1844-1854

Informations générales
  • TD44.186
  • [Canevas de sermons sur la Passion]
  • Orig.ms. CQ 144; T.D. 44, pp. 186-192.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DIVIN
    1 CHARITE THEOLOGALE
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 EMPIRE DE SATAN
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 JEUDI SAINT
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PRIERE DE JESUS-CHRIST
    1 REGNE
    1 SERMONS
  • 1844-1854
La lettre

1. Jésus célèbre la Pâque avec ses disciples.

Ante diem festum Paschae, sciens Jesus quia venit hora ejus ut transeat ex hoc mundo ad Patrem: cum dilexisset suos qui erant in mundo, in finem dilexit eos.

En commençant cette série d’instructions sur les mystères douloureux du Sauveur, voyons quel est le but qui le conduit, quelles leçons nous pouvons tirer de ce premier coup d’oeil jeté sur la Passion de notre Maître.

Jésus veut célébrer avec ses apôtres une dernière pâque. Que veut dire pâques? Passage. C’est en effet un grand et solennel passage qu’il accomplit, puisqu’il nous révèle la mission de Jésus-Christ sur la terre, puisqu’il nous en montre le but. Aussi la pâque dernière du Sauveur: 1° nous présente Jésus-Christ se préparant à consommer son passage sur la terre; 2° nous apprend à accomplir le nôtre de la terre au ciel.

I. Consommation du passage de Jésus-Christ.

Qu’est-ce qui le conduit? L’amour. L’amour s’était préparé par les figures. L’amour l’avait conduit du ciel à la terre. L’amour lui avait donné un corps. L’amour l’avait fait homme. L’amour va en faire un homme de douleurs. L’amour va lui faire instituer l’abrégé de ses merveilles. L’amour lui donnera la mort. L’amour lui posera le bois du sacrifice sur les épaules. L’amour lui donnera la mort en le clouant à la croix.

Or c’est ce sentiment qui lui fait envisager l’inutilité de tout ce qu’il fera pour tant d’hommes.

Qu’est-ce donc que l’amour de Dieu? Dieu est amour. Deus charitas est. C’est donc quelque chose d’infini dans son principe, quelque chose d’éternel.

Préscience de Dieu. Antequam Abraham fieret, ego sum.

In charitate perpetua dilexi te. Dieu possède dans son sein infini toutes les créatures; il les tire du néant à mesure qu’il lui convient. Elles se révoltent, il les subjugue par son amour. Omnia dedit ei Pater in manus. Il les donne tous à Jésus-Christ. Postula a me, et dabo tibi gentes hereditatem tuam, et possessionem tuam terminos terrae.

Mais cet amour ne veut pas être irrité, sans quoi il se venge. Reges eos in virga ferrea, et tanquam vas figuli confringes eos.

Auusi redouble-t-il en quelque sorte d’amour, à mesure que l’heure du passage approche. Et voyez, d’autre part, comment s’effectue ce passage. Sciens quia a Deo exivit, et ad Deum vadit. Il sort de Dieu, il y rentre. Dieu est son point de départ, il est en même temps son terme. Voilà le passage de Jésus-Christ sur la terre, entre Dieu et Dieu, Dieu lui-même à travers le temps, la souffrance et la mort. Que lui importe? Sciens quia a Deo exivit, et ad Deum vadit.

Cum dilexisset suos qui erant in mundo, in finem dilexit eos. Cela est interprété: il les aima jusqu’à la dernière limite de l’amour. Ideo quippe ad Dominum permanentem transimus, ne cum mundo transeunte transeamus [= pereamus]. S. Augustin. Signo crucis signatis frontibus nostris, a perditione saeculi tanquam a captivitate vel interemptione Aegyptiaca liberamur. S. Augustin. Ut transeat de hoc mundo ad Patrem, spes membris in capite data est, quod essent illo transeunte sine dubio secuturi. S. Augustin. Transeunt et ipsi: sed aliud est transire de mundo, aliud transire cum mundo; alius ad Patrem, aliud ad hostem. S. Augustin.

II. Jésus-Christ nous apprend à accomplir notre passage de la terre au ciel.

Nous aussi, nous sommes sortis de Dieu. Omnes nos tanquam oves erravimus, et notre course à travers le monde est une marche vers l’abîme.

Saint Jean Chrysostome fait observer que Jésus-Christ a voulu prendre un corps dans la masse de la nature humaine, afin par elle de nous enseigner la vertu.

Il vient passer à travers l’humanité, afin de nous marquer pour le passage. Sicut ovis ad immolandum ducitur Christus, cujus sanguine illitis postibus nostris, cujus signo crucis signatis frontibus nostris, a perditione hujus saeculi tanquam a captivitate vel interemptione diabolica liberamur; et agimus saluberrimum transitum, cum a diabolo transimus ad Christum, et ab isto instabili saeculo ad ejus fundatissimum regnum. Ideo quippe ad Deum permanentem transimus, ne cum hoc mundo transeunte transeamus. S. Augustin.

