1844-1854

Informations générales
  • TD44.269
  • [Sacrilège]
  • Orig.ms. CQ 196; T.D. 44, pp. 269-271.
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 EUCHARISTIE
    1 MAUVAIS PRETRE
    1 PRETRE
    1 SACRILEGE
    1 TRAHISON
    2 JUDAS
  • 1844-1854
La lettre

7. Sacrilège.

Ante diem festum Paschae, sciens Jesus quia venit hora ejus, ut transeat ex hoc mundo ad Patrem; cum dilexisset eos, qui erant in mundo, in finem dilexit eos. Et caena facta, cum diabolus jam misisset in cor, ut traderet eum Judas Simonis Iscariotae; sciens quia omnia dedit ei Pater in manus, et quia a Deo exivit, et ad Deum vadit, surgit a caena.

Il importe de considérer quelquefois les plus douloureux sujets. Arrêtons- nous à la trahison de Judas. Trois personnages se présentent: l’instigateur, le traître, la victime. L’instigateur est Satan, le traître est Judas, la victime un Dieu fait homme par amour pour les pécheurs.

I. L’instigateur.

Pourquoi Satan pousse-t-il Judas? Parce qu’il craint la fin de son règne, parce qu’il soupçonne Jésus-Christ d’être Dieu.

Pourquoi vous poursuit-il? Parce que vous êtes chrétiens, peut-être élus, en tout cas prêtres. Jésus lui a enlevé sa proie; il veut la ressaisir. Ah! vous êtes à plaindre. La haine de Satan est double contre vous, à cause de votre âme, à cause des âmes que vous lui enlevez.

Vous avez été baptisés, ordonnés. Peu lui importe! Il vous a tendu des pièges dans votre enfance, au séminaire. Mais voici où il vous attend, à l’autel, et coena facta.

Il ne veut pas perdre Judas, il veut surtout perdre Jésus. Cum jam misisset in cor.. Et coena facta. Le presbytère, l’église, le confessionnal, l’autel: il est là. Il a voulu perdre Jésus, il veut perdre l’Eglise, cette continuation de Jésus.

Heureux celui qui trouve dans la cène la force et non le poison! Que de saints prêtres fortifiés par la cène contre Satan! Et vous? Vous trahissez Jésus. – Vous trahissez les âmes. – Vous trahissez l’Eglise. Et coena facta, cum jam diabolus misisset in cor, ut traderet eum Judas Simonis Iscariotae.

II. Le traître.

Saint Augustin donne trois caractères à Judas. Jam venerat talis ad convivium, explorator pastoris, insidiator salvatoris, venditor redemptoris.

Explorator pastoris. C’est un espion de l’enfer. – Espion de ses supérieurs en jugeant, en critiquant: vicaire, de son curé; curé, de son évêque. Il n’est plus agneau, plus brebis; s’il n’est pas encore le loup, il lui indiquera par où il peut passer. Mauvais prêtre, il ne trouve personne bon. Explorator pastoris.

Les supérieurs l’avertissent, lui n’a que de déplorables justifications. Tous les moyens sont bons, même la flatterie. Juda, osculo filium hominis tradis.

Insidiator salvatoris. Vous tendez des embûches aux âmes. Mais ne sont-ce pas les membres du corps de Jésus-Christ? Lutte avec Jésus-Christ. Il est venu pour sauver, vous pour perdre: Amice, ad quid venisti?

Venditor redemptoris. – Ceci monte plus haut; vous vendez votre Sauveur au monde, au respect humain, aux passions. Quid vultis mihi dare, et ego vobis eum tradam? Jésus pourtant, dit saint Chrysostome, lui lave les pieds et il ne rougit pas. Ah! reprend saint Augustin. Talis venerat, et videbatur, et tolerabatur, et se ignorari arbitrabatur. Je ferai, dit-il, comme les autres, et qui se doutera de mes projets et de mes crimes? Quemcumque osculatus fuero, ipse est: tenete eum. Songe infernal. Prenez garde; ces victimes, ce sont des âmes, c’est l’Eglise, c’est Jésus-Christ.

Mais Dieu le voit: et videbatur, et tolerabatur, et son châtiment commença quand il crut n’être pas vu.

III. La victime.

Sciens quia omnia dedit ei Pater in manus, et quia a Deo exivit, et ad Deum vadit. De Deo ad Deum. Majesté du Sauveur regardant tout du haut de la divinité d’où il sort et où il rentre, regardant ces suggestions de Satan, la séduction de Judas.

Sciens quia omnia dedit ei Pater in manus. Ergo et ipsum proditorem. s. Augustin. – Souillez tant qu’il vous plaira la divine victime de vos mains sacrilèges, vous êtes entre ses mains. Mais, bon prêtre, réjouissez-vous; vous aussi, vous êtes entre ses mains.

Ergo et ipsum proditorem: nam si eum in manus non haberet, non utique illo uteretur ut vellet. – Le traître est trahi. Jam traditor traditur, et son supplice commence. Et Dieu fera servir sa trahison à ses fins divines. Sciebat enim Dominus quid faceret pro amicis, qui patienter utebatur inimicis.

Ecoutez, vous que les passions poussent à trahir Jésus-Christ, vous êtes les instruments maudits de son amour. Si Judas n’eût pas trahi, Jésus n’eût pas été livré.

Ecoutez et concluez, bon prêtre: celui qui est patient pour ses ennemis, l’est à cause de ses amis. Sciebat. Quoi, le sacerdoce partagé en deux, les bons sanctifiés par les mauvais? Oui.

Oui, Judas, t’ira chercher la victime, mais pour toi: et le meilleur des desseins de Dieu s’accomplira. Sciebat. Le salut sera fait. Sciebat.

Etes-vous traîtres? Etes-vous disciples fidèles? Satan vous a-t-il parlé? L’avez-vous écouté? Avez-vous trahi Jésus? Oh! posez-vous enfin courageusement du côté de celui qui étant votre Dieu a voulu devenir votre ami. Si reprehensione tangitur negligentia conviventis, qua paena percutitur venditor invitantis.

Notes et post-scriptum