- TD46.120
- [Autres plans de sermons et de conférences]
- Persécution de l'Eglise.
- Orig.ms. CS 63; T.D. 46, pp. 120-122.
- 1 EPREUVES DE L'EGLISE
1 PERSECUTIONS
1 TRIOMPHE DE L'EGLISE - 4 février 1864
- Paris, rue François Ier
Nolite timere, pusillus grex, quia complacuit Patri vestro dare vobis regnum.
L’Eglise qui est ce petit troupeau, est assurée de posséder le royaume, mais par des moyens qui doivent confondre la pensée humaine. Aussi ne croyez pas que je vienne vous présenter le triomphe de l’Eglise sur ses persécuteurs au point de vue de la raison. Non, tout ici doit être bouleversé et j’établis, en dehors des idées de l’homme, que l’Eglise trouve:
1° La manifestation de sa force dans le délaissement universel;
2° La victoire dans les persécutions;
3° La gloire et le bonheur dans les humiliations et les calomnies.
1. Force dans l’abandon universel.
Quand Jésus-Christ expirait, qui eût deviné que c’était le maître du monde? Le prodige se perpétue.
Torcular calcavi solus, et de gentibus non est vir mecum. – Calcavi eos in furore meo, et conculcavi eos in ira mea, et aspersus est sanguis eorum super vestimenta mea, et omnia indumenta mea coinquinavi.
Telle est l’histoire de l’Eglise, elle semble abandonnée. Dans ses prières de la nuit elle ne cesse de répéter: Domine, quid multiplicati sunt…; multi dicunt animae meae: non est salus ipsi in Deo ejus. Jésus n’a-t-il pas paru abandonné? Eli, Eli, lamma sabachtani; Deus meus, ut quid dereliquisti me?
Dieu n’abandonna pas son fils, et Dieu n’abandonne pas l’Eglise. Mais il faut reconnaître dans l’Eglise deux éléments, le divin et l’humain. Comme sur la croix ils apparaissent! L’homme par l’abandon, le Dieu par le secours inespéré. « Quand Dieu veut montrer qu’une oeuvre est toute de sa main, il réduit tout au désespoir, puis il agit. » (Bossuet).
Faiblesse de l’homme, puissance de Dieu. Faiblesse nécessaire pour montrer la puissance; voilà toute l’histoire de l’Eglise. Jésus veille sur elle. Non relinquam vos orphanos. – Generatio mala et adultera signum non petit, et non dabitur ei nisi signum Ionae prophetae.
Depuis dix-huit siècles l’Eglise peut dire: Quotidie morior, avec saint Paul; mais le jour de Pâques elle dit avec Jésus-Christ ou plutôt à Jésus-Christ: Resurrexi, et adhuc tecum sum. Alleluia! Quelle plus grande force que cette résurrection perpétuelle!
2. Victoire dans les persécutions.
Totum corpus Christi tentatur usque in finem. – Persécutions de toute espèce, tantôt par le lion et tantôt par le serpent.
Persecutio sive a leone sive a dracone numquam cessabit in Ecclesia, et magis metuendus est cum fallit quam cum saevit. – Tunc cogebat, nunc docet. – Duo sunt genera persecutorum, vituperantium et adulatium, et plus persequitur lingua adulatoris quam manus interfectoris.
Educes de laqueo quem absconderunt mihi. Posuit in marcipula errorem et terrorem: errorem quo alliciat, terrorem quo fragat et rapiat.
Foris pugnae, intus timores: au-dedans et au-dehors.
Persecutus est inimicus animam meam, persecutus est diabolus animam Christi, et Judas animam magistri. Et nunc ad persecutionem corporis Christi idem diabolus manet, Judas autem Judae succedit. Primo fuit impetus persequentium, nunc remansit malevolentia cogitationum.
Eh bien, il y aura un autre lion qui vaincra le lion de la tribu de Juda. Ecce vicit leo… Et c’est là le spectacle depuis dix-huit siècles: non seulement le délaissement, la trahison universelle, mais le combat, l’attaque et la victoire à travers les âges. Ecce vicit leo de tribu Juda.
Je m’attends à une autre objection: mais où persécute-t-on l’Eglise? Je pourrais vous le dire, je ne le veux pas, mais je vais vos dire pourquoi vous ne le voyez pas. S. Augustin: non pateris persecutionem, si non vis pie vivere in Christo. – Haec tormenta animi non sentit in Ecclesia qui non proficit: putat enim quia pax est. Sed incipiat proficere, et tunc videbit in quanta pressura sit.
Oui, il est de l’essence de l’Eglise d’être persécutée. Si elle ne l’était pas, elle ne combattrait pas, elle ne vaincrait pas, elle ne réaliserait pas la parole de Jésus-Christ: ecce praedixi vobis.
3. Glorieuse dans les humiliations et les calomnies.
L’orgueil se mêle à tout: orgueil sacerdotal, orgueil des catholiques, orgueil des bons, orgueil des tièdes. In omni congregatione multitudinis necesse est, ut inveniantur mali. S. Augustin.
Voilà ce que Dieu a en horreur. Il vient et purge son aire, et mundabit aream suam. Aussi: in mundo pressuram habebitis. – Absque synagogis facient vos. Mais aussi: beati eritis, cum maledixerint vobis, et persecuti vos fuerint, et dixerint omne malum adversum vos, mentientes, propter me. Sic enim faciebant prophetis qui fuerunt ante vos. Gaudete et exultate quoniam merces vestra copiosa est in coelis.
Châtiment pour les méchants, épreuve pour les tièdes, gloire commencée pour les bons.
Quand je considère ce délaissement, ces persécutions, ces humiliations de l’Eglise, je me rappelle Jésus disant: Et vos vultis abire? – Domine ad quem ibimus?
Oui, prenons les paroles de vie et là nous trouverons les armes contre la persécution.
Quel remède? La foi: Haec est victoria quae vincit mundum. La prière. Ipse nobis mandavit, ut oremus pro inimicis nostris, pro persequentibus nos, et cum hoc facit Ecclesia, prope finiti sunt persecutores. L’Eglise les transforme en elle-même, elle les absorbe. Perierunt persecutores, creverunt praedicatores.
Saint Etienne priant pour ses bourreaux en face de saint Paul.