29 juin 1873

Informations générales
  • TD45.247
  • [Sermon pour la] Fête de Saint Pierre.
  • Orig.ms. CR 160; T.D. 45, pp. 247-249.
Informations détaillées
  • 1 AUTORITE DE L'EGLISE
    1 CONSCIENCE MORALE
    1 DROITS DE DIEU
    1 EGLISE
    1 LOI DIVINE
    2 ANTOINE
    2 AUGUSTE, EMPEREUR
    2 CESAR
    2 ETIENNE, SAINT
    2 MARIUS
    2 PIERRE, SAINT
    2 POMPEE
    2 SYLLA
    3 JUDEE
  • 29 juin 1873
  • Nîmes
La lettre

Tu es Petrus, et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam, et portae inferi non praevalebunt adversus eam.

Pourquoi les portes de l’enfer ne prévaudront pas? A cause de ce que Dieu y met et de ce qu’Il aide l’homme à y mettre. Ce que Dieu y met? L’autorité. – Ce qu’il aide l’homme à y mettre? La conscience.

L’Eglise reposant sur l’autorité de Dieu, sur la conscience régénérée de l’homme, voilà ce que je me propose de vous montrer.

1. Autorité de Dieu.

Lorsque Jésus-Christ dit à Pierre: Tu es petrus, Il n’excluait pas la première pierre qui n’était autre que Lui-même, mais Il voulait montrer comment le pouvoir divin passait aux hommes et devait être respecté dans un homme. Jésus-Christ est à la fois la pierre et l’architecte.

Mais enfin, qu’est-ce qu’Il transmettait? La puissance même de son Père: Sicut misit me Pater, et ego mitto vos. Nous voilà donc remontés de Pierre à Jésus-Christ et de Jésus-Christ jusqu’à Dieu, et là que voyons-nous? L’adorable Trinité commandant au nom de la puissance, de la sagesse, de l’amour infini. Cherchez au-delà, vous ne trouverez pas. C’est le droit suprême, la loi suprême et une bonté suprême qui est la raison de cette société, qui s’incline vers la faiblesse, l’ignorance et l’indigence presqu’infinie. Au nom de qui nous parlez-vous? Au nom de Dieu le Père, souverain Seigneur, de Dieu le Fils, sagesse éternelle, de Dieu le Saint-Esprit, amour infini.

Ceci était un peu différent du droit ancien, et sans examiner quels lambeaux de justice et de traditions comme épuisées le monde avait retenus, pour ne parler que du pouvoir qui avait envahi la Judée, qu’étaient devenus le droit et le pouvoir dans les ballottements de Marius à Sylla, de Pompée à César, d’Antoine à Octave? Le monde fatigué de ces luttes se reposait dans cette grande servitude qu’on appelle l’empire, quand Jésus-Christ parut!

Et voilà deux droits en présence: Le droit des Empereurs et les droits de Dieu. Il y avait bien un troisième droit! le droit des prêtres, qui, lorsqu’ils mettent une fois le pied dans le servilisme, se font toujours plus serviles que tous. Mais enfin l’autorité était là. Le royaume de Dieu aussi! Tu dicis; quia rex sum Ego! – Nolite timere, pusillus grex, quia complacuit patri vestro dare vobis regnum. – Oportet obedire Deo magis quam hominibus. Voilà les droits de Dieu proclamés, les droits de Dieu prêchés par les Apôtres, consacrés par le sang des martyrs! Et c’est l’Eglise qui en est le représentant!

Mais ces droits, Dieu les protège lui-même. Ils sont quelquefois méconnus, alors Dieu les manifeste par des coups de sa droite. Pierre en est le dépositaire; il est mis en prison. Nolite timere, pusillus grex. In ipsa nocte [erat Petrus dormiens inter duos milites…]. Hérode se venge et quitte Jérusalem, on le flatte, – il parle. Dei voces et non hominis! Confestim autem percussit eum angelus Domini, eo quod non dedisset honorem Deo; et consumptus a vermibus, expiravit. Histoire du passé, – avertissement pour le présent, – prophétie pour l’avenir. – Verbum autem Domini crescebat, et multiplicabatur.

2. Conscience [de l’homme].

Il y a cette différence entre la loi divine et la loi humaine, c’est que celle-ci n’a pour terme dernier que le châtiment. La loi divine, au contraire, a pour terme le pardon et le bonheur qui en est le résultat. Aussi que de philosophie dans ces deux mots rapprochés: Sanctorum communionem – remissionem peccatorum! On peut dire que tant que nous sommes ici-bas, Dieu ne présente le châtiment que pour nous obliger à demander pardon; Aussi quand il donne à ses apôtres le pouvoir des clefs, Il leur dit: Accipite Spiritum Sanctum, Esprit-Saint, l’Esprit d’amour; quorum remiseritis peccata, remittuntur eis; et quorum retinueritis, retenta sunt. Si l’Esprit vous donne le pouvoir de retenir, souvenez-vous que c’est encore l’Esprit d’amour.

Pourquoi? C’est que Dieu voulait relever l’homme dans le plus intime de son être. Une seule condition est imposée: le repentir! Mais aussi telle est la société à laquelle il faut revenir. Cette loi éternelle a son contrecoup ou si vous aimez mieux son écho au fond de l’homme; – La conscience unie à Dieu. Si justum est in conspectu Dei, vos potius audire, quam Deum, judicate.

Et c’est la grande force de l’Eglise; la conscience. La conscience chrétienne, c’est Dieu incarné dans l’homme et protestant par la voix du chrétien contre la tyrannie des proconsuls; la conscience, c’est le bonheur de souffrir les opprobres et les ignominies pour une cause juste; la conscience, c’est la certitude de l’assistance de Dieu comme pour Pierre dans sa prison, ou la certitude du triomphe ou de la mort comme pour Etienne, quand il vit les cieux ouverts.

Voilà deux pouvoirs en présence: l’Etat et l’Eglise. Qui a raison? L’Etat a les geôliers et les échafauds; l’Eglise a les promesses de Dieu et la conscience de ses enfants!

Notes et post-scriptum