5 octobre 1860

Informations générales
  • TD45.255
  • Pour le Service des Martyrs Pontificaux, 1860.
  • Orig.ms. CR 162; T.D. 45, pp. 255-257.
Informations détaillées
  • 1 ETATS PONTIFICAUX
    1 MARTYRS
    1 PAPE
    1 ZOUAVES PONTIFICAUX
    2 CHARETTE, ATHANASE DE
    2 PIE IX
    3 BRETAGNE
    3 NIMES
    3 PIEMONT
    3 POITOU
    3 VENDEE
  • 5 octobre 1860
  • Cathédrale de Nîmes
La lettre

Ce n’est pas sans intention, mes frères, que je monte en chaire vêtu des ornements sacerdotaux. Voici la robe de pourpre. Ces liens, cette robe dérisoire de l’insensé conviennent en ce moment à celui qui vient vous parler des douleurs de l’Eglise. Ecoutez cependant.

La Providence permet que le même acte soit en même temps pour les uns un crime, pour les autres un titre de gloire. La Passion du Sauveur du monde; Damnation de Judas, – Honte depuis dix-huit siècles pour le peuple déicide; Et pourtant, salut du genre humain, – prise de possession du royaume que Dieu donnait à son Fils, – préparation des annales glorieuses des saints et des palmes immortelles des martyrs.

Or il nous est donné d’assister à quelque chose de semblable. Qui osera dire que les Judas ont manqué? Qui osera dire que les nations qui se prétendent catholiques ne disent pas à leur tour: Nolumus hunc regnare super nos. Non habemus regem nisi Caesarem! [Luc, 19-14 et 15].

La future victime pour imiter entièrement son Maître, avait préparé deux épées, mais quand le moment de frapper est venu, c’est la Providence qui plus forte que les hommes lui dit: Mitte gladium tuum in vaginam [Joan. 18-11].

Et maintenant Dieu pourrait envoyer douze légions d’anges, Il ne les enverra pas; Il faut que le drame lugubre s’accomplisse, et rien n’y manquera, soyez-en sûrs. Nous voyons déjà les soufflets et les crachats de la valetaille juive. Nous voyons aussi le sceptre de roseaux, la couronne d’épines et les génuflexions hypocrites de la cohorte romaine.

Le délaissement sera universel, et si quelqu’un en doutait le chef qui naguère se glorifiait d’avoir vaincu avec soixante mille hommes un groupe de braves ne craindra pas de leur dire après le combat, eux nous l’ont rapporté, que le souffle qui avait poussé les cohortes piémontaises sur le territoire de saint Pierre, venait de plus loin que les Alpes, et que ce souffle leur avait murmuré à l’oreille: Dépêchez-vous! Quels sacrilèges calomnies! Ou bien, quelle ingratitude dans l’indiscrétion! (quelle imprudentes ingratitudes!)

Seulement pour ménager la faiblesse de notre foi, Dieu permet que dans la désertion universelle de ses sujets, le Vicaire de Dieu ait vu se grouper autour de lui quelques enfants des diverses nations catholiques et donner avec une grande joie leur sang et leur vie! Nîmes compte un de ces glorieux blessés!

Le Poitou, la Bretagne, la Vendée comptent des morts. La France catholique toute entière s’enorgueillit du noble général, qui quittant ses enfants, sa position, est venu se mettre avec son épée aux ordres de Pie IX.

Or en ce moment, je me demande ce qu’est la cérémonie qui vous groupe en ce moment dans cette enceinte.

Nous prions la justice. Mais, mon Dieu, pourquoi sont-ils morts? Par amour pour votre Eglise!

Quoi qu’il en soit, si jamais prière est montée avec espérance, c’est celle-ci.

Seigneur, s’ils en ont encore besoin, faites-leur miséricorde! Et puisque leur pensée se confond avec la grande pensée de l’Eglise, Seigneur, que leur mort vous apaise! Epargnez le Père à cause du sang que vous ont donné les fils! Et donnez-nous, si nous devons comme au Calvaire voir le triomphe de l’iniquité, de voir bientôt le sépulcre brisé et le triomphe de votre Eglise!

Notes et post-scriptum