COURS d’INTRODUCTION à l’ETUDE de l’HISTOIRE ECCLESIASTIQUE.

Informations générales
  • TD45.201
  • COURS d'INTRODUCTION à l'ETUDE de l'HISTOIRE ECCLESIASTIQUE.
  • DEUXIEME LECON.
  • Orig.ms. CR 147; T.D. 45, pp. 201-206.
Informations détaillées
  • 1 ANCIEN TESTAMENT
    1 CONSEQUENCES DU PECHE
    1 CREATION
    1 DIEU
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 PECHE ORIGINEL
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    2 ABEL
    2 ABRAHAM
    2 ANTIOCHUS IV EPIPHANE
    2 CAIN
    2 DANIEL, PROPHETE
    2 DAVID, BIBLE
    2 ESAU
    2 ESDRAS
    2 ESTHER
    2 EZECHIEL
    2 HENOCH
    2 ISAAC
    2 JACOB
    2 JEREMIE
    2 MACCABEES
    2 MOISE
    2 NEHEMIAS
    2 NOE
    2 SAUL, ROI
    2 TOBIE, BIBLE
    2 ZOROBABEL
    3 ASSYRIE
    3 EGYPTE
    3 JERUSALEM
    3 JUDEE
    3 ROME
    3 SAMARIE
  • Conférences universitaires
  • Hiver 1875-1876 (1).
  • Nîmes
La lettre

L’histoire de l’Eglise étant l’histoire des rapports surnaturels de Dieu avec les hommes, on ne la comprendra jamais, si l’on ne sait bien ce qu’est Dieu et ce qu’est l’homme.

Et d’abord qu’est-ce que Dieu, tel que la raison unie à la révélation nous Le fait connaître? Avant tout il faut avouer qu’un être infini, infiniment parfait, ne peut être entièrement connu ici par l’intelligence humaine. Et comme disant les théologiens, on peut savoir s’Il est, one ne peut pas savoir ce qu’Il est. En effet s’il pouvait être compris par une intelligence bornée, finie, comme la nôtre, Il ne serait pas infini; Vouloir faire comprendre Dieu par notre intelligence ici-bas, c’est vouloir mettre l’océan dans une coquille de noix.

Aussi le chrétien s’approche-t-il de Dieu par la foi selon cette parole de saint Paul: Credere enim oportet accedentes ad Deum quia est. [Hebr. 11-6].

Dieu est l’être des êtres, Il existe par lui-même, Il est infiniment parfait, infiniment puissant, infiniment bon, infiniment vrai, infiniment miséricordieux, infiniment juste.

Inifiniment parfait, rien ne lui manque, on ne peut rien Lui ajouter, rien en retrancher, Il est immuable.

Infiniment bon, tout bien et tout ce qui est bon découle de Lui.

Infiniment vrai, Il est la vérité même et toutes les vérités découlent de Lui.

Il est, Il se connaît, Il s’aime, Il n’a besoin de personne et ne dépend de personne ni pour son être, ni pour se connaître, ni pour d’aimer, ni pour sa gloire, ni pour son bonheur.

Infiniment puissant, Il a créé l’univers dont Il n’avait pas besoin; Infiniment bon, Il le conserve par une création continuée; Infiniment sage, Il a mis un ordre merveilleux dans les dispositions des êtres plus ou moins parfaits ayant tous un but.

Il a créé des êtres de deux espèces, des êtres matériels et des êtres pures intelligences, et dans ces deux ordres il y a des degrés divers. Au centre Il a placé l’homme. Un peu au-dessous des anges, couronné d’honneur et de gloire en face de toutes les autres créatures, l’homme tient le milieu entre les êtres matériels et les êtres intelligents. Il est au centre de la création: Homo, cum in honore esset, non intellexit. Satan, le chef des anges tombés, lui a porté envie et l’a tenté. Le premier homme et la première femme destinés à l’immortalité et au bonheur, ont été condamnés à la douleur, au travail, à la mort.

Le péché était entré dans le monde; Le péché avec ses suites: la concupiscence, l’ignorance, la colère de Dieu, colère qui n’éteint pourtant pas la miséricorde. Car au moment où la sentence de condamnation est prononcée, une espérance est laissée: La femme écrasera la tête du serpent, ou plutôt la race de la femme.

Et nos premiers pères sont chassés du paradis de délices; L’ignorance, la concupiscence, le travail, la mort, tel est désormais le partage de l’homme. Et il faudrait insister sur les divers caractères qui lui sont imprimés par les suites du péché pour se rendre compte de l’histoire de l’humanité à travers les âges.

L’ignorance: Un voile épais est étendu sur son intelligence, quoique non entièrement obscurcie; Il possède avec cela un désir immodéré de connaître, de là tant de fausses religions à mesure que les vraies traditions s’effacent, de là tous ces systèmes philosophiques si monstrueux qu’un des princes de la philosophie disait qu’il ne connaissait pas de proposition si absurde qui n’eût été enseignée par quelque philosophe. Et où cela finissait-il par aboutir? A l’incrédulité en religion, au doute en philosophie!

