mars 1872 – Instruction aux hommes

Informations générales
  • TD45.172
  • Le PAPE et les PEUPLES.
  • Orig.ms. CR 131; T.D. 45, pp. 172-175.
Informations détaillées
  • 1 DEMOCRATIE
    1 PAPE
    1 PEUPLES DU MONDE
  • Instruction aux hommes
  • mars 1872
  • Chapelle de la rue François Ier
La lettre

Vous vous rappelez, mes frères, que dans une précédente conférence, je vous ai cité cette parole: Dans quelque temps il n’y aura plus que ces deux grandes choses, le Pape et les Peuples.

Je veux vous expliquer cette parole paradoxale pour plusieurs. J’établis trois faits:

1° Les progrès de la démocratie.

2° Le pouvoir moral du Pape plus grand que jamais, par l’affirmation de l’Infaillibilité, – par l’union des Evêques, – par les Missions, – par l’amour des peuples.

3° La haine croissante de la révolution contre la papauté, et comme la révolution semble surtout incarnée dans la démocratie: Haine de la démocratie contre la papauté.

Trois faits incontestables!

La haine est-elle irréconciliable? Oui, avec la démocratie révolutionnaire. Non, avec la démocratie proprement dite.

Est-il rigoureux que la démocratie sot révolutionnaire? Je ne le pense pas. Voyez la démocratie américaine. Elle peut même revêtir plusieurs formes: La forme républicaine; La forme monarchique.

Je vais plus loin; avec les élections, avec les cercles, évidemment vous faites de la monarchie avec de la démocratie.

Et c’est ce qui devrait faire tomber bien des calomnies sur le retour de l’ancien régime.

Les monarchistes sont obligés d’accepter la démocratie, c’est un fait.

Mais, j’avance. J’ai dit qu’il y avait lutte acharnée entre la démocratie et la papauté, je dis que la paix peut se faire, qu’elle doit se faire!

Il y a deux démocraties: la Révolutionnaire ou protestante; Celle que rêvait Jurieu quand il disait « Le peuple n’a pas besoin d’avoir raison pour valider ses actes ». Celle-là finit à la force brutale, à la morale sans morale, à l’athéisme, au matérialisme. Démocratie qui finit toujours par un tyran! Avec cette démocratie pas de conciliation possible.

Mais il y a une démocratie morale; – base de sa moralité, les principes, sans quoi en fait de morale vous n’aurez qu’une sentimentalité creuse, élevée à la puissance du galimatias. Et les principes reposent sur la vérité; La vérité sur la parole de Dieu; La parole de Dieu sur l’Eglise; l’Eglise sur le Pape: Tu es Petrus et super hanc petram aedificabo ecclesiam meam [Matt. 16-18].

Je parle à des catholiques; Pour les Protestants qui ne veulent plus de questions dogmatiques dans leurs Synodes, ils sont une magnifique contre-épreuve de la vérité catholique. C’est la queue qui mène la tête.

Mais, me direz-vous, les peuples ne sont plus chrétiens. Je vous l’accorde, et c’est [là], mes frères catholiques, que m’apparaît la magnificence de votre mission. Voyez le quatrième siècle à sa fin. Quelles horreurs! Quelles ruines dans l’Europe!

Clovis et ses Francs apparaît. Clotilde le pousse vers Rémy; Les Francs sont catholiques!

Soyez catholiques, mes frères et vous referez la France! Mais pour cela il faut deux choses; non plus un Evêque, mais le Pape!

Or qu’est-ce que la démocratie doit demander au Pape? C’est ce que nous allons examiner. Avant tout établissons ce que doit être cette union morale volontaire.

1° La vérité.

2° Le droit ou la justice.

3° La charité.

I. La vérité. – Je le disais, tout à l’heure, il faut des principes. Mais cherhez en dehors des principes catholiques, que voyez-vous? La science! Qu’est-ce que la science? La matière. Qu’est-ce que la matière?

Voyez, il n’y aurait que l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme, que c’en serait assez.

Les peuples croyants sont les seuls qui aiment leur pays. Qu’est-ce donc si ce sont des peuples croyant à la vraie foi?

Et voyez, vous reculez devant la guerre civile! Eux n’ont pas reculé.

Oui, et si on vous propose la libération du territoire, vous souscrirez.

Le Pape infaillible est le gardien de la vérité et de la dignité humaine.

II. [Le droit ou la justice.] Le Pape infaillible est le gardien du droit, de la morale. Gardien de la propriété, des souffrances du pauvre contre l’usure. Gardien de la famille; Les pays protestants acceptent le divorce.

III. La charité. Gardien de la charité, couronnement catholique des moeurs. Luttes dans la grande question ouvrière. – Position admirable du Pape par la charité, – car cette question ne peut être tranchée que là.

Et voilà l’opportunité du Syllabus! L’opportunité de la proclamation de l’Infaillibilité. Il fallait un juge vivant toujours prêt à prononcer, un docteur toujours prêt à enseigner, au milieu de cette immense transformation, fatale, irrésistible.

Ou le monde, poussé par la démocratie révolutionnaire, périra et ce sera le règne de l’antéchrist.

Ou la démocratie christianisée par les catholiques, trouvant la vérité, le droit, la justice, les moeurs, la charité, s’élèvera, sous la direction du Christ, vers les destinées les plus magnifiques.

Et l’union du Pape avec Clovis, Charlemagne, saint Louis donnera à la France des époques magnifiques de grandeur et de gloire; Elargissant l’horizon, j’aperçois l’union du Pape et des peuples préparer au monde entier un avenir où nos souffrances devenues fécondes préparent au monde, redevenu chrétien, d’incomparables destinées.

Notes et post-scriptum