[Conférences aux hommes sur l’organisation des catholiques]

Informations générales
  • TD46.111
  • [Conférences aux hommes sur l'organisation des catholiques]
  • ASSOCIATIONS OUVRIERES. Première conférence.
  • Orig.ms. CS 56; T.D. 46, pp. 111-113.
Informations détaillées
  • 1 ASSOCIATION
    1 CERCLES OUVRIERS
    1 ESCLAVAGE
    1 HAINE
    1 MORALITE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    2 BUCHEZ, PHILIPPE
    2 GAMBETTA, LEON
    3 PARIS
  • Hommes de Nîmes
  • Entre le 14 et le 21 janvier 1872
  • Cathédrale de Nîmes
La lettre

Je l’ai dit: plus de noblesse, plus de bourgeoisie, rien que le peuple, et dans ce peuple deux peuples, le révolutionnaire et le catholique. De plus, le peuple n’a, surtout en temps de démocratie, pour se défendre contre le pouvoir que l’association. D’où deux espèces d’associations, la révolutionnaire et la catholique. Vendredi, je parlerai des associations du peuple catholique; aujourd’hui je veux parler des associations ouvrières révolutionnaires. Eh bien, je ne crains pas de dire que ces associations:

1° tendent à rétablir l’esclavage;

2° détruisent le sens moral;

3° de la haine du patron conduisent à la haine des hommes et à la haine de Dieu.

1. L’esclavage.

Entendons-nous, l’esclavage avait commencé avec les patrons voltairiens digne de toute malédiction. L’esclavage, ile ne faut [pas] aller bien loin d’ici pour le trouver dans certains bassins houillers; c’est triste, mùais c’est ainsi. Voilà des ouvriers sans foi qui disent: Nous ne voulons pas être esclaves, et ils ont raison. Que faire? S’associer. A merveille; moi, je suis pour la liberté des associations.

Mais voyez: révolutionnaires, ces ouvriers ne peuvent prendre que des chefs révolutionnaires. Et alors? Alors l’esclavage des égaux? Non, l’esclavage par les ambitieux, les paresseux et les imbéciles.

Les ambitieux. On s’associe, les intrigants prennent la tête. Et vous me persuaderez qu’un intrigant révolutionnaire ne fera pas ses affaires, à la place des affaires publiques? Et les femmes donc? Exemple donné par Buchez. Autre exemple, l’argent. Tout calcul fait, au minimum la caisse des ouvriers de Paris devrait être de 150 à 200 millions. Où sont ces millions? On en parle, mais où sont-ils? En attendant ils perdent en ce moment plus de 1.200.000 francs par jour. Qu’importe aux chefs?

Esclavage des paresseux. Question des heures [de travail]. Mais le père de cinq enfants ne doit-il pas avoir le droit de travailler plus que le simple garçon?

Esclavage des imbéciles. Un ouvrier fait mieux, il mérite d’être payé plus cher; on ne le lui permet pas.

En attendant, on fait meilleur marché ailleurs et le commerce se transporte ailleurs. Alors on se retourne vers les patrons qui ou sont ruinés par les grèves ou qui ayant encore quelques bénéfices rendent l’esclavage plus dur.

2° Perte du sens moral.

Le sens moral est comme une seconde nature, formée par l’éducation donnée d’après les lois du juste et de l’injuste.

Sens moral chez les nations chrétiennes, n’en parlons plus. Le nombre c’est le pouvoir, disait Gambetta. Ce n’est plus le peuple, c’est la multitude. Où est le sens moral dans la multitude révolutionnaire? Elle s’associera, elle aura des clubs. Quel est le club révolutionnaire, où se soit révélée l’ombre du sens moral?

De ces associations résulte la destruction de la famille. On n’y veut plus d’enfants, surtout plus de mariage. La haine du riche amène la haine du propriétaire, la perte de la nation, de la propriété, le bien-être matériel, le cabaret, le café. Suis-je dans le vrai ou dans le faux?

Voyez l’Internationale européenne, la conséquence [de la] destruction de tout droit, mais faites-y attention. Restait la patrie. Vous n’en voulez plus. Qu’est-ce qu’une multitude, d’où s’est effacée la notion de la patrie? Oui, le sens moral est éteint.

3° Haine de l’homme, haine de Dieu.

Faut-il ici vous peindre la haine contre le patron?

Haine de toute supériorité.

Haine des chefs entre eux.

Haine des inférieurs entre eux, et au-delà la haine de la société qui tient en mains le dépôt de la vérité et de la morale.

Haine de Jésus-Christ, chef de cette société.

Haine de la Providence.

Haine de Dieu.

Parcourez les ateliers de Paris. Voilà ce qui de Paris se répand dans les ateliers des grandes villes. Voilà ce qui s’entend dans toutes les associations révolutionnaires. Pourrez-vous le nier? Et il se trouvera parmi les prétendus honnêtes gens des imbéciles qui se lavent les mains! Non, non. A ces associations abominables il faut en opposer d’autres, il faut opposer les associations catholiques.

Notes et post-scriptum