Ainsi voilà deux termes, le diable et Jésus-Christ. Nous sommes sous l’empire du diable, si nous sommes en état de péché mortel. Agimus saluberrimum transitum, cum a diabolo ad Christum transimus.

Or, qu’est-ce que l’empire du diable? Le monde. Qu’est-ce que le royaume de Jésus-Christ? Dieu lui-même, je vous le prouverai tout à l’heure. Et à quoi distinguerai-je ces deux régions? A l’instabilité de l’une, à l’immutabilité de l’autre, et ab isto instabili saeculo ad ejus fundatissimum regnum.

Mais encore une fois, quel est le royaume de Jésus-Christ? Dieu. Le royaume de Satan? La mort. Ideo quippe ad Deum permanentem transimus, ne cum hoc mundo transeunte transeamus.

Nous étions sortis de Dieu, nous sommes tombés dans l’instabilité du monde, nous voulons retourner à Dieu. Mais comment? Qu’il nous faille passer, c’est incontestable. Vous avez beau vous bien trouver ici, vous passerez. Mais aliud est transire de mundo, aliud est transire cum mundo; aliud transire ad Patrem, aliud transire ad hostem. Comment sortirons-nous du monde? Comment passerons-nous à notre Père?

Finis legis Christus ad salutem omni credenti; finis perficiens, non interficiens. Jésus-Christ viendra se poser comme notre terme, il rétablira les rapports entre son Père et nous. A une condition: c’est que nous ne verrons que lui, toutes nos actions seront réglées par sa loi. Finis legis Christus. Et quelle est la perfection de cette loi? L’amour. Plenitudo legis dilectio.

Ainsi l’amour fait descendre Jésus vers nous, l’amour nous fait remonter à Jésus. Or, il est à la fois notre terme et le lieu de notre passage. Notre terme: il nous donne sa grâce, sa loi, le modèle de ses vertus. Ipse est finis noster. Mais c’est en lui que nous passons, nous unissant à lui par l’amour. Nous passons en lui jusqu’à son immuable royaume: ad ejus fundatissimum regnum. Il est notre passage, Pascha nostrum. Il s’abaisse vers nous, nous saisit, nous relève, nous porte dans l’éternité. Pour cela que faut-il? Passer avec lui, passer de ce monde avec lui, considérer notre vie comme un passage et non comme un séjour.

Et factum est, cum complesset Jesus sermones hos omnes, cum Christus officium explesset doctoris, coepit se comparare ad officium redemptoris et salvatoris. S. Augustin.

Tunc congregati sunt.

Jésus-Christ consommé sur la croix.

Ad sepeliendum me fecit.

18bis. Prière de Jésus-Christ en croix.

Et tenebrae factae sunt in universam terram. La prière de Jésus-Christ dans les ténèbres.

Pater, dimitte illis: non enim sciunt quid faciunt. Deus meus, ut quid… Consummatum est. – In manus tuas…

Trois conditions: par rapport au prochain, par rapport à nous-même, par rapport à Dieu.

I. Par rapport au prochain.

L’amour des pécheurs. – L’amour de nos ennemis. – L’amour des ennemis de l’Eglise.

II. Par rapport à nous-même.

Deus meus, ut quid dereliquisti me?

L’acceptation des dégoûts.

Peines de la vie de prière.

Consummatum est. – La pratique des vertus. – L’obéissance.

[III. Par rapport à Dieu.]

Sa confiance. – Pater, in manus tuas…

19. La soif.

Postea sciens Jesus, quia consummata sunt, ut consummaretur Scriptura, dixit: Sitio.

Soif de Jésus dans son corps et dans son âme. Or, la soif de Jésus est excitée par trois motifs supérieurs.

Ces paroles, il les adresse aux pécheurs, aux chrétiens, aux âmes appelées à la perfection.

1° Aux pécheurs. Sa soif est causée par le feu de leurs passions. Il leur demande de l’apaiser par la privation et l’aumône.

2° Aux chrétiens Jésus dit: J’ai soif pour tant d’âmes que vous avez connues et qui souffrent dans le purgatoire; étanchez leur soif par vos bonnes oeuvres, vos prières, vos communions.

3° Aux âmes appelées à la perfection Jésus-Christ dit: J’ai soif de la gloire de mon Père; apaisez-la en vous consacrant à la sainteté et à la conquête des âmes.

Le zèle des saints, le zèle des apôtres.

20. La mort.

Que Jésus ait craint la mort, oui, parce qu’il a voulu la craindre. Qu’il y ait eu en Jésus-Christ du désespoir au sens des hérétiques, évidemment non.

L’Ecriture n’attribue notre salut qu’au sang et à la mort de Jésus-Christ. Suarez. Dieu n’a pas permis au démon de tourmenter son fils. Suarez.

Et inclinato capite, tradidit spiritum.

Ce qu’est la mort de Jésus-Christ par rapport à Dieu, par rapport à lui, par rapport à nous.

1° Preuve de l’horreur de Dieu pour le péché.

2° Preuve de l’amour de Notre-Seigneur pour nos âmes.

3° Modèle de la manière dont nous devons mourir.

Notes et post-scriptum