[Les chrétiens et l’irréligion de la société moderne]

Informations générales
  • TD46.102
  • [Les chrétiens et l'irréligion de la société moderne]
  • 2. HAINE CONTRE LA LOI DE DIEU.
  • Orig.ms. CS 49; T.D. 46, p. 102.
Informations détaillées
  • 1 HAINE CONTRE DIEU
    1 LIBERALISME
    1 LOI DIVINE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SOCIETE
    2 LOUIS XIV
    3 EUROPE
    3 FRANCE
  • Après la Commune
  • Nîmes
La lettre

La France et l’Europe tendent à se poser de plus en plus en deux camps, ceux qui veulent de Dieu et ceux qui n’en veulent pas. Pour ceux-ci leur programme est bien simple: l’homme a été fait par je ne sais qui, il va je ne sais où, il est obligé à je ne sais quoi. Nous y reviendrons.

Pour les autres, l’homme est créé par Dieu et pour Dieu. Dieu est son principe, Dieu est son terme. Dieu, son créateur, lui a donné sa loi pour régler ses devoirs, et cette loi a une sanction digne de celui qui l’a faite et de celui qui la reçoit. Connaître, aimer et servir Dieu, voilà la loi; le bonneur éternel ou l’éternel malheur, voilà la sanction. Tous les hommes individuellement pris à part y sont soumis, l’humanité y est soumise, la famille y est soumise, l’humanité aussi. Pourquoi ces collections ou réunions ou agglomérations d’hommes qu’on appelle sociétés?

On appelle société chrétienne la société qui fait profession de pratiquer la loi de Dieu sous le rapport des devoirs individuels ou des devoirs collectifs. Pour aujourd’hui je ne veux pas m’étendre davantage, mais [se trouvent] en face deux écoles: l’école révolutionnaire et l’école libérale.

L’école révolutionnaire va jusqu’au bout, elle nie carrément Dieu, la loi de Dieu, les devoirs envers Dieu pour l’individu, n’en voulant pas pour Dieu. Elle n’en veut pas davantage pour la société. Point de Dieu, point de loi supérieure, rien que la raison humaine, l’anarchie selon les désirs et l’appétit du plus fort. César ou la République rouge. Mais ceci ne peut durer et les peuples périssent dans la boue ou le sang. Eh bien, c’est brute, abominable, mais si vous n’avez pas de Dieu, il faut aller jusque-là.

A côté l’école libérale. Louis XIV avait dit: « L’Etat c’est moi, je ne relève que de Dieu ». Cent-dix ans après, on coupait la tête à Louis XVI. Les bourgeois disent: « L’Etat c’est nous et nous sommes un gouvernement qu’on ne confesse pas ». Les libéraux catholiques disent: « Nous sommes chrétiens individuellement, athées socialement parlant ». Tout bonnement c’est absurde. Tous les individus pris à part reconnaîtraient Dieu et sa loi, et la société ne le reconnaîtrait pas? Pourquoi donc? Ah! c’est alors qu’il faudrait un interprète de la loi, l’Eglise, le Pape, et on n’en veut pas. Cette question viendra plus tard.

Il est évident que s’il y a une loi, il faut un tribunal pour l’interpréter; c’est clair. Mais vous ne voulez pas de Dieu, vous ne voulez pas de religion, vous voulez d’un Etat sécularisé, comme dit M. Guizot. Eh bien, la révolution vous emportera. Vous reviendrez forcément à la révolution plus logique que vous, ou bien vous finirez par comprendre la nécessité de revenir à la proclamation de Dieu et de sa loi.

Or c’est ce que vous avez à faire. Il faut revenir à vous unir pour cette oeuvre. La noblesse a eu son 89, la royauté son 93. Eh bien, je crois qu’en ce moment la bourgeoisie a son 71. Il faut tout recommencer à nouveau, les malheurs de la France sont là.

Notes et post-scriptum