[Autres notes et fragments de sermons et de conférences]

Informations générales
  • TD46.311
  • [Autres notes et fragments de sermons et de conférences]
  • Orgueil.
  • Orig.ms. CS 142; T.D. 46, pp. 311-312.
Informations détaillées
  • 1 HUMILITE
    1 ORGUEIL
  • Des femmes.
  • 1838-1839
La lettre

(p. 115)

L’écueil de la piété c’est l’orgueil, c’est l’amour-propre, c’est la vanité. L’orgueil nous poursuit partout et prend toutes les formes. Ce même orgueil qui nous porte au respect humain devant les impies, nous porte aux actes de piété devant les personnes pieuses. Il n’est pas de repli du coeur humain, dans lequel il n’aille se réfugier. Tantôt il prend la forme d’une austère vertu qui blâme et critique tout, tantôt celle d’une bonté facile, et elle fait des concessions pour acheter des suffrages. Voyez cette personne qui soupire ardemment. Dieu l’exaucerait-il moins, si elle fatiguait moins les poumons et les oreilles de ses victimes? Et celle qui pénétrant sa pensée la blâme si sévèrement? Et celle qui du matin au soir s’écrie: Mon Dieu, je vous remercie de ce que je ne suis pas comme telle et telle? Et celle qui se vante de ne chercher les applaudissements de personne, mais qui recherche encore les siens? De là ces susceptibilités, de là cette difficulté à pardonner, de là souvent cet amour des sacrements. « Je veux communier, parce qu’une telle communie ». De là ces changements de confesseur.

C’est l’humilité qui est l’esprit dans lequel il faut servir Dieu. Humilité, fondement de la piété. La première condition l’humilité, la seconde l’humilité et la troisième l’humilité! L’orgueil empêche le fruit des sermons, parce qu’on fait sans cesse des applications aux autres et jamais à soi.

Qui tetigerit picem, inquinabitur ab ea, et qui communicaverit superbo, induit superbiam. – Dangers du contact avec le monde. Vous apportiez un coeur pur, innocent, et vous le voyez se souiller tous les jours. Vous méprisiez la grandeur, les richesses, mais à force de vous mêler aux adorateurs de ces faux biens, vous avez sacrifié sur l’autel de la fortune et de l’ambition. Et cependant qu’en avez-vous rapporté que dégoûts et déboires? Avez-vous levé les yeux au-dessus de vous, vous avez eu le coeur dévoré par la jalousie et le désespoir de ne pouvoir atteindre à un certain rang. Avez-vous regardé vos égaux, mais les uns prétendaient être au-dessus de vous et vous rabaissaient pour vous élever sur vos débris. Avez-vous communiqué avec vos inférieurs, ou votre fierté que vous preniez pour la dignité de votre rang les a humiliés, et ils s’en sont vengés en se récriant sur l’exagération de vos prétentions; ou vous avez cru descendre jusqu’à eux, et ils en ont profité pour s’établir sur un pied d’égalité qui fait votre tourment.

En entrant dans le monde vous avez vu toutes ces petitesses, vous en avez gémi, vous les avez déplorées pour être stigmatisées sévèrement, et peu à peu elles se sont glissées dans votre âme. Cette poix a enveloppé votre coeur, a gêné la liberté de vos mouvements, et vous vous êtes trouvé à votre insu pris aux pièges de la vanité et de l’amour-propre. Qui tetigerit picem, inquinabitur ab ea, et qui communicaverit superbo, induit superbiam. Eccli., 13,1.

Notes et post-scriptum