1844-1854

Informations générales
  • TD44.259
  • [Sur la perte du temps]
  • Orig.ms. CQ 187-188; T.D. 44, pp. 259-260.
Informations détaillées
  • 1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 RELIGIEUX
    1 SAINTETE
    1 TRAVAIL
    1 VOEU DE PAUVRETE
  • 1844-1854
La lettre

5. Sur la perte du temps.

Oramini, donec dies est.

La perte du temps est une dégradation du religieux, en qui elle détruit l’esprit de pénitence, de pauvreté, de charité, de sainteté.

I. Destruction de la pénitence.

Nous sommes tous condamnés au travail: c’est la loi portée contre tous les hommes. Il y a là un châtiment: in sudore vultus tui vesceris pane.

Cela est vrai de tout homme, de tout chrétien, de tout religieux. Cela [est] encore plus vrai de nous, qui ne nous proposons pas de grandes austérités et qui avons voulu surtout les trouver par le travail.

Dégradation du religieux oisif. Voyez les attaques des ennemis de l’Eglise contre l’oisiveté monachale.

II. Destruction de la pauvreté.

Nous ne sommes pas seulement obligés au travail comme fils d’Adam, mais comme religieux et par voeu. Le religieux qui n’est pas pauvre, n’est pas religieux. Il faut qu’il travaille sans cesse pour ganger sa vie. De quoi vivra-t-il? De sa fortune? Il y a renoncé. S’il la reprend, c’est le péché d’Ananie et de Saphire. [Vivra-t-il] du bien des autres? C’est un parasite. De leur travail, tandis qu’il se repose? C’est un être dégradé.

(Je comprends certains états de maladie). D’autant plus que le religieux paresseux en général exige d’autant plus qu’il donne moins.

Omnes petunt, omnes exigunt sumptus lucrosae egestatis, aut simulatae pretium egestatis. S. Augustin.

III. Destruction de la charité.

Quand on ne fait rien, il faut encore faire quelque chose, et la conséquence de la vie paresseuse, ce sont, avec la perte de temps, certaines conversations déplorables. Où la charité est-elle plus détruite qu’avec le temps perdu? De là l’utilité du silence. D’autant plus que pour le religieux flâneur la perte de la charité a un charme. Cela s’enchaîne. La charité et le travail, la paresse et le murmure vont de conserve.

Perte du temps par la curiosité. Tout cela n’est pas charitable.

IV. Perte de la sainteté.

Où trouverez-vous l’esprit d’oraison sans le travail? S’il s’agit du travail des mains, voyez les anciens religieux. S’il s’agit du travail de l’esprit, cela est encore plus vrai.

Le temps, c’est le prix de l’éternité. Dans la perte du temps, que de tentations auxquelles on succombera! Et puis, il faut du temps pour se sanctifier. Dieu, qui est éternel, a fait les choses créées avec le temps. – L’incarnation dans le temps.

Il faut du temps, mais il ne faut pas le perdre, car le temps est court.

Ergo, dum tempus habemus, operemur bonum… redimentes tempus, quoniam dies mali sunt.

Notes et post-scriptum