[Huit conférences données à Saint-Charles de Nîmes, décembre 1868]

Informations générales
  • TD45.230
  • [Huit conférences données à Saint-Charles de Nîmes, décembre 1868]
  • V - NECESSITE de l'UNION.
  • Orig.ms. CR 156; T.D. 45, pp. 230-232.
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 CHARITE THEOLOGALE
    1 ESPERANCE
    1 FOI
    1 UNITE CATHOLIQUE
  • Hommes de Nîmes
  • 9-19 décembre 1868
  • Nîmes
La lettre

J’ai parlé hier de l’association, mais pour que l’association soit féconde, il faut l’union. Or ce qui me fait espérer que les catholiques ont l’avenir pour eux, c’est qu’ils possèdent un principe d’union tel qu’aucune masse d’hommes n’en possède un semblable.

Et ce principe, il est bien seimple puisqu’il se réduit aux trois grandes vertus, base de la vie chrétienne; et c’est à ce point de vue que je prends ce soir ma question.

La foi, l’espérance, la charité considérées au point de vue de l’union qui doit faire notre force, voilà ce que je veux envisager ce soir.

1. La Foi.

Je ne sais pourquoi tout le monde est disposé à reconnaître que l’élément religieux est le plus grand principe de la vitalité des nations. Et pourquoi ceux qui le proclament agissent comme s’ils n’en étaient pas persuadés. Car si, comme on est forcé de l’admettre, l’élément religieux a une pareille puissance, il faut bien admettre qu’en faisant tout pour faire triompher la libre-pensée, on sape la société par ses bases.

L’élément religieux commun dans une société, voilà le principe de sa force. Multiplicité des éléments religieux, voilà une source de ruine. Destruction de l’élément religieux, voilà la ruine complète et irrémédiable.

Mais l’élément religieux implique l’ordre surnaturel, implique les relations entre Dieu et les hommes, implique la foi. Or, laissant les autres croyances religieuses, laissez-moi, mes frères catholiques, vous dire des choses désagréables:

La foi se perd chez vous: 1° Par ignorance.

2° Par fausse indépendance.

3° Par respect humain.

1° Par ignorance: Entendons-nous. Le peuple en matière de religion est plus instruit, est plus sérieux, saisit mieux les grands principes que les classes supérieures. Mais pourtant il y a négligence et je ne saurais trop vous pousser à l’instruction, sans compter les préjugés.

2° Par indépendance. A force de tout juger, on juge les choses de Dieu, on ne veut croire que ce que l’on comprend, comme les Manichéens du temps de saint Augustin. Or ce principe est opposé à la foi. Nisi credideritis, non intelligetis.

3° Par respect humain. Oui, par respect humain! Alors on est catholique sincère, mais indépendant, on est catholique libéral, catholique pénitent, mais libéral impénitent. Mes frères, soyons catholiques tout court! Et pour cela que faut-il? Nous tourner vers ce qui fait notre force, vers l’unité dont le centre est à Rome, alors nous aurons l’union.

2. L’Espérance.

Le second principe d’union, c’est l’espérance. L’homme disperse tous ses désirs sur la terre, le chrétien les groupe tous dans le ciel. Le bonheur, cette éternelle poursuite de l’homme, est un principe de désunion ou d’union selon qu’on l’envisage. Sur la terre le bonheur désunit, car la portion que j’en prends, je l’enlève presque toujours aux autres. Si c’est Dieu que je cherche, il en est bien autrement: c’est comme la lumière et la parole: Ut sit Deus omnia in omnibus!

L’espérance. Principe de l’espérance! J’espère le ciel, je redoute l’enfer, voilà la sanction de la loi! – la loi de la conscience, entendez bien. Mais cette loi prescrit des choses qui sont en opposition avec les espérances terrestres. Les espérances terrestres sont mises en parallèle avec les grands devoirs catholiques, et l’espérance céleste s’en va!

L’espérance prêche le sacrifice, elle inspire le sacrifice, ce grand principe d’union!

3. La Charité.

Je serai très court.

Qui s’aime comme les catholiques véritables qui s’aiment pour Dieu, qui s’aiment pour l’éternité?

La charité qui poursuit l’égoïsme!

La charité qui prêche la bienveillance!

Notes et post-scriptum