinquième fois et lui ravir ce qu’il avait de plus cher, semblait consulter du regard l’avenir et se demander si la mort ne serait pas satisfaite et si elle lui laisserait pour lui fermer les yeux les deux enfants qui lui restaient. La douleur multipliée par des angoisses pareilles devaient encore ravager plus profondément son coeur. Il en avait le pressentiment et il se résignait. Il se taisait aussi, car les âmes de cette trempe éprouvent peu le besoin d’être plaintes et préfèrent jeter le silence comme un voile majestueux sur leurs profondes et poignantes blessures.

La douleur d’Eulalie fut immense, mais entre les recommandations de sa mère et l’austère résignation de son père, elle comprit ce qu’elle devait accorder aux regrets et ce qu’elle devait leur interdire.

Melle de Régis avait [alors] 22 ans. Au sortir de la messe de neuvaine son père me demanda un entretien particulier. Il voulait me conjurer de laisser toujours sa fille unique auprès de lui. Il lui semblait avoir peu de temps à vivre, il voulait lui accorder tout ce qu’il serait possible de faire, pourvu qu’elle ne le quittât pas. De son côté, Eulalie sentait toute la gravité de sa situation. Obligée de tenir la maison de son père, entourée de toute l’affection d’une famille nombreuse, honorée, d’agréables et intimes relations lui permettaient d’entrevoir un avenir où certes elle eût pu se promettre du charme avec son intelligence et son coeur, si elle eût cédé aux entraînements de sa vive imagination. Mais des pensées plus sérieuses la dominèrent. Sa mère lui avait recommandé de ne point se séparer de son père; de chercher, si elle se mariait, à rester auprès de lui; si elle avait d’autres idées, d’attendre de n’être plus nécessaire.

Elle avait, en effet, d’autres idées. Ses pensées, ses désirs, se tournaient du côté de la Trappe. A-t-on jamais réfléchi à ce mystère qui s’accomplit tous les jours sous nos yeux d’une âme qui trouve dans sa jeunesse, sa position, ses facultés, tout un horizon de bonheur légitime et pur, et qui poussée par le besoin du sacrifice, de l’immolation dans la souffrance, renverse tout l’échafaudage formé pour elle par ceux qui l’aiment le plus, et à toutes les propositions de joie humaine répond: Ma joie à moi, c’est la douleur?

On croit avoir répondu à tout quand on a dit: imagination exaltée, à qui la réalité ne laisse bientôt plus que la déception et les regrets. Cela est bientôt dit. Mais quand la réalité n’arrive jamais, que les désirs demeurent toujours; quand ces désirs, en face d’un but qui s’éloigne sans cesse, durent pourtant non pas dix mois, non pas un an, mais dix, quinze et vingt ans; lorsqu’en face de la mort, sous le regard du juge suprême, les désirs deviennent plus enflammés et qu’on demande, au moins à ce moment solennel, de réaliser quelque chose des désirs de toute la vie, on dira encore que c’est le fait d’une imagination exaltée? Autant vaut dire qu’il n’y a de vrai que l’égoïsme; et que le don de soi-même à Dieu n’est qu’une chimère.

Des gens profondément sages à leurs propres yeux s’en iront levant les épaules et diront: influence funeste des confesseurs; et quand ils auront dit cela, leur prudence croira très sincèrement avoir rendu un oracle. Ici du moins, pendant vingt ans, le confesseur a si peu poussé au couvent qu’il a forcé à rester dans le monde, malgré d’inexprimables souffrances. Ici je vois non pas une victime du cloître, mais une victime qui l’est parce qu’elle ne peut entrer dans le cloître.

Il ne faut pourtant rien exagérer. Melle de Régis comprit qu’aussitôt après la perte qu’elle venait de faire, il lui serait bien difficile de quitter son père et son jeune frère, sur lequel elle avait de l’influence. A certains moments la sympathie dont elle était entourée chatouillait, si je puis dire, certaines fibres d’un coeur quelque peu fier et à qui l’administration ne déplaisait pas. Mais c’était là, si je puis dire, la clé de toute sa vie. Au-dessus des jouissances les plus légitimes elle plaçait le devoir, et au- dessus du devoir des relations naturelles et les plus fortes, elle plaçait ce que j’appellerai le devoir surnaturel: elle n’a jamais hésité à mettre Dieu avant les hommes.

