COURS d’INTRODUCTION à l’ETUDE de l’HISTOIRE ECCLESIASTIQUE.

Informations générales
  • TD45.211
  • COURS d'INTRODUCTION à l'ETUDE de l'HISTOIRE ECCLESIASTIQUE.
  • QUATRIEME LECON. Jésus-Christ Roi.
  • Orig.ms. CR 149; T.D. 45, pp. 211-214.
Informations détaillées
  • 1 CREATEUR
    1 JESUS-CHRIST
    1 POUVOIR
    1 PROVIDENCE
    1 REGNE
    1 ROI DIVIN
    1 SAUVEUR
    1 THOMAS D'AQUIN
  • Conférences universitaires
  • Hiver 1875-1876 (1).
  • Nîmes
La lettre

Entrons aujourd’hui dans le détail des questions que nous nous sommes posées comme but de ce cours et considérons Jésus-Christ comme roi de la Monarchie universelle.

Jésus-Christ est Dieu et homme; Nous considérerons Jésus-Christ comme roi en tant que Dieu; dans une leçon suivante nous Le considérerons dans sa royauté comme homme.

Jésus-Christ est Dieu, et comme Dieu Il est: 1° Créateur de l’univers. – 2° Conservateur de l’univers. – 3° Rédempteur. – 4° Fin dernière de toutes choses.

1. Jésus-Christ est Créateur.

Jésus-Christ a tiré tous les êtres du néant, et de là sa propriété. Jésus-Christ ne les a pas tirés de Lui, sans quoi l’univers serait Dieu; Il ne les a pas tirés d’une matière première, sans quoi cette matière serait Dieu. C’est du néant qu’Il les a tirés. Le néant n’a droit à rien et les êtres que Dieu tire du néant n’ont droit à rien, non plus. Ils n’ont que le devoir de reconnaître leur origine et de tout rapporter à Celui qui leur a donné l’existence. Quand la science moderne dit que Dieu est une hypothèse dont la science n’a pas besoin pour expliquer les faits de la nature, elle ne s’aperçoit pas qu’elle dit une immense absurdité. Saint Thomas a réfuté la proposition, il y a dix siècles, quand il a dit qu’il est absurde d’établir des faits sans cause; Tout fait a une cause, et pas de science sans unité dont le nom est dans la cause première à laquelle il faut remonter. Or les sciences se rapportent les unes aux autres, il faut remonter à une science première qui ne s’explique que par sa cause qui est Dieu.

2. Dieu est Conservateur de l’Univers.

La même puissance qui a tiré l’univers du néant, le conserve; Que cette puissance retire son appui, tout être tombe dans le néant dont il était tiré. La conservation est aussi nécessaire que la création, second titre de propriété, de royauté de Dieu sur l’unviers car sa Providence qui conserve cet univers lui a donné des lois et le gouverne.

3. Dieu est Rédempteur.

Je passe sur ce titre sur lequel j’aurai à revenir plus tard.

4. Dieu est la fin dernière des êtres.

Universa propter semetipsum operatus est Dominus: impium quoque ad diem malum. [Prov. 16-4]. Dieu a créé les hommes libres; si l’impie se sert de sa liberté contre Dieu, Dieu le réservera pour les jours mauvais, mais c’est l’impie qui l’aura voulu. Dieu fin dernière, nous attend aux portes de l’éternité pour nous récompenser ou nous punir en roi infiniment puissant. Il dépend de nous qu’il soit notre roi ou pour notre bonheur ou notre malheur éternel.

Quoi qu’il en soit, Il est le bien suprême, et le bien, disait la philosophie payenne confirmée par la théologie chrétienne, est ce que tous les êtres désirent: Bonum est id quod omnes appetunt. Chaque être désire le bien selon sa nature, mais le bien premier auquel les autres se rapportent, c’est Dieu, et en ce sens Il est la sanction royale, infinie, à l’ordre de l’univers, en se donnant aux bons ou en se retirant aux méchants, et en donnant un bien relatif aux êtres créés pour l’homme, comme l’homme a été créé pour Lui.

Mais que fait ce pouvoir royal? Comment s’exerce-t-il? 1° Il commande. – 2° Il défend. – 3° Il permet. – 4° Il punit. – 5° Il récompense.

Telle est la base du code universel; Un roi a le droit de commander, d’où les lois positives; de défendre, d’où les lois négatives ou restrictives; de permettre, d’où la liberté; de punir, d’où le code pénal; de récompenser, d’où les dignités, les honneurs et caetera. Or ces cinq caractères se rencontrent dans la loi naturelle, dans la loi révélée, dans les lois ecclésiastiques, comme dans toutes les lois politiques ou civiles.

Dieu qui a donné la loi éternelle: Legem Dei aeternam, a mis toutes ces conditions; Jésus-Christ les a renouvelées dans la loi nouvelle, et l’Eglise assistée de Dieu a mis les mêmes prescriptions dans ses lois spéciales.

Et quelle est la nature de ce pouvoir royal divin?

– 1° Il prend sa source en Dieu même: Omnis potestas a Deo.

– 2° Il s’étend à toutes les créatures raisonnables, à qui tout a été donné, comme elles ont été données à Jésus-Christ: Omnia vestra sunt, vos autem Christi, Christus autem Dei. [I Corint. 3-23]. Voilà le magnifique enchaînement!

– 3° Le règne de Dieu embrasse tous les lieux, puisque les lieux sont déterminés par la matière, oeuvre des mains divines, et tous les temps, puisque Dieu les a créés par son Verbe: Per quem fecit et saecula. [Hebr. 1-2].

Conséquences de ce qui a été dit:

1° Si tout pouvoir vient de Dieu, il ne vient pas du peuple, à moins qu’on ne dise qu’il vient de Dieu par le peuple, mais la source première est toujours Dieu.

2° Les dépositaires du pouvoir ne dépendent pas du peuple, mais de Dieu; Le pouvoir humain étant le ministre de Dieu pour le bien: Dei minister est tibi, princeps, in bonum. [Rom. 13-4]. Per me reges regnant et legum conditores justa decernunt. [Prov. 8-15].

3° Et voilà le libéralisme renversé, le pouvoir venu de Dieu est obligé de connaître la volonté de Dieu essentiellement bonne. Il y a donc un bien divin découlant de la vérité divine, et un bien divin que les dépositaires de la vérité sont obligés de connaître, à moins qu’on ne dise qu’au lieu d’être les ministres de Dieu pour le bien, ils sont les ministres du Diable pour le mal, ce que, dans certaines occasions, je serais assez disposé à croire.

Notes et post-scriptum
1. Voir D00675.