- TD46.113
- [Conférences aux hommes sur l'organisation des catholiques]
- SUR LES ASSOCIATIONS OUVRIERES. Deuxième conférence.
- Orig.ms. CS 57; T.D. 46, pp. 113-114.
- 1 CERCLES OUVRIERS
1 OUVRIER - Hommes de Nîmes
- Entre le 14 et le 21 janvier 1872
- Cathédrale de Nîmes
Nous avons vu ce que produisaient les associations ouvrières de la révolution: l’esclavage, la perte du sens moral, la haine de l’homme et la haine de Dieu. Les associations sont-elles donc une mauvaise chose? A Dieu ne plaise! Dieu a dit: Non est bonum homini esse solum. – Vae soli. Et Notre-Seigneur parlant au milieu de la première association d’ouvriers avait dit: Ut omnes unum sint.
L’association est une force. L’association est un élément précieux dans une société chrétienne. Celui qui en France a le plus fait pour les associations ouvrières était un saint et était un roi, saint Louis. Et quand on est un roi de la taille de saint Louis, on peut dire que les oeuvres encouragées par ce roi et par ce saint sont une excellente institution. Mais à quelles conditions les oeuvres ouvrières conserveront-elles leur caractère catholique? Les voici.
1° La liberté. Liberté du patron, liberté d el’ouvrier, sans quoi il y a l’esclavage. – Le P. Halluin. – Car si je ne suis pas libre, je suis esclave.
2° La charité manifestée par la bienveillance et la confiance. Voyez les clubs. Quelle haine! Soyons charitables: les patrons envers les maîtres, les maîtres envers les patrons, les ouvriers entre eux. Voyez comme ils sont unis, disait-on des premiers chrétiens. La première origine de l’Eglise a été une association d’ouvriers à Jérusalem, – multitudinem credentium; – à Rome, – videte vocationem vestram, fratres. C’est par là que le monde a été renouvelé.
La haine est le principe de leur action. Que le nôtre [principe] soit la bienveillance, la confiance, la charité!
3° La dignité. La dignité ne se cache pas, elle ne va pas dans les caves des conspirations, [elle veut] le grand jour. La dignité du caractère en face des hontes générales. Mais voilà l’utilité de l’association.
L’ouvrier est faible, s’il est seul; s’il s’unit, il est fort pour le bien; s’il est bon, frater qui adjuvatur a fratre quasi civitas firma. Donc vous vous unirez pour être dignes et vous faire respecter.
4° Mais il faut surtout des principes communs. La force du catholique, ce sont les principes. C’est là votre grandeur. Vous avez des principes religieux, vous êtes les défenseurs des plus grands intérêts.
Avec ces conditions ne craignez pas de vous organiser pour vos intérêts matériels sans doute, mais aussi pour vos intérêts supérieurs. Organisez-vous contre la révolution, pour l’Eglise et la société. Jamais moment plus solennel.