Le temps de son deuil, qui dans les usages de notre Midi se prolonge plus qu’ailleurs, lui permit de se préparer des habitudes sévères. Ce fut avec calcul et non sans quelques efforts qu’elle voulut resserrer le cercle de ses relations. On la pressait beaucoup, mais elle fut inflexible et son père, fidèle à sa promesse de lui laisser toute liberté, ne lui ordonna jamais de paraître dans les réunions du monde. Elle s’en abstint absolument. On peut même se rappeler qu’un peu plus tard son frère, marié depuis peu, ayant donné une fête, Eulalie s’abstint d’y paraître et permit à peine à quelques personnes qui y prenaient part de venir dans sa chambre lui montrer leurs toilettes.

Que cette sévérité de vie fût approuvée ou blâmée par les personnes du monde, c’est ce dont elle se préoccupait très peu. Un des traits de son caractère fut de tenir médiocrement compte des jugements humains. Elle était bien plus sensible aux jugements qui partaient du coeur, et tous les jours on la voyait s’appliquer surtout à prendre pour base de sa conduite les principes de la foi.

Une des dernières recommandations de Madame de Régis avait été de l’engager à s’appuyer surtout sur une de ses tantes, Madame de Courtois. Eulalie n’avait pas besoin de recommandation pour s’appuyer sur un membre de sa famille dont l’âge, des pensées, des sentiments communs la rapprochaient comme naturellement. Elle dut à l’appui qui lui fut prêté quelques années de cette confiance et de cet épanouissement qui jette tant de lumière et de douce chaleur sur cette époque de la vie, où l’on commence à se sentir responsable de son avenir.

Cependant il y avait trop d’activité dans cette âme pour que les seules occupations de l’intérieur puissent lui suffire. Il fallait un aliment, et ce fut vers cette époque qu’elle s’occupa de former à Nîmes, avec des jeunes personnes [pour] la plupart élevées chez les Dames du Sacré-Coeur, une association d’enfants de Marie. J’ai toujours été surpris que les ennemis de la religion n’aient pas compris la puissance que donnent à l’Eglise les associations de femmes ou de jeunes filles, dont le but est le développement de la piété, l’exercice plus énergique des vertus chrétiennes, l’émulation des bons exemples, la sainte contagion des bonnes oeuvres accrue par le concert avec lequel on les réalise. Peut-être quand le fameux projet de lycées pour les jeunes personnes sera réalisé, tous ces abus de la dévotion chrétienne seront-ils balayés par la grande maîtresse de notre future université féminine.

En attendant, Eulalie que les obstacles n’arrêtèrent jamais, quand un but utile lui était présenté, se jeta avec tout son coeur dans une association, dont elle devait par son âge, sa position, ses qualités, être la pierre fondamentale. C’est là qu’elle déploya tout d’abord ce don du commandement par le tact, la douceur, la fermeté, un certain coup d’oeil sûr, condition essentielle de toute personne qui veut mener à bonne fin une oeuvre soumise au concours libre de plusieurs volontés indépendantes. Elle eut le don de multiplier si simplement et si fortement les liens qui unirent les coeurs des premières associées qu’il faut y voir la cause de cette vigueur à subsister, malgré tous les délaissements, toutes les péripéties que l’oeuvre traversa, quand Mgr Cart qui voulut présider aux réunions dans sa chapelle fut empêché par la maladie d’en conserver la direction.

Sa constance et son énergie ne l’abandonnèrent pas un seul instant au milieu des diverses épreuves qu’elle eut à subir. On fit beaucoup pour la décourager, rien ne la rebuta. Le don de commandement qu’on lui a quelquefois reproché est une qualité trop précieuse, quand elle est jointe à l’oubli de soi et qu’elle est mise non au service de l’esprit de domination, mais de triomphe d’une pensée utile, chrétienne.

Elle avait plus – et c’était là sa grande puissance – le don de se faire aimer. C’était là son charme, et les confidences que nous avons reçues sous ce rapport nous ont révélé la largeur de son coeur.

Les réunions du mercredi.

Les réunions à l’hôpital général, chez les Dames de Saint Vincent de Paul.

Le reste manque.

Notes et post-scriptum
1. Il doit manquer ici un ou plusieurs feuillets.
2. Les citations manquent.1. 5 octobre 1867, quarante-et-unième anniversaire de la naissance de Melle de Régis.