La concupiscence, mère des passions, avait à lutter contre la souffrance. Les plus forts se donnaient des voluptés refusées aux plus faibles, qui sous le poids de leurs chaînes se plongeaient dans toutes les immoralités. La concupiscence, source d’ambition pour les uns, produisait les guerres, les massacres, l’esclavage antique; chez les autres l’amour des plaisirs et l’énervement des peuples dans la débauche. La mort? Mais qu’y avait-il au-delà? Les payens avaient leurs enfers, mais au bout d’un certain temps qui y croyait? Et quand Jésus-Christ parut, où était la foi? Cependant les peuples se heurtaient, se broyaient les uns les autres, et, au-dessus d’un certain nombre d’empires renversés, un peuple providentiel préludait à la conquête du monde. J’ai nommé les Romains! Ainsi l’humanité presqu’entière s’en allait du côté de l’abîme. Mais à côté Dieu s’était choisi les siens. Dès les premiers jours, Abel se sépare de Caïn, Hénoch est enlevé au ciel, Noé, resté juste tandis que toute chair avait corrompu sa voie, bâtit l’arche au milieu des moqueries des hommes impies; Dieu l’y enferme, le déluge détruit le genre humain, une seule famille exceptée, bien peu après, les révoltes contre Dieu recommencent, puis Dieu sépare Abraham de sa famille et de son peuple, fait alliance avec lui, le fait Père des croyants. Isaac, après avoir été la victime du sacrifice, figure du sacrifice par excellence, devient le père d’Esaü et de Jacob. Jacob avec ses enfants fuit en Egypte, d’où sa postérité après quelques siècles de persécution, s’enfuit au désert, où sur le Sinaï une seconde alliance est faite entre Dieu et son peuple représenté par Moyse. Ce peuple murmure, prévarique, se révolte sans cesse, introduit dans la terre promise, il insulte Dieu sans cesse; sans cesse Dieu le punit, et quand il crie vers Dieu, Dieu lui pardonne, jusqu’à ce que fatigué d’être gouverné directement par le Seigneur, il demande un roi et Dieu le lui accorde.

Arrêtons-nous un instant pour considérer cette marche étonnante non plus du genre humain, mais du peuple de Dieu. Qu’est donc la destinée mystérieuse de ce peuple, à qui ont été confiées les paroles de Dieu et qui les conservera comme le titre des châtiments que Dieu lui infligera à travers les âges? Quel tableau de la corruption humaine dans cette petite portion de l’humanité, mise à part pour conserver les promesses de la loi, les prescriptions du culte public et figuratif tel que Dieu voulait qu’on le Lui rendît!

Car nous devons constater que la doctrine des Juifs consistait en deux dogmes principaux: l’unité de Dieu et l’attente d’un libérateur. Au Dieu unique, au milieu des abominations de l’idolâtrie, étaient offerts des sacrifices par un sacerdoce choisi. Ces sacrifices eux-mêmes étaient la prophétie et la figure du sacrifice par excellence que le Rédempteur devait offrir pour le salut du monde.

Puis viennent les Juges, suscités de temps en temps soit pour affranchir Israël de ses oppresseurs, soit pour juger et gouverner ce peuple revenu de ses apostasies. Puis viennent les Rois, Saül bientôt rejeté, David à qui des promesses sont faites que de lui sortira le désiré des nations. Ces Rois sont dans l’ensemble infidèles; à partir de Salomon qui bâtit un temple à Dieu et élève des autels aux idoles de ses centaines de femmes, on compte les rois fidèles. Samarie se sépare de Jérusalem, jusqu’à ce que Samarie et Jérusalem ravagées par les rois d’Assyrie subissent un commun esclavage; Samarie pour toujours, Jérusalem pour soixante-dix ans, avec des destinées diverses.

A côté des Rois et des prêtres, mais souvent pris dans la race sacerdotale, apparaissent les prophètes, hommes extraordinaires que le peuple lapide souvent, mais dont il reconnaît la mission surtout après leur mort. Inspirés de Dieu, ils reprochent à Juda ses prévarications et lui montrent les promesses avec de nouveaux détails qui aideront à connaître le moment, le lieu où elles s’accompliront. Ils mêlent à ces détails sur l’avènement du Messie, les détails moins importants, mais qui confirment les autres, sur les grands événements des peuples qui les environnent.

Puis Jérusalem est livrée aux Gentils; Les sacrifices cessent. Le peuple est captif, esclave, mais au milieu de la captivité Dieu s’est réservé des témoins: Tobie, Esther, Daniel, les jeunes hommes de la fournaise, Ezéchiel, Jérémie en Egypte ou à quatre-vingts ans les Juifs le lapident, Néhémias, Esdras, Zorobabel, qui par l’ordre des vinqueurs ramèneront le peuple, relèveront les murs de la cité sainte, reconstruiront le temple.

Puis des persécutions nouvelles, puis les luttes gigantesques des Machabées contre les lieutenants d’Antiochus. Une alliance se fait entre les Romains et les Juifs; Bientôt la Judée est absorbée par Rome, le sceptre sort pour jamais de la maison de Juda.

La vieille alliance est répudiée; La nouvelle commence; Jésus-Christ apparaît!

Notes et post-scriptum
1. Voir D00675 note.