Informations générales
  • TD44.272
  • Piété de Marie, modèle de notre piété.
  • Orig.ms. CQ 197; T.D. 44, pp. 272-274.
Informations détaillées
  • 1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 PIETE
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
La lettre

Pietas ad omnia utilis est.

Avant d’entrer dans les détails de la vie de la Sainte Vierge, je voudrais jeter un coup d’oeil général sur la position que fait à Marie sa piété. Mais pour cela disons: 1° ce qu’est la piété; 2° ce qu’elle est en Dieu; 3° ce qu’elle fut en Marie; 4° ce qu’elle doit être en nous.

I. La piété est une vertu par laquelle nous rendons un culte à ceux à qui nous devons quelque chose, relativement à notre existence. De là: 1° l’amour de la patrie qui est un culte de vertu; 2° la piété envers les parents, appelée piété filiale; 3° la plus haute de toutes les piétés, celle par laquelle nous honorons Dieu, à qui nous devons tout notre être. Cette vertu s’appelle la religion. Mais il y a la piété par laquelle nous honorons Dieu non plus comme créateur, mais comme notre père. Et ceci est plus qu’une vertu, c’est un don, le don de piété: in quo clamamus: Abba, pater.

Cette piété, nous en sommes incapables de nous-mêmes. C’est d’elle qu’il faut dire: Donum Dei est.

II. Mais, et j’arrive à ma seconde considération: Est-ce nous qui honorerons ainsi Dieu d’un amour filial? Non, non; nous devons aimer Dieu de cet amour, mais parce qu’il nous a aimés le premier. La source de la piété don du Saint-Esprit, c’est le Saint-Esprit; car si elle n’était pas dans le Saint- Esprit, nous ne l’aurions pas.

Mais voyez, non seulement la piété remonte vers Dieu, mais elle en descend. En Dieu elle ne fait que descendre comme de sa source, puisqu’elle ne peut remonter plus haut. Donc la source de la piété, c’est le coeur de Dieu en tant que notre père, s’épanchant du bord vers son Fils, à qui il dit: Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui; Filius meus es tu. Et c’est la source divine, infinie de la piété paternelle. La piété de Dieu, c’est donc son amour de père pour son fils, Verbe éternel, et son amour pour les hommes, non pas en tant qu’il est leur créateur, mais leur père.

Or ici-bas les parents aiment leurs enfants les premiers. De même en Dieu. Et Bossuet s’écrie: « Il est de la dignité du premier être d’être le premier à aimer et d’attirer les affections par une bonté surabondante ».

Considérée ainsi, la piété en Dieu c’est l’attraction de toutes les créatures intelligentes par une affection de père. Voilà pour la piété en Dieu.

III. Si Dieu nous attire par une piété parternelle, nous devons nous laisser attirer par une piété filiale, dont nous sommes incapables de nous-mêmes. C’est pourquoi je veux la considérer en Marie. Qui a été plus attirée que Marie? Dominus possedit me ab initio viarum suarum, antequam quidquam fieret a principio. A ces avances merveilleuses Marie a correspondu. Et vous comprenez pourquoi, sauf de rares exceptions, la vie de Marie a été cachée. Elle était toute à sa piété. Qu’est-ce que la piété? dit S. Augustin. Pietas cultus Dei est; non colitur nisi amando. Vous rendez-vous compte des longs jours et des longues nuits que Marie passait au culte de Dieu par l’amour? Mais quoi? était-ce tout son culte? Gardez-vous de le croire, sa piété maternelle s’exerçait envers les hommes.

IV. Vous me direz: Je ne comprends rien à cette piété-là. Alors vous ne comprenez rien à ce cri de l’Eglise: Pie Jesu, Domine. Dieu est pieux pour nous, et le caractère de Dieu est de ne rien exiger de sa créature, sinon qu’elle l’adore par un saint amour*. Bossuet. Dieu nous attire parce qu’il est notre père. Jésus nous attire parce qu’il s’est fait notre frère. Marie nous attire parce qu’elle est notre mère et notre soeur. Le coeur de Dieu, le coeur de Jésus, le coeur de Marie, et puis notre coeur. Et, en remontant, notre coeur dans la piété doit s’élever vers Marie, vers Jésus, vers Dieu.

Et quand je parle de la sorte, je parle appuyé sur la doctrine de s. Thomas qui établit que, du moment que la piété est considérée comme un don du Saint-Esprit, ce n’est plus aux membres seuls de notre famille naturelle que notre piété doit s’adresser, mais aux membres de cette famille spirituelle, où nous introduit le baptême, c’est-à-dire les saints; à la mère de cette famille, la Sainte Vierge; au chef de la famille, Jésus-Christ; au père de Marie et de Jésus, c’est-à-dire Dieu.

Or, voyez-vous maintenant la position de Marie entre Dieu et les hommes au point de vue de la piété? Voyez-vous votre position, quel doit être votre culte envers Dieu, votre père; envers Jésus, votre frère; envers Marie, votre mère; envers les hommes vos frères?

Notes et post-scriptum