COURS d’INTRODUCTION à l’ETUDE de l’HISTOIRE ECCLESIASTIQUE.

Informations générales
  • TD45.196
  • COURS d'INTRODUCTION à l'ETUDE de l'HISTOIRE ECCLESIASTIQUE.
  • PREMIERE LECON.
  • Orig.ms. CR 146; T.D. 45, pp. 196-200.
Informations détaillées
  • 1 EGLISE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 REGNE
  • Conférences universitaires
  • Hiver 1875-1876 (1).
  • Nîmes
La lettre

L’histoire ecclésiastique embrasse les annales du monde entier. C’est l’histoire des relations de l’homme avec Dieu. Le point central en est le Calvaire; Le commencement date du récit de la création; Elle ne sera finie qu’après que le Juge suprême aura fixé aux hommes leurs destinées pour toujours: Le bonheur ou le malheur éternel.

D’où trois parties: Le commencement, le milieu, le terme. Le commencement nous est enseigné dans l’ancien testament; Le milieu, c’est l’Evangile; Le terme nous est indiqué à grands traits dans l’Apocalypse, avec le récit du commencement très clair, puis certaines obscurités, comme il convient aux prophéties dont le sens n’est manifesté dans toute leur clarté que quand les événements annoncés par elles sont réalisés. Et toutefois les derniers traits de cette grande histoire sont très nets, ils se résument en trois mots: jugement dernier, le Ciel et l’Enfer.

Mais dans cette longue série d’événements, il faut distinguer les pensées principales. On peut étudier les relations de Dieu avec l’homme avant Jésus-Christ. On peut les suivre à partir de la fondation de cette société plus parfaite, l’Eglise, et qui a commencé ou à la Pentecôte quand le Saint-Esprit, l’Esprit de vérité, descendit sur les Apôtres, ou quand le soldat romain ouvrit de sa lance le coeur du divin Maître, et avec son sang en fit jaillir le pardon accordé à l’humanité coupable et le prix du rachat universel.

Mais l’histoire de l’Eglise considérée à ce point de vue nous ouvre les plus vastes horizons qu’il importe d’indiquer en peu de mots.

L’Eglise est appelée souvent un royaume dont Jésus-Christ est le monarque. – L’Eglise est une école dont Jésus-Christ est le docteur. – L’Eglise est un temple dont Jésus-Christ est le pontife.

L’histoire de l’Eglise, royaume de Dieu, de l’Eglise école de la vérité divine, de l’Eglise temple où un Dieu se présente comme prêtre et victime, tel est le point de vue général du haut duquel je me propose de vous présenter des idées générales sur l’Eglise. Je laisserai tout ce qui dans cette immense histoire précède Jésus-Christ. Je me contenterai de vous dire la première fois quelques mots de ce roi, de ce docteur, de ce pontife. Pour aujourd’hui, je vous indiquerai mon plan à grands traits, pour vous faire saisir dans un coup d’oeil rapide.

L’Eglise est un royaume, elle a son gouvernement. Elle a sous son roi un chef délégué par Lui, le Pape; d’autres chefs entre lesquels le monde est partagé, les Evêques; des aides de ces chefs, le clergé: Le clergé composé de prêtres destinés à exercer un ministère selon que les Evêques le leur [= lui] confient. Mais le chef suprême a ses aides aussi, et de même que dans une société bien réglée il y a l’administration et l’armée, de même l’administration ecclésiastique relève plus particulièrement des Evêques, qui administrent par le clergé séculier, tandis que le Chef suprême a plus spécialement à ses ordres les familles religieuses qui dépendent plus directement de Lui et qui, comme des régiments de diverses armes, composent son armée; de là la haine des ennemis de l’Eglise contre les ordres religieux.

Le tout est pour les fidèles qui sont le corps de l’Eglise. En dehors des lois de cette société, comme elle est parfaite, elle propose certains conseils et pour être soldat dans son armée, il faut les pratiquer, comme en dehors des lois du citoyen il y a la discipline militaire du soldat.

L’Eglise est la grande école de vérité. Le péché a obscurci les premiers enseignements donnés à l’homme, il lui faut une seconde manifestation. Jésus-Christ l’a donnée dans son Evangile, les Apôtres l’ont continuée et les promesses d’infaillibilité ont été données à son Eglise! L’histoire du développement de la vérité à travers les siècles est une des plus admirables études que l’esprit humain puisse faire. L’enseignement des Pères et des grands Docteurs est tout ce que l’on peut voir de plus éblouissant, et défie toutes les attaques de la raison.

Enfin l’Eglise est un temple. Dieu y distribue ses dons par les Sacrements; l’homme vient rendre à Dieu un culte public, de là l’importance des règles de ce culte; et au centre du temple un autel, où un prêtre qui est Dieu donne à de simples hommes, prêtres eux-mêmes, le pouvoir d’immoler une victime Dieu et homme à la fois, trait d’union entre le ciel et la terre, entre Dieu qui pardonne et l’humanité qui implore le pardon.

Trois sortes d’ennemis s’élèvent contre cette société, cette école, ce temple: Les pouvoirs humains, les hérétiques, les impies.

Les pouvoirs humains persécutent, se séparent, combattent. L’Eglise souffre persécution, combat, fait des traités où presque toujours elle sacrifie quelques-uns de ses droits.

Les hérétiques attaquent certains points de la vérité. Cette vérité est défendue par les docteurs dans une série de discussions. Elle est fixée ou par les tribunaux de la doctrine, les conciles, ou par le docteur suprême, le Pape. (Opportunité de la définition de l’Infaillibilité).

Les impies. On ne veut plus du culte public en attendant qu’on ne veuille plus de Dieu. La question du culte soulève à un point de vue spécial, la question du monde surnaturel, la question de la grâce sociale accordée par les Sacrements, de la grâce sollicitée d’une manière sociale par la prière publique, du centre de cette grâce sociale, le sacrifice de nos autels.

Restera la question de la manière dont l’Eglise s’établit par la prédication; Le grand problème de l’existence de l’Eglise malgré tant d’ennemis; Et enfin le problème final de l’existence de l’Eglise, quand les siècles seront finis, dans son triomphe éternel. Ainsi sortie de Dieu par la création, relevée par un Dieu à la Rédemption, elle rentre dans le sein de Dieu quand sa destinée terrestre est finie et pour toute l’éternité.

Notes et post-scriptum
1. La chronologie du *Maître spirituel* assigne à cette série de conférences la date de 1878. Une note au crayon sur la chemise contenant les documents dit: "Hiver 1875-1876". Cependant il existe un autre "Cours d'histoire ecclésiastique", daté de la main même du P. d'Alzon de 1875-1876 (dans cette banque de données: D01026 à D01041). A notre avis il ne serait pas impossible que les 5 leçons de notre "Cours d'introduction à l'histoire ecclésiastique" aient été données par le P. d'Alzon au noviciat de Paris entre le 8 octobre et le 6 novembre 1875 : le 23 novembre, le P. d'Alzon écrit à Picard: "J'ai fait hier une conférence sur un sujet que je n'avais pas traité à Paris" (*Lettre* 5530, v. aussi la note 2). Cela reste une hypothèse. C'est elle cependant que nous avons privilégiée dans le vol. 11 des *Lettres* (p.4).
[Un carnet du P. Picard, maître des novices parisiens (EZ 126; vol. 22 de ses Ecrits, p.130-135), a gardé le souvenir des conférences du P. d'Alzon. A vrai dire, parmi les sujets évoqués par ce carnet, nous avons du mal à retrouver les nôtres... [complément de note du 25 septembre 1998].