[Huit conférences données à Saint-Charles de Nîmes, décembre 1868]

Informations générales
  • TD45.227
  • [Huit conférences données à Saint-Charles de Nîmes, décembre 1868]
  • IV - L'ASSOCIATION.
  • Orig.ms. CR 155; T.D. 45, pp. 227-229.
Informations détaillées
  • 1 ASSOCIATION
    1 SOCIETE
    2 BEUST, FREDERIC-FERDINAND DE
    2 BISMARCK, OTTO VON
    2 CHARLES X
    3 ANGLETERRE
    3 BELGIQUE
    3 ETATS-UNIS
  • Hommes de Nîmes
  • 9-19 décembre 1868
  • Nîmes
La lettre

De ce que nous avons dit dans les entretiens précédents, il résulte:

1° Que la société n’est plus chrétienne.

2° Qu’il y a une démocratie vers laquelle la société s’avance comme fatalement.

3° Qu’il y a une démocratie acceptable.

4° Qu’il y a une démocratie qui ne l’est pas: la démocratie révolutionnaire.

5° Qu’en face de la situation présente les catholiques ont de grands devoirs à remplir, et j’ai ajouté que l’un des principaux c’était l’association.

Qu’est-ce [que] j’entends par le grand devoir pour les catholiques de faire des associations? C’est ce que je développerai ce soir.

La société évidemment ne peut tout faire, et moins elle a des croyances, moins elle peut faire. Or il faudrait conclure que la société qui n’a presque plus de croyances, ne peut presque rien faire.

Les citoyens doivent suppléer à la société, à son impuissance. Pour cela il leur est utile de s’associer; A deux conditions: la liberté, et par là je proteste contre les utopies socialistes qui prétendent tout enrégimenter, tout réglementer. – la liberté! – Secondement, la publicité, – et par là encore je proteste contre les sociétés secrètes, condamnées par l’Eglise et qui lui ont voué une guerre à mort. L’homme par je ne sais quel instinct aime les ténèbres, mais nous nous aimons la lumière. Après cela, que la société ne veuille pas nous donner une publicité légale, ceci n’est pas notre faute et je ne craindrai pas de le dire, tant pis pour la société. Vous ne vous êtes pas cachés, votre oeuvre se fait au grand jour, cela suffit.

Ces deux conditions remplies, je ne saurais trop vous répéter: Mes frères, associez-vous!

Pourquoi? Ne fût-ce que pour maintenir la dignité des caractères, ce serait beaucoup. La société qui se charge de beaucoup, a besoin de beaucoup d’agents. Et comme par le temps présent une société qui n’est plus chrétienne, qui n’a pas de croyances, a des intérêts, ses agents doivent se ployer à ses intérêts. Il y a là un appauvrissement des caractères, qu’il serait parfaitement inutile de contester.

Mais pour me placer au point de vue chrétien, je vous dirai: Associez-vous pour toutes les causes qui se rapportent à la défense de l’Eglise.

Je répétais hier ces mots: Les rois s’en vont. Oui, mais quand ils seront partis, quels abîmes seront creusés! Qui peut dire ce que ferait la démocratie révolutionnaire triomphante? J’accepte la démocratie, mais à condition qu’elle arrivera de la manière la moins violente. Et pour cela il faut s’associer. Voyez comme les disciples de la révolution s’associent, s’entendent! Qui peut les empêcher?

Mais à ce point de vue, les enfants du siècle ont plus de prudence que les enfants de lumière. Je ne saurais trop vous le répéter: Associez-vous!

Mais quelles associations ferez-vous? Vraiment je ne sais s’il serait possible d’obtenir des associations telles que les catholiques en font en Amérique, en Angleterre, en Belgique. Mais peut-être ne serait-ce pas être trop exigeant que d’en former comme les catholiques d’Allemagne et d’Autriche, sous Mr de Bismarck et Mr de Beust, tous deux des ministres protestants.

Quant à moi, mes frères, en face de tout ce qui a été fait au nom des droits de l’homme, je voudrais une association qui s’occupât de combattre pour les droits de Dieu. Et qu’on ne dise pas: Dieu se défendra Lui-même. Le plus grand honneur que Dieu puisse faire à l’homme, c’est de lui confier la défense des droits divins. Ces droits, quels sont-ils? Ils ne sont pas autres que ceux de l’Eglise catholique. Certes ils sont menacés et nous avons à nous défendre nous-mêmes.

Par ces associations, à Dieu ne plaise que je prêche l’opposition, mais comme je le disais dès le premier jour, je prêche l’affirmation catholique, l’indépendance catholique, en face d’une société qui peut avoir des intérêts religieux, mais qui n’a pas de croyance religieuse.

Mes frères, en 1867 [= 1827], une association pour la défense de l’Eglise catholique fut fondée à Paris. Charles X trouva que cette association était une insulte pour son gouvernement. Elle fut supprimée. Moins de trois ans plus tard, Charles X renversé sur [= de] son trône et sur le chemin de l’exil pouvait méditer sur l’opportunité d’une association qui en défendant par-dessus tout l’Eglise, eût peut-être sauvé son trône par un réveil catholique. Je ne fais point de [menace], mais si par impossible il ne nous était pas permis de nous associer, sans faire de menace, mais avec la liberté qui convient à un prêtre, je donnerais un avis sévère à ceux qui nous refuseraient ce droit. « Prenez garde de prendre à votre tour le chemin par où a passé Charles X ».

Notes et post-scriptum