- TD46.085
- [Autres plans de sermons divers]
- Prône pour le dimanche de la Septuagésime.
- Orig.ms. CS 39; T.D. 46, pp. 85-86.
- 1 APOTRES
1 AUGUSTIN
1 EGLISE
1 EVEQUE
1 PRETRE
1 SEPTUAGESIME
2 ABRAHAM
2 ADAM
2 FRANCOIS XAVIER, SAINT
2 GREGOIRE I LE GRAND, SAINT
2 MOISE
2 NOE
2 PAUL, SAINT - 1854-1870
Laissant de côté l’examen des ouvriers des différentes heures, je me pose ces questions.
1° Quelle est cette vigne?
2° Quels sont ces ouvriers de la onzième heure?
3° Que veulent dire ces murmures?
4° Qui sont les derniers, qui seront les premiers?
5° Comment y en aura-t-il beaucoup d’appelés et peu d’élus?
La vigne c’est disant quelques-uns, notre âme. Mais je ne vois qu’une vigne, je préfère l’interprétation de Saint Grégoire pape, qui dit que la vigne c’est l’Eglise existant dès le commencement du monde. Vigne que Dieu veut que nous cultivions chacun selon nos forces, vigne où le salut de tous est préparé, si tous le veulent. Et je tiens à cette interprétation par laquelle le Sauveur nous présente le salut universel comme une oeuvre d’unité, d’ensemble, et non pas d’isolement, de séparation, d’égoïsme individuel.
2.
Qui sont les ouvriers? Selon s. Grégoire, la première heure étant Adam à Noé, la troisième de Noé à Abraham, la sixième d’Abraham à Moïse, la neuvième de Moïse à Jésus-Christ, il s’ensuivrait que depuis le Sauveur la onzième heure a commencé et qu’il faut entendre par les ouvriers de la onzième heure les apôtres et leurs successeurs. Mais en admettant cette interprétation et celle de ceux qui disent que les ouvriers de la onzième heure c’est nous tous, mes frères, sans doute d’une part le Pape, les évêques, les prêtres sont les chefs des ouvriers, les ouvriers directeurs; sans eux on se trompe. Mais la parabole a un sens trop étendu pour qu’elle ne doive pas s’appliquer à tous les chrétiens. Or je dis: 1° que tous nous ne savons quand nous mourrons, et nous devons nous considérer chaque jour comme à la onzième heure; 2° que tous nous avons une certaine obligation à travailler à la vigne. Nox venit.
3.
Quels sont ces murmures? Ou dans le temps ou dans l’éternité. Sans doute les nouveaux convertis ont des prétentions insupportables pour la persévérance monotone des anciens. Mais aussi il y a dans la froideur avec laquelle les nouveaux sont souvent accueillis, [quelque chose] de bien capable de les décourager. Comme d’abord on se défie d’eux! Comme l’on a la mémoire de leurs anciens torts! Comme l’on élève des soupçons sur leur zèle à peine éclos! Cependant S. Paul, S. Augustin, S. François-Xavier n’étaient pas des ouvriers de la première heure, et c’est ce qui me fait trembler. Car, tandis que certaines personnes continuent dans la paresse et la tiédeur, tant bien que mal, l’oeuvre de leur salut, d’autres, après avoir longtemps erré loin du travail parce que personne ne les a avertis, tout à coup entendant la voix de Dieu, s’élancent au travail et dans une heure méritent la récompense que d’autres ont à peine su acquérir pendant toute leur vie.
Ce que veulent encore dire ces murmures, c’est que nous ne comprenons rien à la charité. Qu’importe, en effet, ce que sera la récompense des autres, pourvu que la nôtre soit au-delà de ce que nous pouvons espérer!
4.
Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. Pourquoi? Parce qu’ils auront travaillé avec plus d’ardeur. Pourquoi? Parce que Dieu ne considère pas seulement l’ouvrage fait, mais le sentiment pour lequel on le fait.
5.
Ceux qui arrivent à la dernière heure, reçoivent la récompense, et ceux qui arrivent à la première heure s’exposent à ne pas la recevoir. Multi vocati, pauci vero electi. Croyez-moi, enrôlons-nous comme ouvriers de l’heure dernière, comme ayant beaucoup de temps perdu à réparer et comptons sur la récompense.