[Huit conférences données à Saint-Charles de Nîmes, décembre 1868]

Informations générales
  • TD45.223
  • [Huit conférences données à Saint-Charles de Nîmes, décembre 1868]
  • III - La REVOLUTION.
  • Orig.ms. CR 153; T.D. 45, pp. 223-224.
Informations détaillées
  • 1 DEMOCRATIE
    1 REPUBLIQUE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    2 CHARLES I
    2 LOUIS XVI
  • Hommes de Nîmes
  • 9-19 décembre 1868
  • Nîmes
La lettre

Il y a une bonne démocratie, oui, nous l’avons prouvé. Y en a-t-il une mauvaise? Oui.

Pour l’établir, [voici] quelques principes:

1° Dieu veut avoir un royaume sur la terre: l’Eglise. Il fait tout pour elle. Omnia sustineo propter electos! Il veut que tous le dilatent!

2° En dehors de ce royaume, Dieu accepte toutes les formes de gouvernement et donne à toute société le moyen de vivre, par le pouvoir nécessaire. Omnis potestas a Deo.

3° Ce pouvoir, Dieu désire qu’il soit stable; que ce soit entre les mains d’un empereur, d’un roi, d’un doge, d’un président, peu importe! L’Eglise accepte l’hérédité, mais ne l’a pas employée pour elle, elle a pris l’élection.

4° L’Eglise divinise les sociétés qui acceptent son joug, elle absout les rois ou leur refuse l’absolution; impose l’obéissance aux peuples, mais quand les rois deviennent tyrans, elle permet aux peuples de s’en défaire. Seulement dépositaire de la justice, elle fixe quand on peut repousser le tyran.

Or les rois n’ont pas voulu de Dieu, roi de l’Eglise. Ils ont voulu de la religion pour abattre le peuple à leur pied, ils n’ont pas voulu de la religion qui les forçait à rendre compte. Qu’est-il arrivé? Les peuples n’ont pas voulu des rois. Charles I, Louis XVI sont morts victimes des principes de leurs prédécesseurs.

Certes c’eût été un malheur immense, mais un malheur plus grand, c’est que les peuples formés par les légistes ont cru qu’il n’y avait pour eux avec la religion que l’esclavage; Ils n’ont voulu ni de l’esclavage, ni du royaume de Dieu qui semblait river leurs fers au pouvoir politique. Quare fremuerunt gentes! Pourquoi le Psalmiste répond au second verset: Astiterunt reges terrae, [et principes convenerunt in unum] adversus Dominum, et adversus Christum ejus]. – Conspiration contre Dieu de la part des peuples qui ne veulent plus des rois, ou plutôt des abus du despotisme.

A quoi il faut joindre deux causes: La révolte de la libre-pensée, – la révolte de la morale indépendante. D’où trois causes: Les passions, la révolte de la raison, la révolte contre le royaume de Dieu. Voilà la révolution. Les rois ont commencé, les peuples ont fini.

Où allons-nous avec les passions, la raison, la négation du pouvoir divin sur la terre? Nous allons à ce que les uns appellent, la démagogie terroriste. Et cela est logique. De même que les protestants logiciens sont tombés par le rationalisme dans la libre-pensée, de même les révolutionnaires conséquents doivent tomber dans l’anarchie, dans l’absence du pouvoir, dans la violence, dans la terreur, et c’est très logique. Point de morale commune, point de raison commune, rien que des intérêts communs qui se déplacent toutes les vingt-quatre heures.

En face de cet avenir, je vois deux espèces d’hommes: les révolutionnaires francs, – les révolutionnaires doucereux, qui veulent dans la société le moins de catholicisme, le moins de christianisme possible.

Pie IX les stygmatisait, il y a peu de jours encore, et les montrait la risée des révolutionnaires intelligents. Que faire, mes frères? être franchement catholiques!

ADVENIAT REGNUM TUUM!

Notes et post-scriptum